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Le silence coupable
Violence contre les femmes
Publié dans Le Temps le 04 - 12 - 2008

Le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées vient d'activer un nouveau numéro vert (80100707) pour recevoir les appels téléphoniques des femmes victimes de toutes sortes de violences.
Une bonne initiative en vue de consolider les droits de la femme tunisienne qui, malgré son émancipation, est encore exposée à la violence verbale ou physique de la part de l'homme. Ce réseau d'écoute, s'il est bien structuré et bien organisé, sera sans doute un moyen très efficace pour briser le silence dans lequel sont emmurées des milliers de femmes et de jeunes filles battues et qui n'osent jamais protester ou dénoncer leurs bourreaux ! Enfin un numéro vert est désormais à leur disposition ! Encore faut-il qu'elles n'hésitent pas à s'en servir en cas d'une agression ! C'est que pas mal d'actes de violence sont perpétrés quotidiennement sur les femmes et les jeunes filles en tous lieux (au foyer, dans la rue, dans le transport public et même au travail) ; mais elles préfèrent se taire, au lieu de dénoncer ces actes violents. Cette attitude passive ne fait qu'encourager davantage les machos et leurs idées rétrogrades selon lesquelles la femme doit être soumise à l'homme, à sa volonté et ses caprices.
La violence conjugale existe bel et bien chez nous et l'absence de statistiques ne nous empêche pas de constater l'ampleur de ce phénomène. Espérons que ce numéro vert nous fournira des données chiffrées sur les cas de violences enregistrés. D'ailleurs un projet mené il y a quelques mois conjointement par l'Office National de la Famille et de la Population et l'Agence espagnole de Coopération internationale a buté sur l'absence totale de données statistiques exhaustives et fiables quant à la réalité du phénomène en Tunisie. Pourtant, l'objectif de ce projet était de trouver les moyens pour affranchir les femmes agressées du joug de leurs agresseurs. Ce projet, essentiellement préventif, vise d'ici 2010 à changer les comportements et les mentalités à travers les campagnes de sensibilisation et d'information tous azimuts. Ce projet tuniso-espagnol compte faire une enquête nationale sur 6 500 femmes pour essayer d'avoir une idée plus ou moins juste sur la réalité des choses. Le même projet compte impliquer dans ses programmes des structures gouvernementales et non gouvernementales ainsi que les autorités religieuses. L'on se demande quand ce projet va être relancé, à moins qu'il ne soit totalement abandonné ! Les quelques chiffres qu'on peut lire sur ce phénomène remontent à 1997 et sont annoncés dans une étude sur les femmes tunisiennes battues, parue dans (Le Journal Tunisien de Psychiatrie, Volume1, Numéro1, janvier 1998) selon laquelle 33,8 % des femmes interrogées ont été battues au moins une fois par leur mari et 6,6 % au cours de l'année écoulée ; de même 3,8 % des femmes battues avaient subi des violences graves ayant entraîné des traumatismes variés. La même étude a conclu que « l'agression conjugale en Tunisie se rapproche de celles relevées dans la littérature mondiale. » Il paraît en effet que cela est dû essentiellement à un comportement machiste qui sévit encore chez nous surtout dans les zones rurales et parmi la population analphabète et qui se transmet d'une génération à une autre.

La violence : un fait social quasi ordinaire
La violence perpétrée contre les femmes chez nous est un fait social qui devient quasi ordinaire ; il suffit de lire la page des faits divers des journaux pour avoir une idée sur les cas de violences conjugales et les proportions que ce phénomène a prises. Devant la gravité des faits, il y a deux conclusions possibles à tirer : d'une part, on peut dire que la mentalité patriarcale sévit encore chez nous en ce début du troisième millénaire, ce qui permet à certains hommes d'être les maîtres incontestables chez eux, en faisant la pluie et le beau temps ; d'autre part, il paraît que certaines femmes n'ont pas encore assimilé (ou peut-être mal digéré !) le fait que la loi tunisienne les met sur un pied d'égalité avec l'homme et continuent à vivre soumises et sans réaction devant la volonté de leur mari.
Ces deux conclusions dénotent donc deux attitudes négatives et dégradantes (autorité chez l'homme et servilité chez la femme) qui vont à l'encontre des droits et des acquis de la femme tunisienne d'aujourd'hui et qui menacent les fondements même de la famille, supposée être bâtie sur l'entente, la tolérance et la solidarité des deux conjoints.
Ce qu'il faut condamner, ce n'est pas seulement l'acte de violence, cela va de soi, mais surtout le silence des femmes sur les différentes violences (verbales, physiques, psychologiques...) qu'elles subissent de la part de leurs époux. C'est là où le bât blesse ! Surtout quand on sait que la femme tunisienne jouit depuis longtemps beaucoup mieux que d'autres dans le monde de toutes les garanties d'une vie conjugale réussie et d'un statut social digne de respect.

Conséquences néfastes
Les conséquences de la violence conjugale sont néfastes à plusieurs égards. Elle engendre en effet non seulement des séquelles physiques dont le degré de gravité varie selon les moyens utilisés (blessures, fractures, saignement, handicap, mort...), mais aussi des préjudices d'ordre moral chez la femme victime, allant d'une atteinte à l'amour-propre jusqu'aux différents traumatismes psychiques et la création d'une atmosphère de menace et de peur qui resteront souvent à vie. Sans oublier les retombées de cette violence sur l'avenir du couple et la famille en général : recours à toutes sortes de vengeance, parfois au suicide et souvent au divorce.
Et ces conséquences déteindront sans doute sur la société, du fait qu'une femme victime d'actes de violence et vivant en permanence dans la terreur est une femme qui ne peut pas accomplir ses fonctions familiales, économiques, culturelles et politiques comme il se doit.
Un appel urgent doit être fait aux différentes associations féministes dans tout le pays qui doivent agir plus efficacement pour enrayer ce phénomène de violences conjugales commises surtout sur les femmes qui se voient réduites à un état d'assujettissement et asservies à la loi du silence. C'est ce silence qui doit cesser pour décrier ces agressions, si minimes soient-elles, contre les femmes à travers ces associations au moyen de campagnes non-stop de sensibilisation aux dangers encourus par les femmes victimes de ces violences verbales ou physiques afin de les inciter à se défendre légalement dès la première fois qu'elles font l'objet de mauvais traitements en poursuivant en justice leurs agresseurs pour exiger des réparations des préjudices physiques et moraux subis.
Certains psychologues voient et non sans raison que la société moderne et tous ses problèmes (fatigue, stress, individualisme, argent, cherté de la vie, chômage, pauvreté...) sont à l'origine de ces violences conjugales. Soit ! Mais quand la force ne résout pas les problèmes, il faut bien recourir à d'autres moyens plus démocratiques : à la raison, au dialogue !


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