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Confusions autour du transport collectif
Tribune
Publié dans Le Temps le 13 - 02 - 2009


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Diabolisé à l'envi, le transport collectif souffre dans une infrastructure faite plutôt pour l'automobile...
Les moyens de transport ont toujours été l'une des préoccupations majeures des hommes, qui se sont ingéniés à les perfectionner tout au long de l'histoire.
La révolution industrielle du siècle dernier leur a permis d'approcher encore plus leur idéal de pouvoir se déplacer encore plus rapidement, plus librement, plus confortablement. Mais, revers de la médaille, cela a créé de nouveaux problèmes dont essentiellement la pollution de notre environnement et l'encombrement du trafic, entraînant son ralentissement et donc l'effet inverse du but initialement recherché : la rapidité du déplacement. Ceci est particulièrement vrai pour le transport terrestre, car contrairement aux transports aérien et maritime qui restent essentiellement collectifs, celui-ci offre facilement la possibilité des véhicules individuels et particuliers, qui constituent de fait l'essentiel des véhicules roulants et par-là même, l'essentiel de la consommation énergétique, l'essentiel de la pollution et la première cause d'encombrement du trafic routier. Mais en fait, pouvons nous aspirer à un transport collectif performant si l'infrastructure ne suit pas ?
En Tunisie par exemple et selon l'Agence Nationale de Maîtrise de l'Energie (ANME), le secteur des transports est classé 2ème consommateur d'énergie avec une proportion de 30%, soit 1,73 MTEP, derrière l'industrie et particulièrement, la production d'électricité. De ce fait, le secteur du transport est considéré comme le premier consommateur des produits pétroliers avec 42% et le deuxième émetteur du gaz à effet de serre avec 24%. Même que, ce sont les voitures particulières qui consomment 75% de la consommation totale en essence, et ce, à cause du boom de la motorisation et, particulièrement, de la voiture populaire qui a permis à une grande partie des Tunisiens d'accéder à la voiture. Le parc des voitures est ainsi passé de 270.000 en 1985 à 1.150.000 en 2005, soit une multiplication par un facteur 4 en 20 ans.

Densité automobile
C'est surtout le transport dans les zones urbaines qui pose problème. D'une part à cause de la densité automobile, à titre d'exemple, la dernière statistique de l'INS montre que 40% du parc automobile de la Tunisie se concentre dans les quartiers des Berges du Lac, Gammarth, Ennasr et El Menzah ! Et d'autre part à cause de l'exiguïté de la voirie. En effet, les centres-ville qui restent un passage obligé du trafic, sont le plus souvent exigus et surtout inextensibles. On a beau construire des rocades et des échangeurs tout autour, les goulots d'étranglement resteront malheureusement inamovibles. Les pays développés, surtout de l'Europe occidentale, ont en fait l'expérience bien avant nous sans parvenir, malgré tous leurs moyens, à résoudre le problème de façon radicale et en viennent à des mesures coercitives, comme faire payer l'accès au centre ville à Londres, ou faire circuler les voitures paires et impaires alternativement chaque jour de la semaine à Rome, etc.
Il est clair donc que la voiture ne constitue pas l'avenir du transport urbain. Pire que ça, c'est à mon avis une véritable calamité. Car, quand on y pense bien, ses défauts dépassent de loin ses qualités. D'abord avec son moteur thermique dont le rendement ne dépasse guère les 15%, elle consomme beaucoup d'énergie et pollue énormément par rapport au service qu'elle rend en transportant si peu de personnes par véhicule. Je crois bien que la voiture représente la première source mondiale d'émissions de gaz à effet de serre responsable du fameux réchauffement climatique et de tous les dégâts environnementaux y afférents. Ensuite, et toujours rapporté au nombre d'utilisateurs, la voiture occupe relativement beaucoup d'espace que ça soit en voirie ou en parking entraînant au passage un bétonnage extensif de nos agglomérations et engloutissant une part considérable des efforts humains et des budgets. Enfin, mais la liste est loin d'être exhaustive, la voiture contribue dans une large mesure à un fléau des temps modernes que les autorités sanitaires du monde entier ne cessent de dénoncer ; la sédentarité. Cette rançon de notre mode de vie moderne occasionne des ravages sur notre santé justifiant des mises en garde permanentes de la part des autorités sanitaires et l'une des recommandations de l'OMS pour lutter contre la sédentarité c'est de faire au moins une demi-heure de marche tous les jours. Or, je vous laisse faire le calcul, un utilisateur assidu de la voiture ne pourra jamais les faire, ne se déplaçant qu'entre sa voiture et son bureau, sa voiture et sa maison...par contre quelqu'un qui se déplace avec les transports en commun peut très bien les faire. Ainsi, de tous les points de vue, la voiture ne soutient absolument pas la comparaison avec les transports collectifs, pour peu que ces derniers soient d'un certain niveau.

Masochisme
En Tunisie, malheureusement, on ne semble pas prendre la mesure du problème. Depuis toujours l'automobiliste a été avantagé par rapport au piéton qui est traité avec le plus grand mépris. Sinon comment expliquer que jusqu'à aujourd'hui et dans la majorité de nos villes, les trottoirs sont inexistants ou mal faits, chargés de flaques d'eau et de boue pendant l'hiver et poussiéreux pendant l'été. Et quand il y a des trottoirs convenables, ils sont outrageusement envahis par les cafés et des commerces de toutes sortes, en toute impunité ! Quant aux transports en commun, nos fameux bus, toujours bondés, trop rares, trop lents et sans aucune ponctualité, ils sont tout simplement indécents ! Même si, à Tunis, le métro léger a un peu amélioré la situation, on reste très loin du compte. Dans ces conditions, quel est le masochiste qui va laisser sa voiture au garage pour se déplacer à pieds ? Et comment voulez-vous que les gens ne se plient pas en quatre pour s'offrir une voiture ? Avec l'amélioration constante de leurs revenus, les Tunisiens sont de plus en plus nombreux à posséder une voiture et à s'en servir tout le temps entraînant l'asphyxie de la circulation, de façon quasi continue à Tunis, plus ou moins périodique dans les autres villes, mais ça ne saurait tarder. A ce rythme-là nous allons droit dans le mur, je vous le garantis.
Je crois que depuis l'indépendance et jusqu'à aujourd'hui, il n'y a jamais eu une réelle volonté politique en faveur d'un transport collectif urbain efficace et de bonne qualité. L'Etat a toujours préféré se décharger du problème en n'assurant qu'un service public minimum, malheureusement médiocre et en laissant les citoyens acquérir, à leur frais, leur moyen de transport particulier ; la voiture. C'est une bonne chose. Avoir sa voiture c'est un signe de bien-être social. Mais, pouvoir compter sur un moyen de transport collectif fiable est un signe de bien-être collectif. Or, au lieu de réaliser un grand investissement collectif qui assure l'efficacité, l'économie et la préservation de l'environnement, on a favorisé l'investissement individuel coûteux, polluant et de moins en moins efficace à cause des embouteillages. La voiture populaire étant la dernière mesure en date agissant dans ce sens. Le parc automobile tunisien croît de 7% par an. En 2008 la Tunisie a importé 45000 véhicules pour un coût de plusieurs centaines de millions de dinars (plus de 500). Cette dépense est certes, partiellement amortie par l'exportation des composants automobiles fabriqués en Tunisie. Mais, il convient de renforcer l'industrie automobile en Tunisie pour ses garanties de croissance. De ce fait, l'importation des voitures doit être mieux contrôlée.

Tout juste à côté
A propos d'Algérie, nos voisins ont fait le bon choix d'investir dans les transports en commun et sont en train de construire à Alger un métro sous terrain qui serait, nous dit-on, aussi moderne et performant que celui de Paris ou de Barcelone. Et bien que les travaux traînent en longueur avec les surcoûts qui en découlent, on estime son coût approximativement à 50 milliards de dinars algériens soit l'équivalent de 1000 millions de dinars tunisiens. Pour vous donner une idée de ce que cette somme représente, sachez par exemple que Tunisie Telecom avait cédé dernièrement 35% de son capital à la société émiratie « Teco DIG » pour 1500 millions de dinars. Vous voyez donc que l'investissement à faire pour un vrai métro à Tunis n'est pas insurmontable. Alors, il paraît que la Tunisie va enfin investir dans un réseau ferroviaire rapide le RFR (équivalent au RER parisien) avec 5 lignes qui desserviront Borj Cedria, Fouchana-Mhamdia, Mannouba-Mnihla, Zahrouni-Sijoumi et l'Ariana. C'est bien, mais j'ai quelques réserves. J'attends de voir le plan, mais il me semble bien que ces trains vont partir d'une manière centrifuge du centre de Tunis, ce qui ne paraît pas très intelligent. Ensuite, il manque au moins une ligne pour la région de la banlieue nord d'autant plus que de gros projets immobiliers sont prévus sur cet axe. Par ailleurs, il paraît que ces trains sont rapides capables d'atteindre 120km/h, or s'ils ne circulent pas sur des voies complètement indépendantes souterraines ou aériennes, je ne vois pas comment ils vont être rapides ? S'ils vont circuler dans le trafic avec tout le monde comme le métro léger, ils ne pourront pas dépasser la moyenne de 20 km/h, ce qui serait vraiment un grand gâchis.
Il est grand temps que la Tunisie dote ses grandes agglomérations de réseaux de transports collectifs efficaces et décents qui puissent assurer un service régulier, ponctuel, assez rapide, couvrant correctement l'agglomération et d'un confort minimum où les enfants ne seront pas écrasés, les femmes ne seront pas tripotées et les vieux ne seront pas bousculés. Bref, qui puisse raisonnablement faire passer l'envie ou l'obligation de prendre sa voiture.
Pour Tunis c'est une véritable urgence, mais il ne faut passer encore un demi-siècle à réfléchir avant de le faire aussi pour les agglomérations de Sousse et de Sfax. A mon avis beaucoup d'investissements prévus pour les réseaux routiers, donc en faveur de la voiture, devraient s'accompagner d'autres pour la réalisation de transports collectifs de qualité.
On entend tous les jours de beaux discours nous assurant que désormais la Tunisie n'a plus grand chose à envier aux pays développés. Et bien, voici une bonne occasion pour le prouver dans les faits......


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