* 58% des élèves traduits sont âgés de 16 à 18 ans * 75% sont des redoublants * Pic au début de chaque trimestre et, surtout, au troisième La sanction scolaire est une conséquence prévisible due aux actes de l'élève. Quand elle est grave, l'élève est traduit devant le conseil de discipline. Quel est le rôle du conseil de discipline? Quelles sont les raisons qui amènent les profs à traduire un élève devant ce conseil? Faut-il parfois traiter certaines sanctions en dehors de ce conseil? Le conseil de discipline est composé de représentants de l'administration, des professeurs élus et des membres de l'association de l'éducation et de la famille. Il doit permettre à l'élève d'exposer ses points de vue et de défendre sa cause et aux membres du conseil d'émettre des observations et de vérifier la réalité des faits. L'élève doit pouvoir librement exprimer son point de vue afin que la sanction ait un rôle éducatif. Le conseil sanctionnera l'élève selon les faits imputés et la gravité de ses actes. Cette sanction doit reposer sur l'établissement d'un rapport objectif et circonstancié des faits reprochés à l'élève. Les fautes doivent être clairement identifiées comme étant des manquements aux obligations par rapport aux modalités fixées par le règlement intérieur de l'établissement. L'enquête réalisée par l'universitaire M.Abdelwaheb Mahjoub touchant des élèves traduits devant le conseil de discipline au cours des trois années 1999-2000, 2000-2001 et 2001-2002 révèle que « 58% des élèves traduits devant les conseils de discipline appartiennent à la tranche d'âge 16-18ans. Deux pics sont enregistrés: la 8ème année au collège et la première année secondaire au lycée. L'effet d'inadaptation au nouvel établissement est donc évident notamment pour les élèves de la première année secondaire. Ce changement d'établissement intervenant à un moment crucial de la vie de l'adolescent aggrave son instabilité. Quant au parcours scolaire des élèves traduits devant le conseil de discipline, il est caractérisé par des difficultés scolaires, puisque 75% sont redoublants dont 55,5% ont redoublé plus d'une fois et 63% ont une moyenne scolaire inférieure à 10 sur 20. Les antécédents de ces élèves ne sont pas significatifs, puisque le pourcentage de ceux ayant des précédents (51%) est presque égal à celui de ceux qui sont sanctionnés pour la première fois (49%) Le milieu social explique aussi ces cas d'indiscipline. En effet, une majorité des élèves concernés sont issus de milieu social défavorisé (89%). En outre, plus de 50% de ces parents ont un emploi précaire (journaliers) ».
Des problèmes d'ordre pédagogiques L'école est considérée comme un espace de savoir et d'éducation. Or certains de ses acteurs s'adonnent à des comportements anti-scolaires, ce qui entrave le bon déroulement de l'opération de production de l'école et de l'atmosphère qui y règne. Il s'en suit des sanctions envers les élèves indisciplinés voire leur traduction devant le conseil de discipline. Selon l'enquête de l'universitaire Abdelwaheb Mahjoub "les rapports de traduction devant le conseil de discipline sont le plus souvent rédigés par le corps enseignant,qui a des contacts plus fréquents avec les élèves, ce qui donne lieu, parfois à des problèmes d'ordre pédagogiques ou relationnels. Il s'agit, en l'occurrence d'enseignants de sexe masculin (62%) avec une sur-représentation des enseignants de langues (56%) Les actes reprochés aux élèves ont généralement lieu pendant les séances de cours et dans la classe qui est devenue un espace de tension dans 59,9% des cas. Il en résulte des cas de violence qui change de type (verbale ou physique) en fonction des lieux. La fréquence des actes ayant conduit au conseil de discipline augmente nettement de trimestre en trimestre, avec un pic au troisième trimestre (43%) et un taux plus fort (58%) au début de chaque trimestre." Ces sanctions pourront aller d'une exclusion de trois jours jusqu'au renvoi définitif.
Tricherie et conseil de discipline Le recours aux documents, aux fausses copies et aux téléphones portables lors des examens est devenu monnaie courante dans certaines classes. Ces tricheries sont interdites par le règlement scolaire. Mais certains élèves, faute d'une bonne préparation, ne manquent pas de tricher surtout lors des semaines bloquées. Ces documents qui sont dissimulés dans la poche sont utilisés au cas où l'occasion se présente, pendant l'examen ou consultés dans les toilettes, en trompant la vigilance des surveillants. Certains profs sont intransigeants et n'hésitent pas de rédiger un rapport et de traduire l'élève devant le conseil de discipline. D'autres font la sourde oreille tout en réprimant oralement le fautif. Le nombre des élèves traduits augmente durant ces examens trimestriels. La sanction varie selon l'acte commis allant de renvoi de trois à quinze jours. Bref si le conseil de discipline continue à jouer de nos jours son rôle, il n'en demeure pas moins que certains cas d'indiscipline méritent d'être traités en dehors de cette institution. Et là, il faudrait bien étudier et analyser ces sanctions. Cela suppose que l'on prépare les enseignants et le personnel éducatif à l'écoute des élèves au dialogue et à la gestion sereine des conflits. Plusieurs renvois pourront être évités. Un partenariat avec l'environnement de l'école (famille, associations, institutions) doit être instauré avec l'école loin de ces sanctions qui parfois nuisent à l'épanouissement de nos enfants. L'école n'a pas besoin de discipline rigide. Elle doit être conviviale et inculquer ses vraies valeurs à ces jeunes de demain.