* Interview de Mohamed Bouchiha, secrétaire général du Parti de l'Unité Populaire suite à l'adoption par le conseil central du parti de sa candidature à la présidentielle de 2009 Le Conseil central du Parti de l'Unité Populaire (PUP) réuni vendredi, samedi et dimanche a approuvé la candidature du secrétaire général du parti Mohamed Bouchiha pour l'élection présidentielle d'octobre 2009. A cette occasion nous invitons ici M. Bouchiha. Il nous parle dans cette interview de la signification de sa candidature et de sa portée, de son programme électoral, des législatives et du choix des têtes de listes qui selon le code électoral en vigueur sont les seuls à pouvoir, au cours de ces élections, accéder à la Chambre des députés. C'est la troisième fois que le PUP participe à l'élection présidentielle. En 1999 il a présenté la candidature de son secrétaire général à l'époque Mohamed Bel Haj Amor et en 2004 et lors des prochaines élections c'est Bouchiha qui représente les couleurs de son parti. Interview. Le Temps: Le Conseil central du parti vient approuver votre candidature à l'élection présidentielle de 2009. Quelle est votre réaction? Mohamed Bouchiha: Les travaux du Conseil central ont porté presque exclusivement sur la participation du parti aux élections générales présidentielle et législatives d'octobre 2009 et qui sont des élections qui se tiennent dans les délais prescrits par la loi. Des consultations suivies ont été organisées avec les différentes structures du parti dans toutes les régions du pays. Elles ont abouti à cette prise de décision de la part du conseil central qui est la plus haute instance du parti après le congrès. Cette décision n'est pas étrangère à la démarche du PUP. Depuis sa création et depuis l'organisation d'élections plurielles. C'est-à-dire depuis 1981 en ce qui concerne les législatives et depuis 1999 pour ce qui est de l'élection présidentielle et depuis 2000 en ce qui concerne les Municipales le parti a participé à toutes ces élections. Notre démarche a toujours reposé sur notre conviction profonde de la nécessité de participer activement à la vie politique et par là à amener le citoyen à cette participation qui ne peut être que bénéfique pour le progrès du pays. Ce sont toujours des occasions de consultation avec le peuple et d'interpellation également des pouvoirs publics sur l'ensemble des questions qui se posent pour l'avenir du pays et de la société qu'on veut progressiste moderne et qui aspire à la liberté, et au plein exercice des droits politiques et civils. Ce qui nous a davantage encouragé à adopter cette démarche d'une façon définitive depuis novembre 1987 c'est la volonté manifeste continue du Président de la République à réaliser des réformes politiques allant dans le sens de la consolidation du multipartisme, de la démocratie et du respect des droits de l'Homme. Ce que nous percevons chez le Président Ben Ali c'est son orientation vers plus de modernité et de progrès pour le pays. Pour nous ces élections seront une occasion pour revendiquer davantage de réformes et pour exprimer ce que nous considérons comme étant des revendications réalistes et légitimes qui tendent vers la réalisation du bien-être et d'une évolution saine dans le pays parce qu'il existe encore des problèmes qui se posent et qui sont d'une acuité certaine comme le chômage et certains besoins fondamentaux de la société comme dans le domaine de l'éducation et de la santé. •Donc votre candidature ne sera pas électorale elle est plutôt politique? -Il est vrai que notre candidature sera plutôt politique. Elle permettra de soulever ce que nous croyons être les véritables problèmes sans démagogie, ni suivisme, ni prétention suréaliste même si les résultats nous importent beaucoup pour donner un plus à l'activité politique organisée et consciente des défis qui se posent aujourd'hui au pays tant sur le plan politique, économique, et que sur le plan social et culturel. •Dans ce sens donnez-nous les grandes lignes de votre programme électoral? -Des commissions ont été constituées pour suivre l'examen des différents volets de notre programme général et qui sont le fruit des travaux des séminaires internes qui ont eu lieu pour faire évoluer le programme que nous avons mis au point depuis les élections de 2004. Ce programme, comme chacun le sait, présente notre point de vue sur toutes les questions intéressant l'évolution du pays et de la société. •Certains jugent que votre candidature relève du décor qu'en pensez-vous? -Une candidature est une présence politique de notre parti qui n'a jamais constitué, comme certains le considèrent un décor. Je pense citer comme preuve les résultats obtenus lors des dernières élections présidentielle, législatives et municipales et qui sont là pour démentir toute accusation et toute allégation. Je pense et j'en suis convaincu que les centaines de milliers de citoyens qui ont choisi notre programme et notre couleur "le doré", la couleur de l'espoir, du réalisme et de l'avenir, n'ont pas voté pour le décor. Le PUP continuera sur cette lancée, plein de foi et de confiance pour mériter amplement le vote des citoyens qui savent que notre parti restera un parti démocratique, ouvert sur la différence et combat tout ce qui peut freiner la volonté du Tunisien à relever les défis, à combattre l'obscurantisme, à refuser tout ce qui peut toucher à son évolution et à la réalisation de ses aspirations légitimes et à une meilleure vie. •Et pour les législatives, quelles sont les critères notamment pour le choix des têtes de listes? -Nous sommes au PUP des revendicateurs constants pour la démocratie dans le pays mais également au niveau des différentes institutions qu'elles soient associatives ou professionnelles et surtout raison de plus au niveau des organisations politiques. Cette démarche nous dicte nécessairement à faire prévaloir la démocratie au niveau de nos conceptions idéologiques et également et cela va de soi, au niveau du choix des cadres dirigeants du parti que ce soit au niveau central ou au niveau des différentes structures régionales et locales. Ceci nous amène à résoudre cette question de tête de liste par la voie démocratique en premier lieu mais également sur la base du militantisme et de l'apport du candidat à l'évolution du parti, à son renforcement, et à son épanouissement. Sur la base aussi de ses compétences et son comportement au sein du parti et aussi au sein de la société. Cette question de tête de liste doit être résolue de façon définitive par la réforme du Code électoral qui devrait permettre aux différents partis politiques d'accéder au parlement de façon plus équitable et surtout selon la présence de ces partis au niveau du pays. •Quelles sortes d'amendements pour réformer le code électoral? -Cela suppose un redécoupage des circonscriptions électorales afin de permettre aux candidats d'être plus proches des électeurs. La formule actuelle qui a donné beaucoup davantage aux partis politiques pour accéder au parlement et qui a permis au multipartisme de mieux s'implanter dans notre pays n'aura plus sa raison d'être après les prochaines élections. Tout en saluant l'initiative présidentielle d'augmenter la proportion des sièges réservés aux partis minoritaires et qui permet à l'opposition une présence plus importante au niveau de l'appareil législatif, nous pensons qu'un dialogue profond autour de cette question parmi tant d'autres, nous permettra d'avoir un code électoral plus évolué et plus proche des aspirations de la société parce que la démocratie restera toujours le plus solide des remparts contre toutes les dérives et j'insinue là, les nostalgiques du parti unique, ou les obscurantistes et les extrémistes qui constituent, pas seulement en Tunisie, une menace qu'il faut combattre continuellement pour l'avènement d'une société évoluée, éduquée et également consciente de ses intérêts et capable de s'exprimer librement et d'exercer sa souveraineté.