* De Moraïs : -Il fallait absolument remettre les joueurs en confiance- * Ils étaient 40 mille à soutenir leur équipe ! Mercredi soir, une violente grêle s'abattait sur le stade d'El Menzah. "Mauvais signe" murmurèrent les superstitieux parmi les Espérantistes. "De bonne augure" rétorquèrent quelques autres. La soirée s'annonçait donc copieusement arrosée. Mais plus le ciel grondait, plus les orages implosaient le déluge et plus les cris de 30 mille supporters stoïques s'amplifiaient, dans un tintamarre assourdissant. Et du coup, il s'est mis à faire chaud dans un stade qui d'habitude, vit mal les intempéries. Ils étaient venus en masse bravant les fureurs célestes et ravalant les leurs. Cette Espérance meurtrie un jour de derby, tournée même en dérision par un Club Africain ayant su jouer sur une certaine fibre affective et ayant surtout transformé un moment de tristesse en communion, puis en fête; cette Espérance avait donc besoin de se ressaisir rapidement. Ce n'était pas facile. Et en plus, a posteriori, on réalise que ses jeunes joueurs sont encore mentalement vulnérables et que la pression pesant sur eux, du fait du leadership, avait un prix. Le contrecoup de Radès en fut l'illustration. Mais aussi le dénouement logique d'une spirale dépressive ces dernières semaines, une crispation paralysante, une tension entre les joueurs et, finalement, une rupture de communication avec les entraîneurs. Peut-être a-t-on un peu trop (et trop vite) prétendu d'une équipe qui présente certes le meilleur potentiel humain et technique du pays, qui a été fortement renforcée durant le mercato d'hiver, mais qui n'a pas eu encore le temps d'optimiser ce potentiel. Sauf que l'Espérance ne peut pas attendre. Son destin à la Sysiphe lui commande de remonter chaque jour la pierre sur les hauteurs. Car sa place est sur les hauteurs. C'est ce que sont venus expliquer 30 mille Espérantistes mercredi soir à leurs dirigeants et à leurs joueurs. Ils sont venus leur faire comprendre qu'il fallait de nouveau cimenter l'union autour de l'Espérance. Et cette union ce sont les "30 mille Oulidha" qui peuvent la reconstruire. Exclusivement autour de l'équipe et non autour des personnes . Cela s'est fait loin cependant de toute effusion jaculatoire. Cette montée en puissance du public espérantiste ne manque pas de pittoresque, de pathétique et, surtout, elle ne manque pas de ferveur. Mais en filigrane, elle distillait deux messages percutants. Le premier est que le Club Africain n'a pas, selon les Espérantistes, l'exclusivité du "public en or". En termes de stoïcisme, de fidélité aux couleurs de leur club, les Espérantistes sont de plus en plus irrités par ces slogans exaltant l'impressionnante galerie clubiste. Quelque part, les supporters espérantistes ressentent le besoin de rééquilibrer la balance. Et ils s'en veulent après coup, de s'être éloignés de leur équipe quand elle s'est mise à les ennuyer avec ce leadership long de presqu'une décade. Quand une équipe devient trop longtemps invincible les premiers à s'en lasser sont effectivement ses supporters. Le deuxième est chargé de politique. Ces 30 mille supporters voulaient dire ceci, mercredi soir: l'Espérance c'est d'abord nous, tous ces "Oulidha". Et alors nous en avons marre des querelles de clocher, des différends entre notables et des conflits de clans. Cela veut dire en somme que l'Espérance c'est d'abord eux. Ceux qui sont tout autour sur les gradins et partout ailleurs. Ils sont liés les uns aux autres par un fil invisible et qui en fait une seule et unique famille: "Espérance"… Et non pas cinq comme le disent quelques dandys… Cette famille c'est en somme "le refuge et la source". Et c'est par là que doit éternellement repartir l'Espérance. Raouf KHALSI -------------------------------------------
De Moraïs : -Il fallait absolument remettre les joueurs en confiance-
Après son flop du dimanche dernier, l'Espérance S.T n'avait pas droit à l'erreur. En foulant la pelouse d'El Menzah, les joueurs "Sang et Or" étaient confrontés à un double objectif se réhabiliter en renouant avec la victoire au détriment de la manière s'il le faut mais surtout répondre à la confiance placée en eux par leurs supporters. Ils étaient près de 40.000 en cette froide et pluvieuse soirée du mercredi. Un nombre auquel on ne s'attendait pas après la colère vécue au stade de Radès.
Un score piège Le staff technique de l'Espérance a promis des changements dans l'équipe rentrante, il y en a eu à 40% avec la titularisation de Kasraoui, Sameh Derbali, Janvier, Souissi et Achour. Les changements ont notamment concerné le compartiment de la défense où Zied Derbali a retrouvé son poste de prédilection dans l'axe, Sameh Derbali sur le flanc droit, un poste qu'il a déjà occupé par le passé et une surprise, celle de voir Janvier occuper le flanc gauche où il n'a pas semblé à l'aise. Il a d'ailleurs été suppléé par Chemmam pour passer à droite là où il a souvent donné satisfaction. Le compartiment de l'entrejeu a bénéficié de l'apport de deux joueurs dont la fraîcheur physique a été d'un apport précieux pour toute l'équipe. L'Espérance a remporté cette première manche sur le score de 2 à 1, un score piége en prévision du match retour à El Ismaïlia dans quinze jours. Une victoire par 1 à 0 aurait été mieux perçu. Cela ne semble pas avoir dérangé De Moraïs qui a commencé par remercier le public qui est venu en grand nombre soutenir ses joueurs avant d'ajouter : -L'équipe a su réagir et tout est à leur honneur après les circonstances vécues il y a quelques jours. Il était possible de l'emporter par un score plus important mais je pense que l'objectif recherché en premier lieu était de faire reprendre confiance à l'équipe et à toutes ses composantes. Maintenant que c'est fait, nous allons travailler dans une ambiance beaucoup plus sereine, facteur qui nous permettra de bien négocier nos prochaines rencontres.- Un José De Moraïs visiblement rassuré par la prestation de ses joueurs qui sont, malgré tout passés à côté d'une victoire beaucoup plus réconfortante.
Problèmes de concrétisation Pour la simple raison qu'encore une fois, le réalisme a fait défaut à des attaquants qui continuent à pêcher par leur manque de lucidité devant les buts adverses. A 1 à 0, Bouazzi mis dans une position idéale rate un but immanquable et par la même occasion de réussir le break. D'autres opportunités seront loupées face à une équipe d'Al Ismaïli quelque peu surestimée, même si on nous dira que ses joueurs ont été handicapés par l'état de la pelouse rendue glissante par les dernières pluies. Ricardo l'entraîneur de l'équipe égyptienne a été quelque peu surpris par la prestation de l'Espérance qu'il a visionnée lors du derby de dimanche dernier : -Aucune comparaison avec l'équipe que j'ai vue il y a trois jours. L'Espérance S.T nous a posé beaucoup de problèmes. A 2 à 0, nous avons pressé l'adversaire dans sa zone pour marquer au moins un but. Ce qui fut fait et nous sommes même passés à côté de l'égalisation. Ce but marqué en déplacement peut s'avérer utile au match retour. Maintenant ce même match va être plus difficile à négocier et nous allons le préparer dès notre retour au pays.- Il faut dire que Ricardo a bien étudié le jeu de l'Espérance pendant toute une mi-temps (la première) et apporter quelques retouches dans le placement de ses joueurs pour mieux gérer la suite du match et aboutir à un résultat qu'il estime rassurant en attendant le match retour. Ce sera une autre paire de manches pour les deux équipes qui gardent les mêmes chances de qualification. Rafik BEN ARFA ------------------------------------------ Ils étaient 40 mille à soutenir leur équipe !
Ils étaient près de 40 000 supporters espérantistes mercredi au stade olympique d'El Menzah. Personne ne s'attendait à une affluence aussi importante et ce pour deux raisons : la nette défaite essuyée trois jours plus tôt dans le derby d'abord et les bien mauvaises conditions atmosphériques ensuite. Outre la programmation de la rencontre à une heure tardive de l'après-midi de ce même mercredi. Les supporters ont suivi pendant deux bonnes heures, stoïques, sous une pluie battante les péripéties d'un face-à-face qui les a réconciliés un tant soit peu avec leurs favoris avec un léger arrière goût d'amertume, le score final n'était pas aussi rassurant qu'ils le souhaitaient. Cette présence massive du public est beaucoup plus un signal aux joueurs qu'autre chose. Les sacrifices consentis par ce public par le biais de dépenses inhérentes au transport, au prix du billet d'accès au stade et au détriment d'affaires personnelles (famille et études) sont synonymes d'un attachement sans bornes pour les couleurs de l'équipe. C'est pourquoi les joueurs doivent leur rendre la pareille : répondre à cet "amour" par le biais de trois qualités : le cran, l'état d'esprit et la grinta.