La Tunisie n'est pas complètement dépendante du marché international en matière d'énergie. Sa balance énergétique est équilibrée, voire excédentaire. Il n'empêche que le Budget de l'Etat subit une pression importante pour subventionner les carburants du transport et l'énergie de l'industrie. Ce déficit provient du fait que les sociétés étrangères exploitantes des gisements pétroliers tunisiens rapatrient leurs bénéfices s'élevant à près d'un milliard de dinars. Cette situation est d'autant plus désavantageuse que les cours du pétrole ont atteint des pics inattendus durant une bonne période en 2008. Le baril a largement dépassé le seuil des 120 $. D'ailleurs, les sphères officielles n'ont pas cessé d'affirmer que chaque dollar dépassant les 90 $ coûte 30 millions de dinars à l'économie nationale. C'est dire que l'économie est sujette à des perturbations en fonction de ces fluctuations et qu'il serait nécessaire de la protéger en assurant des sources stables d'approvisionnement énergétique. Cette instabilité est d'autant plus influente qu'une bonne partie du coût de l'énergie est supportée directement par le budget de l'Etat malgré les divers réajustements opérés sur les prix des carburants.
L'accalmie actuelle Les trois derniers mois ont été marqués par les impacts de la crise financière internationale et par la récession dans les pays industrialisés. Cette situation a directement influé sur la demande de pétrole qui a chuté d'un seul coup entraînant une baisse vertigineuse des prix descendant jusqu'à 40 $ le baril. Mais la récession économique n'est pas éternelle et la reprise est annoncée pour 2010. Laquelle reprise entraînerait une hausse des prix du pétrole vers des sommets jamais atteints préalablement surtout avec l'annonce de la fin de l'ère du pétrole dans les quarante prochaines années. Donc, cette accalmie n'est que passagère et il est impératif de penser à l'avenir énergétique de la Tunisie pour ne pas subir les conséquences de ces perturbations. A ce titre, l'Agence Nationale de Maîtrise de l'Energie a préparé un programme à multiples facettes pour aider à rationaliser la consommation énergétique d'une part et diversifier les sources d'énergie d'autre part.
La diversification des sources énergétiques Ce programme comporte l'utilisation de l'énergie solaire suite à la promotion du chauffage solaire de l'eau sanitaire dans le secteur résidentiel "Programme PROSOL", a été lancé en 2005. On a réalisé plus de 53 080 m2 de capteurs solaires jusqu'à fin juillet 2008 à travers la mise en place d'un tissu industriel et commercial formé de 29 fournisseurs agréés et de plus que 697 sociétés installatrices chargées de l'installation et du service après-vente. Le même programme vise à installer 740.000 m2 de capteurs solaires à la fin de 2011 répartis entre le secteur résidentiel et les petits métiers (390.000 m2), le secteur tertiaire et industriel (90.000 m2). D'ailleurs, un programme national d'électrification des zones rurales par systèmes photovoltaïques a été lancé en 1992 au cours du 8ème Plan de développement économique et social. Ce programme consiste en l'exploitation de l'énergie solaire pour l'électrification des foyers isolés ainsi que pour le pompage de l'eau des puits de surface, la télécommunication et l'éducation. Il a permis l'électrification de 11500 foyers ruraux isolés et de 200 écoles rurales ainsi que l'éclairage d'un certain nombre de plages et de parcs urbains à part l'installation de plus de 70 stations solaires de pompage de l'eau en vue de l'approvisionnement des habitants en eau potable. Une expérience d'une station de dessalement par l'énergie solaire est en expérimentation à Ksar Ghilène. Le même programme comporte également l'introduction de l'énergie éolienne visant son utilisation pour la production d'énergie. A cet effet, la STEG a déjà réalisé un parc de 20 MW à Sidi Daoud (nord-est de la Tunisie) aux côtés du lancement d'un programme de renforcement de capacité (Atlas éolien, Cadre réglementaire spécifique,...). Pour ce mode d'énergie, on vise l'installation d'une puissance globale de 60 MW par les établissements industriels grands consommateurs d'énergie. En plus de l'extension de la capacité du parc de Sidi Daoud à 55 MW et de l'installation de nouveaux parcs d'une capacité de 215 MW.
Lenteur dans la réalisation L'approche de l'A N M E est rationnelle en matière de recherche d'énergies renouvelables à court terme. Mais elle manque de célérité dans la mesure où l'utilisation de l'énergie solaire pour le chauffage de l'eau n'est pas obligatoire. Les municipalités n'exigent pas l'installation systématique de chauffe-eau solaire comme en Espagne ou en Palestine occupée. Or, une telle rigueur est nécessaire pour optimaliser la maîtrise d'énergie. A ce rythme, plusieurs observateurs pensent que l'économie croulerait sous le poids de la balance énergétique avant les délais de la rationalisation promise. Il faudrait voir aussi du côté des administrations publiques, des universités et des lycées pour la lumière après les heures de travail. L'obligation d'utiliser les lampes économiques serait la bienvenue. On pourrait interdire la vente des autres lampes à l'horizon 2012 comme dans les pays de l'Union Européenne. Mourad SELLAMI
La biomasse Ce programme vise la production de l'énergie du biogaz à partir de la fermentation méthanique des déchets organiques ménagers, agricoles et industriels. Réalisations : * Implantation de 50 unités familiales de production de biogaz dans la région du nord-ouest. * Réalisation d'une unité industrielle de production de biogaz à partir de fientes de volailles. * Equipement d'un laboratoire de biogaz.
Le bois de feu Ce programme consiste en la diffusion de couvercles de four à pain (tabouna) permettant une économie de bois de feu et contribuant à la préservation du tissu forestier. Réalisations : * Diffusion de 16 000 couvercles auprès des ménages ruraux.