J'ai lu avec stupeur horripilante, l'article de monsieur " Kamel Bouaouina ", relatif à l'inauguration de l'hôtel de ville de Nabeul, intitulé (Un bijou, jardin, les pieds dans l'eau), le Temps, du dimanche, 14 décembre 2008. Un événement de taille, pour lequel l'auteur a dû user de tout son talent de journaliste chevronné pour émerveiller, et subjuguer son lecteur, à travers une description féerique et ce chef-d'œuvre architectural. Néanmoins, une fois l'effet magique de cette retentissante description dissipé, vient l'ampleur de la rude réalité des manquements, et des insuffisances en terme d'urbanisation, dont souffre cette ville, à l'instar des autres villes, secouer nos esprits, nous rappelant, si besoin est, que aussi intense soit-elle, la splendeur d'un tel hôtel de ville ne saurait occulter les déboires, que vit le citoyen, en terme de relations, et de rapports avec sa municipalité. Une réalité, qui pousse, tout un chacun, à se lancer dans une réflexion aussi légitime, que désarçonnante, dans la mesure où le luxe, que dégage ce genre de bâtisse est en contradiction flagrante avec le prétexte récurrent du tarissement des moyens, qui traumatise éperdument le subconscient du citoyen, évoqué par nos édiles, chaque fois qu'il est question de remédier à des manquements, dont souffre sa ville, et qui enveniment excessivement son quotidien, ou quand il s'agit de projets de grande envergure. Un bijou certes, mais un bijou, qui a coûté cher au contribuable de cette ville, et dont le coût, qui est de l'ordre de cinq millions de dinars, à n'en point douter, pèsera lourd dans la balance de la collectivité de Nabeul. Une somme colossale, qui aux yeux de tout citoyen épris de bon sens, aurait dû être allouée à d'autres besoins plus urgents, sachant, que la communauté de Nabeul à l'image du reste des communautés des autres villes regorgent de nombreuses lacunes, et défaillances surprenantes en matières de réalisations urbanistiques, à savoir infrastructure, environnement, communication, hygiène, propreté, culture, et divertissement. Dans ce contexte, les journaux abondent d'articles mettant en exergue les tergiversations des services municipaux, et leur impuissance à garantir au citoyen des prestations à la hauteur de ses attentes, le journal le Temps, qui jouit d'une crédibilité sans faille rapporte dans certaines de ses éditions qu'à Hammamet des agglomérations toutes entières sont privées d'eau, et d'électricité, de même il évoque le recours à des mesures d'expropriations des terres agricoles en milieux urbains, dans le but de les transformer en décharges publiques, avec tout ce que cela comporte comme conséquences environnementales et sociales. N'est-ce pas paradoxal, que de relever une telle propension à la magnificence, et aux actions de prestige, alors, que tout le monde s'accorde à constaterl'omniprésence d'une crise, qui incite à la prudence, et à la rigueur. Rien n'est plus décourageant, ni rebutant pour un citoyen, que de voir les pouvoirs publics se permettre ce genre d'actions onéreuses en terme d'investissements municipaux, alors qu'il voit des programmes touchant à la qualité de sa vie perpétuellement négligés, différés, ou carrément abandonnés faute de moyens, donc de financement. Un citoyen à qui on ne cesse de lui professer les meilleurs slogans, l'exhortant à rationaliser ses consommations, et à être extrêmement vigilant en terme de gaspillage, un citoyen entreprenant, éveillé, qui paye l'impôt et les redevances municipales, un citoyen conscient, que sa dignité ne se mesure pas à travers les indices de somptuosité de l'hôtel de sa ville, mais par le degré de crédibilité en terme de réalisation des objectifs, qui changeront pour le mieux son quotidien, un citoyen, qui lui importe peu, que ses préoccupations soient traitées dans un château, ou un palais, l'essentiel pour lui c'est la détermination, qui devrait animer les responsables municipaux à relever les défis d'une vie décente, car les enjeux futurs nous incitent à s'approprier des politiques plus clairvoyantes. Décidément, à l'heure où les mairies des villes des pays développés s'ingénient non seulement à réduire leurs dépenses superflues, mais pour que leurs budgets soient orientés vers des réalisations qui non seulement sont au cœur des intérêts du citoyen mais tiennent compte de plusieurs facteurs climatiques, sanitaires, environnementaux, nous autres croyons bien faire de financer des projets de prestige. En quoi cela profitera aux citoyens ? Au demeurant, ce qui pourrait être préoccupant, c'est que cet engouement à la recherche d'établissements luxueux prendra de l'ampleur, et fera tache d'huile encourageant chaque ville à disposer d'un hôtel de ville aussi rupin, que celui de Nabeul. Pour le bien de tout le monde, quand il s'agit de planification, de décisions, de prévisions, et d'amendements ayant trait au développement de nos villes, pensons citoyens avant tout. Jelloul Jebalia