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• Les universitaires ont le sentiment d'avoir été floués par le ministère autant que par la centrale syndicale • Ils exigent la révision de l'accord des augmentations salariales Corps de métiers - Affrontement entre enseignants et UGTT
La signature par la direction de l'UGTT, le 23 janvier dernier de l'accord des augmentations salariales spécifiques pour les universitaires a soulevé un tollé par ces derniers d'autant que la fédération générale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS) n'a pas été consultée avant la signature. Les universitaires considèrent que ces augmentations sont en deça de leurs revendications et exigent la révision de l'accord. Mais pour la direction de l'UGTT ces augmentations ont été calculées en fonction d'une enveloppe globale présentée par le ministère. Les universitaires ont tenu le 31 janvier une réunion au cours de laquelle ils ont exprimé leur colère et leur indignation. Ils ont même reproché au secrétaire général de la FGESRS, Sami Aouadi de ne pas dénoncer clairement cet accord. Nous avons invité ce dernier qui nous a accordé ainsi sa première interview depuis le déclenchement de cette crise.
Le Temps : Parlez-nous du mécontentement des universitaires. Sami Aouadi : Les universitaires sont doublement mécontents. D'abords à l'égard du ministère de tutelle qui leur a réservé une enveloppe pour les augmentations en déça de leurs attentes et de ce qui est leur dû normalement au regard des charges présentielles et d'encadrement supplémentaire qu'ils assurent depuis bientôt trois ans. Les universitaires sont aussi mécontents de l'attitude de la direction de l'UGTT et de sa manière de gérer le dossier des augmentations spécifiques se substituant à leurs représentants syndicaux dans la signature de l'accord et même dans la répartition interne de l'enveloppe des augmentations. Après tant de lutte et de sacrifice les universitaires attendaient mieux de leur centrale syndicale. Ils attendaient de leur direction qu'elle défende des augmentations dignes et de les consulter en tout ce qui les concerne et surtout de ne pas oublier que la crise de 1999 était dûe à l'absence de concertation des structures habilitées. • Mais qu'elle est au juste la position de la FGESRS ? Après la signature - plutôt le paraphe de l'accord - la FGESRS a voulu revenir à ses militants pour information et concertation. Devant le refus de la direction de l'UGTT de nous permettre de tenir un conseil sectoriel pour des raisons nous ont-ils dit réglementaires, la fédération a organisé des assemblées générales dans les principaux pôles universitaires. • Quelle a été la réaction des universitaires présents à ces assemblées ? Ils ont exprimé leur mécontentement et leur indignation. Ils exigent de la direction de l'UGTT de faire réviser l'accord. Certains ont même évoqué des démissions. D'autres réfléchissent à d'autres formes d'organisations syndicales. Mais la majorité des universitaires refusent la politique de la chaise vide qui laisserait libre cours au ministère de régir le secteur à sa guise notamment dans ce contexte de libéralisation accrue des services publics avec ce qu'il comporte de risques de dégradation des conditions du travail, de restruction des libertés académiques et de révision unilatérale des statuts des enseignants. Nos collègues nous demandent de continuer à nous battre en dépit des difficultés et des déceptions au sein de nos structures syndicale actuelles. •Mais concrètement qu'elle a été la réaction de la fédération? La fédération a repris le contact avec la direction de l'UGTT lui expliquant les raisons de la colère des universitaires et leurs exigences quant à la révision de l'accord. •Quelle a été sa réaction? Elle nous a promis d'organiser une réunion entre le bureau de la fédération et des responsables de la fonction publique dans les prochains jours. Pour nous il n'y a pas que la question de l'enveloppe insuffisante des augmentations, l'accord comporte aussi des erreurs quant aux effectifs des enseignants concernés par les augmentations. Nous avons aussi réitéré notre demande de la tenue d'un conseil sectoriel. •Comment a réagi la FGESRS face aux démissions de certains militants Autant je comprend cette attitude exprimant le ras-le-bol ou une certaine impatience, autant j'appelle tous les collègues à persévérer dans l'action syndicale, saine, transparente et concertée que nous menons ensemble depuis des années au sein de l'UGTT avec des rapports parfois tendus avec sa direction. •Comment ont réagi les membres du bureau exécutif de la FGESRS par rapport à cet accord? Le bureau fonctionne de manière collégiale et avec beaucoup de cohésion et de solidarité. Jamais, et en ma qualité de secrétaire général, je n'ai pris une décision individuelle sans consulter mes collègues. Nos réunions sont régulières et notre démarche face aux retombées de cette crise est collective. •Une crise qui rappelle celle de 1999? En 1999 l'ex-secrétaire général du syndicat a fait fi de l'avis de ses collègues et a signé l'accord des augmentations contre leur volonté. J'espère que tout le monde constate aujourd'hui, mon ferme attachement aux décisions collectives prises par les structures habilitées. En 1999 l'ex-bureau du syndicat était divisé. Aujourd'hui, notre bureau demeure soudé et solidaire. En 1999 la masse des enseignants a condamné l'ex-secrétaire général. Aujourd'hui, j'ai pris le soin de présider moi-même les réunions tenues après la signature de l'accord. En gros et en dépit de certaines critiques fondées et parfois non fondées, je peux vous assurer que la FGESRS sort grandiose de cette consultation avec la base. Interview réalisée par