Ce n'était pas un richard, mais il avait hérité de son défunt père un terrain situé dans un endroit stratégique de la capitale. Ce quadragénaire n'était pas trop versé dans l'immobilier et il n'avait aucune idée sur ce que ce lopin de terre pourrait lui rapporter. Il détenait les documents datant du vivant de son père, prouvant de manière indubitable que ce dernier était le propriétaire incontestable dudit terrain. Il présenta ces documents à un parent, qui prétendait connaître parfaitement les affaires immobilières. Après avoir jeté un coup d'œil sur les titres de propriété portant le nom du De Cujus, il certifia au quadragénaire que celui-ci est devenu désormais, l'unique et incontestable hériter d'un riche patrimoine, à savoir ce terrain en pleine capitale. L'hériter avait les yeux qui brillaient de bonheur. Ce n'est pas donné à n'importe qui, en effet, de devenir milliardaire du jour au lendemain. D'autant plus que le parent lui promit de lui trouver des acquéreurs à des prix très intéressants. Ce qui lui donna de l'eau à la bouche et son cousin s'attela à la charge, en faisant de la publicité pour attirer d'éventuels clients. Quelque temps plus tard, une première vente de ce terrain fut conclue à un prix intéressant, et le contrat fut établi et dûment signé par les parties. Cependant, le parent suggéra à l'hériter une deuxième vente du même terrain, à un prix plus élevé. « Mais on a déjà vendu » objecta la propriétaire. « Qu'à cela ne tienne ! on annulera la vente précédente et on restitue son argent au premier acquéreur. Tu crois pas qu'on gagne au change ? » répondit le cousin futé. Cependant, non seulement le premier acheteur ne sera même pas mis au courant de cette deuxième vente, mais d'autres ventes suivirent. L'hériter, tiqua au départ, mais finit par ne plus rien dire surtout lorsqu'il constata que le fruit de ces ventes lui rapportait plus de cinq cent mille dinars. Or l'un des acheteurs qui voulut enregistrer sa vente à la conservation foncière, constata que le terrain en question était déjà enregistré et depuis longtemps, au nom d'une agence immobilière nationale à laquelle le père avait déjà cédé le terrain de son vivant. Et ce fut de cette manière que le pot-aux-roses fut découvert, suite à la plainte déposée par l'acheteur. Informés, les autres acquéreurs finirent par porter plainte. L'hériter était-il au courant de ce détail ? car à vrai dire, il détenait des documents anciens, qui établissaient la propriété de son père, et au vu desquels il a procédé à ces ventes, encouragé évidemment par son cousin. Aussi s'était-il retrouvé avec celui-ci devant le tribunal, après avoir été tous les deux inculpés d'escroquerie. L'hériter déclara que non seulement il ignorait le domaine de la vente immobilière, mais en plus il souffrait de troubles nerveux. Il ajouta que c'était pour cette raison qu'il avait compté sur son cousin, qui l'avait entraîné finalement dans cette galère. Le cousin déclara à son tour qu'il n'était pas au courant que le terrain en question était déjà vendu à l'agence nationale immobilière. L'avocat de la défense plaida la bonne foi de son client, l'hériter et par conséquent l'absence de l'élément moral de l'infraction. Quant au cousin, il avait dés le départ l'intention de restituer l'argent au premier acquéreur. Mais il a été surpris par les événements et la situation avait fini par faire boule de neige. La défense sollicita les circonstances atténuantes. Le tribunal, condamna chacun des deux accusés à un an de prison. Ils ont été en outre condamnés à payer des dommages et intérêts aux victimes des ces manœuvres frauduleuses portant préjudice à plus d'un.