A peine si nous réussissons à appliquer ou plutôt à exécuter un calendrier qui ne satisfait personne, voilà qu'on nous sort une Coupe d'Afrique du Nord. Une réminiscence historique, fixisme d'un autre âge renvoyant aux manifestations consenties à l'époque par l'occupant français. L'appellation elle-même dégage des relents indigènes : L'Afrique du Nord. Non que nous renions nos racines et la configuration géographique dont nous dépendons... Mais à l'époque, sous l'impulsion de feu Abdellatif Semlali, ancien ministre marocain des Sports et de Slim Aloulou, personnage d'envergure et patron de l'escadron de l'Argentine 78, on avait sérieusement refléchi et, même institué, une Union Maghrébine du Football, avant que les pétrodollars n'en détournent la vocation et la trajectoire. A l'heure de la mondialisation et des logiques continentales voilà que nous autres Africains du Nord avons, du coup, argent, temps, sponsors et toute une logistique à consacrer à ce tournoi de l'indifférence et qui ne jouit d'aucun statut international. Déjà le compte est bon avec la champion's league africaine là où nos équipes vont s'aventurer ne sachant jamais ce qui les attend. Il l'est aussi avec la Coupe de la CAF dont le trophée se plaît apparemment chez nous. Nos équipes sont, par ailleurs, résolument engagées dans la champion's league arabe avec ses appâts, ses pactoles mirifiques et de potentielles cessions juteuses de joueurs sur le marché du Golfe. Soit. Mais cette Coupe d'Afrique du Nord ne se justifie en rien, et n'a pratiquement rien d'emballant, en dehors des perspectives de voyages et des échanges d'hospitalité. Nous avons vu le Club Africain ne pas s'y impliquer réellement avant-hier et hier, le (4-4) entre l'Espérance et le Moghreb de Fès fut pour le moins burlesque. Si nos clubs doivent se plier à d'aussi basses contingences parce que des dirigeants y trouvent à boire et à manger, eh bien, ce serait tout simplement un manque de respect vis-à-vis de soi. Nous voudrions, d'ailleurs, connaître le sentiment des Espérantistes qui doivent consacrer, l'après-midi de mercredi, à cette "musarde" de la Coupe d'Afrique du Nord (avec ses risques de démobilisation) et plonger, quarante-huit heures après, dans le stress d'une confrontation de premier ordre contre l'Etoile et qui, en soi, vaut mille Coupes d'Afrique du Nord. Soyons sérieux...