Le Temps-Agences - Pour sa première vraie journée de travail, Barack Obama a ouvert deux dossiers majeurs hier: la crise économique et la guerre en Irak. Le nouveau président consultait ses conseillers économiques et les plus hauts responsables militaires, après avoir fait suspendre les procès à Guantanamo dès mardi soir. "Demain, le travail commence. Ensemble, je suis sûr que nous allons écrire un formidable chapitre de l'histoire de l'Amérique", a déclaré Barack Obama mardi soir, quelques heures après son investiture en tant que 44e chef de l'exécutif et premier président noir des Etats-Unis. Après la prière à la cathédrale de Washington, qui clôt traditionnellement les festivités d'investiture présidentielle depuis George Washington (1789-1797), le président Obama a regagné la Maison Blanche pour s'atteler à sa tâche. Il peut espérer des résultats grâce au soutien du Congrès, où le Parti démocrate contrôle les deux chambres. Une configuration particulièrement favorable, inédite depuis 1994. Barack Obama l'a dit et répété, en prenant la tête d'un pays qui compte onze millions de chômeurs et a vu des milliers de milliards de dollars d'épargne s'envoler à la bourse, sa priorité va à la relance de l'économie. Le Congrès a déjà donné son feu vert au déblocage de la deuxième moitié du plan Paulson de sauvetage du système financier, à hauteur de 350 milliards de dollars, et veut faire passer rapidement un deuxième plan d'au moins 825 milliards. Mais même si l'on ajoute les centaines de milliards de dollars dépensés depuis quelques mois par l'Etat fédéral, il n'est pas dit que ces remèdes de cheval enrayeront la récession. Nombre d'experts s'attendent à ce que la nouvelle administration injecte de l'argent frais dans les banques ou crée un fonds de rachat des créances douteuses pour relancer le crédit aux entreprises et aux particuliers. Le Sénat et la Chambre des représentants examinaient divers aspect du nouveau plan de relance hier. L'autre dossier miné que George W. Bush laisse à Barack Obama après huit ans à la Maison Blanche est celui de la guerre en Irak et en Afghanistan. Selon des sources officielles, le président devait s'entretenir en vidéoconférence hier avec des membres du Conseil de sécurité nationale et des responsables militaires sur le terrain. M. Obama a déclaré qu'il voulait retirer les unités de combat américaines d'Irak dans les 16 premiers mois de son mandat, dans la mesure où cela ne risquerait pas de nuire à l'amélioration de la sécurité en Irak ni aux Américains qui resteraient pour la formation et la lutte contre le terrorisme. Il compte en revanche envoyer jusqu'à 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan pour lutter contre la résurgence de l'insurrection talibane, qui gagne du terrain ces derniers mois. A peine investi mardi soir, il a demandé la suspension et le passage en revue des procédures judiciaires d'exception appliquées aux terroristes présumés jugés à Guantanamo, à Cuba. La fermeture de cette prison militaire est l'une des grandes priorités du nouveau président. L'administration de Barack Obama est donc déjà au travail, bien qu'elle ne soit pas encore au complet. Le Sénat a approuvé six nominations mardi, et devait confirmer hier Hillary Clinton au poste de secrétaire d'Etat. Timothy Geithner, pressenti pour le Trésor, était entendu hier également, et la commission judiciaire sénatoriale envisageait d'examiner la nomination d'Eric Holder à la Justice. Pour sa première journée de travail, Barack Obama pourrait par ailleurs nommer un émissaire au Proche-Orient; ordonner la fermeture de Guantanamo; interdire les techniques d'interrogatoire assimilées à de la torture; lever l'interdiction de financer des programmes de planning familial proposant l'avortement; et lever la limite imposée par George W. Bush au financement fédéral de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Dès mardi, le nouveau secrétaire général de la Maison Blanche, Rahm Emanuel, a ordonné aux agences fédérales de suspendre toute décision que l'administration Bush aurait tenté de faire passer dans ses derniers jours au pouvoir. La présidence Obama a bel et bien commencé.