Cet homme devant la mémoire duquel s'inclinent les hommes du Bardo et tous les sportifs qui l'ont connu durant les années 70 et 80, incarne les idéaux du sport dans leurs valeurs profondes. Il fut le président du Stade Tunisien, jadis l'une des plus grandes écoles du football. Stadiste jusqu'à la moelle épinière, né dans l'aristocratie du Bardo, il n'en fut pas moins un président de club et un vrai proche, très proche des supporters et des habitants du « mythique le Bardo ». Comme président de club, il avait des visions avant-gardistes. Non seulement il a eu à présider l'équipe d'élite du Stade Tunisien, mais, avec lui, le club lança génération après génération et pas uniquement en football. Il dirigeait le Stade Tunisien en bon père de famille. Aucun parmi les joueurs stadistes ne restait sans emploi. La STAR, la SNIT prenaient, avec lui, les couleurs stadistes. Mais il recrutait aussi les Clubistes sfaxiens, les Espérantistes, les Clubistes... Un sportif donc un vrai dévoué, à la noblesse du sport, avec cette aumône faite au mécénat, loin du mercantilisme décapant et de bas étage tel qu'il se meut en ces temps de chute des valeurs. En tant que Maire, il a élargi le Bardo et malgré la ceinture verte, cette « ville de souveraineté » (ou a tendance à l'oublier) était claire, propre, ordonnée. Et il y faisait bon vivre. Hédi Neïfer aura couru sa vie durant, derrière un titre de championnat espiègle et qui s'est refusé à lui. Mais jamais sa vertu ne s'y est usée. A l'époque, ici au Temps, on le comparait à un Sisyphe toujours prêt à remettre le cœur à l'ouvrage. Justement parce qu'il avait du cœur, et du cœur à en revendre. Ses disciples le vénèrent. Et, aujourd'hui, même si c'est lui qu'on enterre, on n'y échappera pas : on va déterrer les valeurs pour lesquelles il a sacrifié sa vie d'homme et sa passion de sportif.