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L'appel de Tunis
Urgence à concrétiser l'Union pour la Méditerranée
Publié dans Le Temps le 18 - 01 - 2009


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"A long terme, nous serons tous morts" - Keynes
Un déjeuner débat a été organisé, hier au siège de l'IACE, regroupant d'éminents économistes français et maghrébins, ainsi que MM. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement et de la Coopération internationale, Afif Chelbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des Petites et Moyennes entreprises et Serge Degallaix, ambassadeur de France en Tunisie. Le contexte? La crise mondiale.
La solution: l'union pour la Méditerranée. Et il y a urgence, car comme l'a dit un intervenant "il y a le feu au lac" (de la Méditerranée).
"Sait-on où on va? Avons-nous des certitudes immédiates?… eh bien non!". Christian de Boisseau, professeur à Paris I, donnait le ton.
"Cette crise place l'espace méditerranéen dans une situation de défis. Il y a récession. Il y a aussi de la croissance dans les pays émergents "mais nous sommes tous dans le même bateau", précise-t-il. A contrario, si l'UPM ne prend pas forme et vite, nous serons tous dans la même galère. Le Nord et le Sud ensemble.
En d'autres termes, il faut passer aux actes. Dépasser les déclarations d'intentions. Il y a défi pour la croissance; défi pour l'emploi; défi pour les budgets publics. Il faut donc, déjà, dans l'esprit de cet "appel de Tunis", explicité par M. Boisseau, instituer la Banque Régionale pour la Méditerranée, pour garantir les moyens de financement nécessaires des projets.
Mais au fait, pourquoi Tunis?
Tunis a accueilli le Sommet 5+5 et, à l'évidence, Tunis a le profil d'une sérieuse rampe de lancement; de plaque tournante aussi.

Gagnant-gagnant
Pour M. Mohamed Nouri Jouini, la constante relationnelle est toujours basée sur la synergie gagnant/gagnant. Il y a d'abord urgence à enclencher des projets environnementaux, à investir dans le transport, dans la recherche scientifique… Il y aura ainsi des projets financés par les budgets des Etats. Il y aura aussi le financement des PME dans la logique des gains partagés, nécessairement, avec le privé. Il y aura, bien sûr, à intensifier le courant des échanges: circulation des biens, des personnes surtout. L'essentiel pour M. Jouini est qu'on ne tombe pas dans la compétition entre pays méditerranéens. Et il faut, selon lui, que le Sud cesse d'être perçu comme "un marché, un bassin de main-d'œuvre", mais comme "espace de compétences".

"Six mois"
L'intervention de M. Afif Chelbi donne froid au dos. "Si rien ne se fait dans six mois, eh bien, tout sera perdu et la Méditerranée ira au devant de gros ennuis".
Car les besoins urgents, pour lui, consistent en l'interconnexion électrique. A cet effet, précise-t-il, "500 millions d'euros ont été alloués au projet: la joint-venture tuniso-italienne a été même mise en place. Mais pas un euro n'a été à ce jour débloqué".
Il y a, en deuxième lieu, urgence à activer la dépollution chimique et à fixer les lignes de crédits pour les PME.
Six mois? Chimère. Leurre. Un intervenant a rappelé au bon souvenir du ministre les vingt ans mis par le Japon à créer les dragons. "Bien sûr, précise-t-il, le 13 juillet dernier à Paris, les chefs d'Etats arabes, Hosni Moubarak en premier, ont exprimé leur peur: leur peur du réchauffement climatique; leur peur de l'après pétrole et leur peur de se retrouver laissés pour compte".

Peut-on, dès lors, prendre tout son temps?
"Avançons ensemble. Sinon, nous nous retrouverons dans une UPM à géométrie variable. L'Europe s'est faite ainsi. On a créé les liens, les projets et les textes ont suivi. Soyons pragmatiques. L'UPM a besoin de pragmatisme plus que d'autre chose".
Oui mais, sans institutions, rien ne se fera.
M. Abderrahmane Hadj Nacer insiste sur la nécessité d'une banque puisque les financements sont lents à mettre en place.
Est-ce suffisant du moment que le contraste entre le Nord et le Sud est frappant dans la mesure où les économies du sud sont cloisonnées? Et puis, il faut bien tenir compte des clivages Nord/Nord.

Panne de l'intégrité politique
Le débat prenait alors une connotation exclusivement économique. Une confrère souleva les clivages Sud/Sud, les conflits idéologiques et régionaux, la complexité de la situation et bien sûr… Israël.
Il est aussitôt repris selon l'argumentaire de la panne de l'intégrité politique de la Méditerranée et que, de ce fait, l'intégrité ne peut être qu'économique.
"Le Temps" pose dès lors une première question:
"Nous avons l'impression d'assister à la réunion d'une ONG qui reprend à son compte le projet Sarkozy. Il y a donc appel. Et un appel urgent. S'il y a tant d'urgence, c'est que le vis-à-vis n'écoute plus. M. Sarkozy ayant eu une présidence mouvementée de l'UE, Paris n'entend plus ou n'écoute plus les appels de la Méditerranée".
C'est M. Degallaix qui répond: "Oui le Président Sarkozy est très actif sur la scène internationale mais ce projet, dont il est le concepteur, émane d'une profonde conviction en lui. Paris ne fait pas la sourde oreille comme vous le dites, on y travaille très sérieusement. Bien sûr, cette crise et ces conflits n'offrent pas de cadre favorable à la réalisation de tels projets. Mais on n'y échappe pas: le monde se réorganise en espaces régionaux. Et la Méditerranée ne saurait se soustraire aux nouvelles pesanteurs géostratégiques et géoéconomiques".
Un autre collègue fit observer la lourdeur de la bureaucratie de l'Union Européenne et l'indifférence de Bruxelles face au projet d'UPM.
"Raison de plus, lui répond-on, pour accélérer la concrétisation".
Fatalement, le processus de Barcelone, déjà vieux de 15 ans, est évoqué comme pour rappeler la difficulté à réaliser des déclarations d'intentions. Du moins à concrétiser les programmes.
M. Chakib Nouira modère le ton, néanmoins, appelant à l'optimisme et rappelant ce qu'avait dit le Premier ministre en recevant les signataires de cet appel: "Nous avons des projets dans des cartons. Et alors, venez!" Et bien sûr nous versons dans l'autosatisfaction. "Nous sommes un partenaire privilégié de l'Europe", formule absolument ambivalente si ce n'est ambiguë. Pour M. Nouira, "Barcelone était un train sans locomotive.
L'UPM sera un train avec une locomotive: Paris et, donc, Sarkozy".
C'est là que "Le Temps" fait observer à M. Nouira que "si M. Sarkozy est la locomotive, Madame Merkel en est les freins. Nous ne comprenons pas, faisons-nous gentiment observer, que les éminents spécialistes que vous êtes, occultiez la donne politique.
M. Sarkozy tire vers le Sud. Madame Merkel vers l'Est".
M. Nouira répond alors: "A Bonn on précise bien que cette UPM ne se fera pas sans l'Allemagne, précisant que l'Allemagne est le pays le plus musulman d'Europe".
Nous insistons néanmoins: "Madame Thatcher ne voulait pas de l'adhésion de l'Allemagne à l'Union Européenne parce que, pour elle, ce serait ancrer l'Europe à l'Allemagne. Madame Merkel ne veut plus de délocalisations vers le Sud de la Méditerranée, mais vers l'Europe de l'Est". C'est là qu'intervient M. Chelbi: "Nos chiffres montrent qu'il y a beaucoup de délocalisations allemandes sur la Tunisie".
Un débat fructueux en définitive. Cet appel trouvera-t-il des échos? Vite. Très vite, avant qu'il ne soit trop tard: c'est là le message fort de cette initiative.
Mais avec tout le respect dû aux éminents économistes à l'origine de cette initiative, les politiques doivent d'abord accorder leurs violons. Et c'est là, l'urgence absolue…
Compte rendu :


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