Le pacte de sécurité signé par Bagdad et Washington et qui prévoit le départ des troupes US de l'Irak d'ici fin 2011, suscite des remous à l'intérieur du pays. C'est au chef radical chiite Moqtada Sadr d'ouvrir le bal des contestations, mobilisant la rue pour dénoncer « l'accord honteux » de soumission et empêcher son adoption par le Parlement. Même si des milliers de ses partisans ont défilé à Bagdad dans le calme, les slogans brandis et la teneur du message du jeune leader, lu par un de ses lieutenants, présagent d'un surchauffement de la situation aux graves conséquences pour l'avenir du pays. « Je suis avec vous pour chasser l'occupant de quelque façon que vous jugerez appropriée », assure-t-il. S'agit-il d'une menace de recourir aux armes et de mettre fin au « gel illimité de sa puissante milice, l'Armée du Mahdi ? Ou, tout simplement, d'un accès de colère, d'un constat d'impuissance devant l'isolement du courant sadriste dans son refus : Et tout semble indiquer que les courants irakiens, malgré quelques réserves, y adhèreraient. Même le grand Ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, y a donné son feu vert. Négocié âprement pendant plus d'un an, l'accord est conçu comme la moins mauvaise des alternatives pour un pays meurtri par cinq ans d'occupation, d'humiliations et de souffrances. Les Chiîtes de l'Alliance unifiée, assurent qu'il n'y a pas d'autre choix et le chef de la diplomatie irakienne avance que l'accord est dans l'intérêt du pays. L'ambassadeur américain à Bagdad ne cache pas, pour sa part, sa satisfaction, malgré les concessions consenties par l'administration Bush, et félicite les Irakiens qui « peuvent être fiers de cet accord ». Mais la question qui se pose avec insistance est bien sûr la capacité du gouvernement iranien à gérer la situation sans les forces américaines. Parviendra-t-il à endiguer la violence et à mâter les fondamentalistes et les extrémistes qui se terrent pour un moment jusqu'à reprendre des forces ? Réussira-t-il à stopper les tensions et à apaiser les haines et rancœurs confessionnelles et communautaires qui couvent sans fin ? Et les Etats-Unis respecteront-ils toutes les clauses de l'accord, même celle leur interdisant d'attaquer des pays tiers à partir de l'Irak ? Des questions qui ne trouveront pas de réponse avant 2012, sauf si Barack Obama tient sa promesse et retire ses troupes d'ici l'été 2010.