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Parlons sexualité
NOTRE EPOQUE
Publié dans Le Temps le 24 - 11 - 2008

On distribue ces derniers jours aux étudiants des universités des livrets et des dépliants conçus pour informer les jeunes sur tout ce qui a trait à leur vie sexuelle avant et pendant le mariage. Ces publications du ministère de la santé et de l'Office national de la famille et de la population visent également à prévenir les générations de demain contre les maladies sexuellement transmissibles.
L'initiative est louable de tous les points de vue ; en effet et comme le souligne le livret élaboré par plusieurs partenaires de l'enseignement supérieur, les jeunes sont jusqu'à nos jours encore mal informés sur la sexualité, la reproduction, la contraception, l'avortement, la stérilité et les services à consulter pour des soins appropriés ou bien pour des informations supplémentaires. Des données chiffrées sont également fournies aux lecteurs sur le Sida en Tunisie.
on apprend ainsi que de 1985 à 2005, le nombre total des malades contaminés par le virus du VIH n'a pas dépassé 1299 cas déclarés, que les personnes atteintes de Sida sont au nombre de 807 tandis que le nombre des décès enregistrés parmi la population touchée n'excède pas les 436 cas. Pour ce qui est de la répartition des malades selon leur sexe et leur âge, le document précise que le Sida a touché jusqu'en 2004, 852 hommes contre 300 femmes (ce qui fait un sexe ratio de 3 hommes pour une femme) et que 76 % des personnes atteintes ont entre 20 et 44 ans. D'autre part, parmi les 88 enfants atteints de Sida en Tunisie, 57 ont été contaminés avant leur naissance.
Bien d'autres informations et conseils pratiques accompagnent ces statistiques à l'intérieur du livret et du dépliant, et nous invitons tous les jeunes ainsi que leurs parents à lire et à conserver ces précieux documents ; parce qu'un grand nombre de connaissances parmi celles qui y figurent font également défaut aux adultes tunisiens.
Néanmoins, nous avons relevé dans le livret et le dépliant quelques failles voire des contradictions entre les deux documents notamment au sujet de la virginité.

La sacro-sainte virginité
Le livret affirme en effet, après avoir décrit l'hymen de la pucelle, que dans beaucoup de sociétés très attachées à leurs traditions et croyances, les gens établissent à tort un lien direct entre l'inaltérabilité de cette membrane et la virginité sexuelle de la fille, puisque par définition l'hymen ne ferme pas toujours complètement l'entrée du vagin de la vierge. Nous ne discutons pas le renvoi suggéré par les auteurs du livret à notre société arabo-musulmane qui continue d'exiger la virginité de la mariée. Une affaire de divorce pour défaut de virginité de l'épouse a tout récemment défrayé la chronique en France, et a fourni aux ennemis des Arabes et des Musulmans un nouvel argument pour nous traiter tous de barbarie et d'obscurantisme ! C'est certes positif de sensibiliser les citoyens quant à l'absurdité de ce critère, mais la mise au point n'ouvre-t-elle pas la porte à tous les abus et à toutes les hypocrisies. Se fondant sur cette vérité scientifique, toute fille non vierge pour avoir eu des rapports sexuels avant le mariage, peut l'invoquer dans le but de se disculper de toute conduite réprouvée par les traditions. Mais là n'est pas le vrai problème ; parce que le même livret recommande d'attendre jusqu'au mariage pour avoir son premier rapport sexuel (page 10). En même temps que l'attitude émancipée, les concepteurs de la brochure défendent une position plutôt réactionnaire. Et puis comment, avec le retard notable enregistré dans l'âge du mariage actuellement, supporter de rester puceau et pucelle jusqu'à trente ans et plus ? Est-ce que la prévention des maladies sexuelles justifie une aussi stricte abstention ? Un tel discours est à l'évidence irréaliste et ceux à qui il est adressé sont les premiers à s'en moquer ! Dans le dépliant, on donne aussi et très explicitement le même conseil ridicule ; à un autre endroit, les auteurs rappellent aux jeunes filles que la consultation médicale en cas de maladie sexuelle et la prise de médicaments pour la soigner n'altèrent nullement l'hymen. Au terme de la lecture des deux documents, leur destinataire ne sait plus si l'on y défend une certaine liberté sexuelle ou si l'on veut y ménager des sensibilités allergiques à toute émancipation dans ce domaine ! De telle sorte d'ailleurs que le contenu proposé ici et là reproduit la même gêne et la même duplicité constatées dans les dits et gestes de nos concitoyens au sujet de la virginité des futures épouses.

Du songe au cauchemar !
A la page 2 du livret, les auteurs précisent que le jeune a besoin du savoir, de la morale et des préceptes religieux pour surmonter les difficultés de l'adolescence et ajoutent que la petite famille n'est plus en mesure aujourd'hui d'assumer son rôle à ces trois niveaux. A qui donc doit-il se fier pour enrichir sa culture sexuelle ? A ses professeurs peut-être, qui n'ont même pas le temps de terminer les programmes dont ils sont chargés ? Aux médias qui hésitent encore à aborder ouvertement et dans un langage différent la question de la sexualité des jeunes, mais qui en revanche font tout pour exacerber leurs pulsions refoulées à travers des images dépourvues de la moindre pudeur ? L'environnement du jeune est peuplé de tartuffes qui conseillent aux autres ce qu'ils ne daignent jamais faire eux-mêmes. C'est un peu pour cela que les adolescents ne font plus confiance aux adultes et aux vieux qui tentent de les ramener au « droit chemin » ; ils ont tous vu comment leurs aînés se comportent dans la rue et les cafés, ils savent maintenant que les amateurs de chair fraîche parmi les « grands » sont de plus en plus nombreux. La sexualité des adultes est tellement riche en exemples vivants de perversité et d'obscénité, qu'il leur est désormais presque impossible à ces jeunes d'accepter des leçons de qui que ce soit ! C'est là où ça devient grave, cette méfiance à l'égard des discours édifiants mais insincères doit nous alarmer tous.
On recommande à la même page du livret d'aider les jeunes à acquérir la distance critique indispensable pour ne pas subir passivement les effets néfastes d'une certaine matière publicitaire et musicale. C'est bien ; seulement à qui devrait incomber cette mission et puis ne risque-t-elle pas de nuire aux intérêts de certains qui ont justement choisi les jeunes pour victimes de leur cupidité et qui ont mille fois plus de moyens susceptibles de faire échouer l'entreprise bienfaitrice que n'importe quel éducateur honnête !
Nous sommes peut-être allés trop loin dans l'évaluation de ces documents à vocation d'abord informative et préventive ; c'est que, au fond, nous rêvons de pouvoir changer la société et la vie d'une manière plus générale, à coups de brochures et de dépliants. Nous aimerions voir les générations de demain évoluer sainement sur tous les plans ; mais autour des jeunes il y a tellement de choses et d'individus malsains que notre beau songe risque à tout moment de se transformer en cauchemar !


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