Depuis la nuit des temps, les mariages consanguins sont de mise au sein d'une même tribu. Cette pratique n'a pas pour autant disparu de nos mœurs à l'aube du 21ème siècle en dépit des mises en garde itératives des spécialistes en génétique. Les raisons de pareils entêtements sont multiples mais pratiquement les mêmes depuis toujours. Ne point dilapider les richesses et le patrimoine familiaux en permettant à un intrus de s'immiscer dans les affaires réservées strictement aux proches parents. En effet, certains pères voient d'un très mauvais œil l'intronisation dans leur empire d'un illustre étranger bardé de diplômes, amené par la petite écervelée dans le dessein, selon eux, de se sucrer sur leur dos. Les sentiments, l'entente, l'amour, la bonne famille, le niveau intellectuel, la droiture du postulant ? Des arguments ne tenant nullement la route et résistant très peu devant l'implacable logique de la sauvegarde du patrimoine. Consentir à pareille alliance est inconcevable alors que le richissime cousin est en attente d'un petit signe encourageant de « sa » future dulcinée entichée d'études aussi interminables que superflues ! De plus, une promesse ferme depuis la naissance des gosses a été prise par leurs géniteurs les prédestinant l'une à l'autre. Que le cousin soit peu ou pas instruit, gros et moche, d'un âge avancé, vulgaire et très peu versé volet raffinement ne change rien dans l'affaire. Mais on sous-estime les risques.
Le cousin est sécurisant Sur un autre plan et nonobstant le volet financier et mercantile ; pour un père ne cherchant que le bonheur pour sa fille chérie, qui de mieux indiqué pour le rassurer sur celui de sa petite qu'un proche neveu qu'il a vu grandir ? Le même sang coule dans leurs veines et donc il est inconcevable que ce parti de rêve leur nuise ou leur cause des soucis. Et quand bien même, le cas échéant et à la moindre petite incartade, toute la famille se léguerait contre le contrevenant l'obligeant à rectifier le tir et à se racheter une conduite. Et puis très jeunes, les gosses ne jouaient-ils pas ensemble ne se quittant jamais, avec une parfaite complicité et une harmonie à l'origine de l'effusion de congratulations des parents pour leurs judicieux choix ?
Revers de la médaille Mais le revers de la médaille est souvent douloureux et hautement préjudiciable. A commencer par les tares génétiques chez les descendants (enfants) qui sont statistiquement plus fréquemment recensées dans les unions consanguines. En effet, si une anomalie chromosomique latente et récessive est présente chez un (1) individu sur 100, le risque d'avoir un enfant atteint de la même maladie héréditaire correspondante est de l'ordre de 1 pour 40 000 dans une union normale, hétérogène. Si par contre, le mariage se fait entre cousins germains, le risque d'osciller entre 1 pour 800 et 1 pour 12 selon les cas. Risque donc important d'avoir une descendance anormale ! Des génies, des sujets d'élite peuvent également voir le jour de ces relations mais c'est un phénomène exceptionnel et extrêmement rarissime. Sachant que lors de la visite médicale prénuptiale, au cas où elle aurait lieu, le médecin est tenu en principe à prodiguer juste un conseil génétique y compris celui lié à la parenté entre les deux époux supposés. Il n'a donc aucune autorité à empêcher pareille alliance d'avoir lieu. Sur le plan financier, les choses ne se présentent pas toujours comme prévu. Le mari se contentant de trimer à longueur de journée confinant la jeune épouse entre quatre murs et ne lui permettant guère de travailler, de se sentir un élément actif dans la société. Ses diplômes, ses ambitions ? Il n'en a à faire. Argument massue : il pourrait lui donner dix fois par jour ce qu'elle risque de gagner par son propre labeur en un interminable mois ! Il ne comprendra jamais son besoin de se sentir utile et rentable, de bien savourer le salaire qu'elle percevrait fruit d'exaltantes années d'études et de sacrifices. C'est une horloge biologique. Son rôle c'est de fabriquer des enfants. Mais là où les choses se corsent vraiment, c'est quand la situation s'envenime entre les époux. Et les dérapages les plus insoupçonnés de s'abattre sur toute la famille élargie. Tous les coups les plus bas, les plus tordus deviennent permis. Une séparation s'ensuit plongeant les parents dans la discorde avec des blessures tellement béantes et sans la moindre chance de cicatrisation. Une rupture définitive et irrémédiable entre des frères et sœurs naguère si proches et devenus par la force des choses les pires ennemis jurés. Une déchirure si profonde que même les décades en s'égrenant ne parviendront jamais à en colmater brèches. Et si en plus, il y a la fatalité des enfants nés avec une tare génértique...