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Le torchon brûle entre l'UGTT et les universitaires
VIE POLITIQUE/SOCIETE CIVILE
Publié dans Le Temps le 02 - 03 - 2009

Moncef Ben Slimane ex-secrétaire général du syndicat de l'Enseignement supérieur : - Un syndicat du supérieur sous la tutelle d'une Centrale est une exception dans le monde -
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Béchir Hamrouni, Secrétaire Général du Syndicat Général de l'Enseignement Supérieur : -Nous exigeons la révision de l'accord sous l'égide d'une représentativité syndicale unie-
La signature de l'accord des augmentations salariales spécifiques pour les universitaires par la direction de l'UGTT, le 23 janvier dernier, dans le cadre des négociations salariales, continue de faire des remous chez les enseignants du supérieur qui jugent ces augmentations en deçà de leurs revendications. Certains d'entre -eux ont même appelé à créer leur propre syndicat. Les réclamations des universitaires sont généralisées. Elles émanent de ceux appartenant à la Fédération générale de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique « FGESRS », ainsi que ceux relevant des autres structures.
Donc, et après avoir donné la parole au secrétaire général de la FGESRS, Sami Aouadi (voir Le Temps du 24 février 2009). On écoute les propos d'autres universitaires.
Le Temps donne, aujourd'hui, la parole à Moncef Ben Slimane ex secrétaire général du syndicat général de l'Enseignement supérieur (l'ancienne structure des enseignants du supérieur). Il a déjà franchi le pas en démissionnant de la Centrale syndicale. Nous invitons également le secrétaire général du syndicat de l'Enseignement supérieur Béchir Hamrouni. A noter que ce syndicat a été dissous par la direction de la Centrale syndicale. Mais la dissolution a été annulée par la justice. Il nous explique ici, les raisons de sa démission, les relations des universitaires et de l'UGTT et l'attitude de la fédération générale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Interviews.
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Moncef Ben Slimane ex-secrétaire général du syndicat de l'Enseignement supérieur : - Un syndicat du supérieur sous la tutelle d'une Centrale est une exception dans le monde -

Le Temps : Vous venez de démissionner de l'UGTT, quelles sont les raisons qui sont à l'origine de cette décision ?
Moncef Ben Slimane : Ma démission est une suite logique à mon départ du BE de notre syndicat en juillet 2005. Je vous rappelle qu'à deux reprises sur les colonnes du « Temps » en octobre 2007 et sur celles de « L'Expression » en décembre 2008 - c'est-à-dire un mois avant la signature de l'accord de janvier 2009- j'avais insisté sur deux choses : les dangers d'un syndicalisme basée sur l'unanimisme de façade et les capacités de manœuvre de la bureaucratie syndicale.
Mais on a continué à faire confiance aux courtisans et à la langue de bois pensant qu'ils pouvaient pallier à l'absence d'autocritique, de débat et de projet syndical ou universitaire pertinent. Le 31 janvier 2009, la dure réalité a vite fait de rattraper les gestionnaires de ce genre de syndicalisme. Et aujourd'hui, on mesure l'étendue des dégâts et le fossé qui sépare les victoires et les acquis promis, et la désaugmentation accordée. Et bien sûr, comme dans toute culture de la déresponsabilité, c'est toujours la faute des autres !
* Cette démission reste quand même minoritaire....
La dignité et la clairvoyance ne se mesurent pas à l'aune de la loi des grands nombres. Moi j'ai suivi les pas de ma collègue démissionnaire, auteur de la lettre ouverte «je vous accuse M. Jrad !». Un texte qui pour moi vaut toutes les motions et déclarations syndicales réunies à propos de la crise.
Cette lettre, la fédération de l'enseignement supérieur aurait dû la tirer en milliers d'exemplaires, la transformer en charte d'honneur, en faire une pancarte et défiler avec devant les bureaux de la direction de l'UGTT.

. Mais on reproche aux démissionnaires leur défaitisme et l'absence de proposition alternative à la crise ?
- Répondre à ceux qui veulent quitter l'UGTT que c'est une attitude défaitiste, relève de la démagogie. Les universitaires qui expriment « le ras le bol » d'aujourd'hui, cherchent à débattre en vue de construire une alternative syndicale autonome des universitaires. Ce n'est pas une lubie comme aiment à le présenter certains ; on pourrait même dire que le cas tunisien, d'un syndicat du supérieur sous la tutelle d'une centrale, est une exception dans le monde.
N'allons pas très loin, en Algérie, nos collègues universitaires ont claqué la porte de l'UGTA et ont fondé le CNES, un syndicat autonome des enseignants chercheurs algériens.
Mais nous n'en sommes même pas là. Observez bien la situation extraordinairement bizarre d'aujourd'hui. Le débat entre universitaires autour de ''rester ou quitter l'UGTT'', se passe sur les colonnes des journaux, Internet et Face Book. A votre avis, qui aurait dû, en premier lieu et avant tout le monde, organiser ce débat ? L'encadrer ? et l'alimenter par des idées et des propositions ? C'est bien sur la fédération de l'enseignement supérieur.
Or, et je le dis avec beaucoup d'amertume, le réflexe de rigueur n'est pas d'encourager la discussion riche et diversifiée, la bonne empoignade intellectuelle, l'explosion d'idées et d'initiatives...Au contraire, la mobilisation des structures et d'un certain genre de pratiques sont là essentiellement pour contrer la différence et défendre le syndicat et la pensée UNIQUES.

. Vous avez l'air de reprocher à la Fédération son attitude face à la direction de l'UGTT ?
- Par rapport au conflit qui nous oppose à la direction de l'UGTT, je vais vous faire part d'un constat que partage sans doute avec moi un nombre non négligeable de collègues. Les universitaires ne comprennent pas que ceux qui, suite à l'accord de décembre 1999, ont voué aux gémonies Touati, à l'époque secrétaire général de notre syndicat, collecté plus de 1000 signatures contre cet accord, organisé rassemblement sur rassemblement contre Sahbani, mobilisé les collègues dans toutes les régions et institutions, déposé une plainte auprès des instances syndicales internationales...les mêmes, aujourd'hui, face à une situation plus grave et des dépassement plus choquants gardent le silence, hésitent et, en fin de compte, ménagent le BE de l'UGTT de façon consciente ou inconsciente.
Je me demande ce qui se passe dans leur tête. Je ne veux pas croire ce qui circule sur Internet, mais je dis : Il ne faut point s'étonner de voir foisonner ici et là des rumeurs, insinuations et accusations quand on donne l'impression de laisser couler de l'eau sous les ponts.
Pourquoi avoir attendu 2 mois avant de réunir les cadres syndicaux pour les tenir informer du déroulement des négociations ? Observez bien, un mois est passé sur l'extraordinaire cri de colère des universitaires du 31 janvier 2009 face aux comportements indescriptibles de l'exécutif de l'UGTT. Que note-t-on ? pas d'action, ni de mobilisation qui soient à la hauteur des évènements, à la hauteur du NON total et général brandi à la face de qui vous savez. Calmer les troupes sert les intérêts de qui, à votre avis ? Pas des universitaires, en tous cas.
Avec la bureaucratie syndicale il faut toujours être prudent et ferme car comme le dit le proverbe « elle vous lèche puis vous lâche et, enfin, vous lynche » On oublie très vite ce qui est arrivé à la direction du syndicat de l'enseignement supérieur en décembre 1999. C'est un cas d'école.

. Quel avenir donc pour le syndicalisme universitaire ? Faut-il quitter l'UGTT ?
- Cette question est importante et mérite réflexion et débat. Il circule une idée autour de la rupture avec le tabou du syndicat unique en fondant une nouvelle association professionnelle autonome des universitaires. Mais c'est une naissance qui risque de se faire dans la douleur. Evidement, contre ce projet, vous avez les rhéteurs de circonstance qui vont promettre, comme ils l'ont fait dans le passé, aux universitaires des augmentations et des avantages dans les mois à venir s'ils restent sous le toit bienveillant de la direction. Ils seront soutenus en cela par le BE de l'UGTT qui jurera ses grands dieux un soutien indéfectible et sincère des universitaires etc , j'ai déjà assisté à ça à la réunion de clôture de la grève administrative.
Le scénario est classique et banal. Il ne trompe que ceux qui veulent bien se tromper. C'est un scénario qui joue sur les angoisses et les frustrations du corps enseignant fortement fragilisé socialement, académiquement et culturellement.
Vous savez sur cette question du pluralisme syndical, l'UGTT réagit exactement comme le Néo-Destour des années 70.

. On sent comme un sentiment de résignation dans vos propos...
- Peut-être bien que oui. Malheureusement, à l'occasion de cette crise, on continue à brandir des termes comme unité syndicale, victoires, acquis, actions saines, etc. Un lexique désuet et dépassé.
On peut dire ce qu'on veut mais les faits sont têtus : deux décennies de sacrifices et d'efforts des universitaires pour améliorer leurs conditions en militant au sein de l'UGTT, dont la direction leur a promis monts et vallées.... débouchent sur des broutilles.
Les syndicats et syndicalistes sérieux et courageux savent faire des bilans et tirer des leçons, même lorsqu'ils sont durs à accepter. Ils ont le courage de s'arrêter sur leurs propres erreurs pour faire leur autocritique et avancer. A contrario, l'école syndicale préférée de la bureaucratie apprend à pérorer des discours vides, d'une banalité déconcertante, dans des assemblées où les gestes et les mots sont formatés à tel point que toute réunion devient un véritable supplice.
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Béchir Hamrouni, Secrétaire Général du Syndicat Général de l'Enseignement Supérieur : -Nous exigeons la révision de l'accord sous l'égide d'une représentativité syndicale unie-

Le Temps : Quelles sont les raisons de la colère des enseignants ?
Béchir Hamrouni : L'Université tunisienne vit une crise qui ne cesse de s'amplifier au cours du temps. Cette crise touche les activités d'enseignement, les activités de recherche et surtout les conditions morale et matérielle des enseignants chercheurs. Certains tentent d'expliquer le mécontentement voire la colère des collègues par le fait que les augmentations spécifiques ne répondaient pas à leurs attentes et par l'attitude de la direction de l'UGTT à leurs égards. Cette explication vise à cacher la forêt des problèmes que vit le secteur de l'enseignement supérieur et cette misérable augmentation spécifique et ce dépassement de la direction de l'UGTT ne constituent que la goutte qui a fait déborder le verre.

. C'est-à-dire ?
- Nous avons depuis le 12 Octobre 2006 date de la réunion du bureau du Syndicat Général de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique avec Monsieur le Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie, exposé un diagnostic détaillé de cette situation. Et depuis nous n'avons pas cessé d'insister et de revendiquer :
* La révision des statuts et des textes organisant la vie universitaire,
* Le développement de la recherche scientifique à l'Université,
* L'amélioration du pouvoir d'achat des universitaires en se basant sur les exigences de la réforme LMD et sur la récompense de l'effort,
* La retraite des enseignants chercheurs,
* Les conditions professionnelles des enseignants technologues,
* La garantie des conditions matérielles et pédagogiques minimales pour le fonctionnement normal des établissements universitaires d'enseignement et de recherche, en particulier ceux de l'intérieur du pays.

. Mais mises à part ces revendications, ne pensez-vous pas que la représentativité syndicale qui souffre de la division affaiblit la position des universitaires ?
- A tous ces problèmes se greffe la crise de la représentativité syndicale à l'Université qui, de l'avis de tout le monde, tourne au ridicule. Soucieux de l'intérêt du secteur, nous étions parvenus à une proposition commune avec le Syndicat des Professeurs et celui des Technologues annoncé dans une conférence de presse tenue le 15 Juillet 2006 à l'hôtel Diplomat. Il s'agit de défendre la création de Syndicats Nationaux par catégorie d'enseignants et une Fédération pour la coordination entre eux : un Syndicat National de Professeurs et Maîtres de Conférences, un Syndicat National des Assistants et Maître assistants et un Syndicat National des Enseignants Technologues. Nous avons repris l'initiative de relancer la recherche d'une solution, en septembre 2008, en contactant l'UGTT et la majorité des membres du BE. Mais le bon accueil et les louanges de notre initiative n'ont abouti à rien.

. Parlons de votre position à l'égard des augmentations
- Pour ce qui est des augmentations spécifiques, nous avions dès le départ refusé, arguments à l'appui, l'idée de les inclure dans le cadre des négociations salariales générales. En effet, nous croyons que les enseignants-chercheurs méritent des augmentations substantielles qui ne peuvent se justifier que dans le cadre de la révision de leur statut. C'est ce que nous avons défendu lors de la réunion avec le ministère, le 03/01/2008. Notre statut qui date de 1993, en plus de ses insuffisances, ne s'adapte plas à la nouvelle réforme LMD dans sa forme et dans son fond. Alors nous avions souhaité et demandé que la révision du statut advienne avant ou en parallèle avec le lancement de la réforme LMD, il y a trois ans. Il est à rappeler que nous gérons une réforme en profondeur et qui n'a rien à voir avec les précédentes car sa réussite repose sur un changement de mentalité (chez les enseignants, les administratifs et les étudiants), sur une nouvelle approche de la formation et de sa gestion et surtout sur l'adhésion totale des enseignants-chercheurs. Or la révision, à temps, du statut aurait pu contribuer à créer des conditions plus favorables à sa réussite et surtout à canaliser et inciter au changement de mentalité exigé par cette réforme.
Or ce que nous constatons aujourd'hui c'est que la charge horaire annuelle des enseignants chercheurs a augmenté de 1/3 (entre 11 et 24 heures de cours et plus de 100 heures pour les examens de contrôle et leurs corrections). Devant cette réalité que nous avons étalée dans notre communiqué syndical du 22 / 11 / 2008, les collègues universitaires étaient très attentifs à la remarque « insinieuse » du secrétaire général de la fédération générale de l'enseignement supérieur que je cite « la proposition du ministère ne comporte aucune contre-partie d'heures supplémentaires d'enseignement contrairement à certaines rumeurs ». Ils commençaient déjà à se poser des questions sur ces insinuations et sur l'absence d'une position franche de refus de ces augmentations. Ils ont eu par la suite, quand la centrale s'est permis de signer l'accord à leur place que le match était vendu. C'est ce qui explique les démissions, l'intention de sortir du cadre de l'UGTT et le retrait de confiance du bureau de la fédération FGERS. En effet, sur ce plan la crise actuelle est bien réelle et pire que la crise artificielle de l'accord de 1999. Le militant Mustafa Touati secrétaire général en 1999 a été diabolisé pour avoir signé, poussé par la direction de l'UGTT, un accord rapportant aux collègues entre 340 et 181,5 dinars par mois pour une augmentation de 1/5 de la charge horaire. Aujourd'hui les mêmes personnes qui ont refusé à l'époque ces augmentations acceptent des augmentations entre 125 et 60 dinars sur trois ans pour une augmentation de 1/3 de la charge horaire. Alors les collègues ne se trompent plus.

. Quelles sont les propositions que vous avancez ?
- Il est malheureux et regrettable devant les efforts louables consentis par la nation au secteur de l'enseignement supérieur, que cette situation se prolonge. La responsabilité est tripartite. Le ministère a le devoir d'associer activement et d'une manière sérieuse les universitaires et leurs structures dans tout ce qui relève de leurs compétences et doit œuvrer pour leur octroyer les conditions morales et matérielles pour qu'ils puissent s'acquitter de leurs tâches dans des conditions normales. La direction de l'UGTT a aussi le devoir de respecter les universitaires dans leurs décisions et d'user de son pouvoir pour mettre fin aux épisodes sans fin de la crise de la représentativité syndicale. A ce sujet, je tiens à rappeler que notre bureau n'a jamais cessé de tendre la main pour sortir de la crise syndicale.
Enfin, c'est aux universitaires eux-mêmes de se mobiliser pour mettre fin à cette situation. Le ministère et l'UGTT ne seraient réceptifs à nos doléances que si on est organisés, unis et combatifs. Notre université mérite, à son 50ème anniversaire, qu'on la défende et qu'on la serve dans l'intérêt général du pays et loin des calculs égoïstes.
Encore une fois, nous réaffirmons notre attachement au dialogue avec toutes les parties et notre adhésion à toute initiative sérieuse et crédible pour faire sortir le secteur de la crise. Les changements et les mutations que vit l'Université nous poussent à réfléchir sérieusement à une restructuration adéquate et efficace permettant la représentativité de toutes les composantes de l'Université sans exclusive ni hégémonie.
La proposition des Syndicats Nationaux par catégorie et une Fédération de coordination, suggérée par la majorité des enseignants constituent pour nous une bonne solution.
. Mais vous ne répondez pas à la question du choix de rester ou de quitter l'UGTT et de ses conséquences ?
- Ceux qui défendent le fait de rester au sein de l'UGTT représentent une tendance qui a toujours existé dans les mouvements syndicaux et politiques. Ce sont des conservateurs qui n'aiment pas bousculer les hiérarchies, les institutions, les pouvoirs de toutes sortes. Ils sont comme ça dans la vie comme dans la lutte.
Pour reprendre la fameuse parabole du « malentendu dans un couple », à propos de notre conflit avec l'exécutif de l'UGTT ; pour une gifle, certains divorcent, d'autres préfèrent continuer à préserver les liens sacrés du mariage.
Dans tous les cas de figure, ceux qui ont appelé - soit après le putsch de Korba en 1971 contre l'UGET, soit suite à l'incarcération de la direction légitime de l'UGTT en janvier 1978- à reconnaître Habib Chaghal et Tijani Abid pour « lutter de l'intérieur » et « obliger la direction à des concessions »etc, ceux-là se sont trompés. Ce n'est pas moi qui le dit mais les 2 plus grands tournants historiques du syndicalisme étudiant et ouvrier de notre pays.
C'est la configuration idéologique de ces militants - qui sont, par ailleurs, souvent sincères- qui les empêchent souvent de percevoir les moments opportuns ou les contextes de rupture pour sortir des sentiers battus et bâtir du nouveau.

. Vous vous attendez à une aggravation de la crise avec la direction de l'UGTT ou à une accalmie ?
- J'ai bien peur que le BE de l'UGTT n'autorise la direction de la fédération de l'enseignement supérieur à réunir ses cadres que s'il a la garantie que les présents baisseront les bras devant la signature de l'accord et entérineront la clôture de toute négociation salariale pour les 3 années à venir.
Bien sûr, on mettra les formes qu'il faut pour nous faire avaler la pilule comme savent bien le faire les professionnels du syndicalisme. Il y'aura bien sûr un « château en Espagne » pour chaque universitaire offert par la direction de l'UGTT !

. Que pensez-vous des dernières déclarations du secrétaire général de la fédération à propos du différent avec le BE de l'UGTT?
- La première sur El Mawkef est, le moins qu'on puisse dire, maladroite. Il valait mieux dire MALENTENDANTS et non MALENTENDU. Sur le Temps, la déclaration renvoie dos à dos le ministère et la direction de l'UGTT, c'est un peu mieux. Mais en la lisant, ça a provoqué chez un collègue la réflexion judicieuse suivante : « il faut commencer par balayer devant sa porte !»


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