Un seul groupe, mais deux camps. Le G 20 est traversé par un clivage entre les défenseurs de l'économie réelle d'une part et les fervents de la finance de l'autre. Cette crispation favorisera-t-elle un accord commun ? Ici et maintenant. Les pays européens et les BRIC, font bloc. Ils veulent donner toutes ses chances à la relance économique pour aller tout de suite vers une sortie de crise. Mais, pas seulement. Ils veulent, lors de ces Etats Généraux de l'économie, « moraliser » le capitalisme. C'est nécessaire. Au vu des dégâts générés par la crise actuelle, l'affaire ne soulève pas de doute. Les Etats ont servi de firewall, ils ont repris la main face au marché global, rebelle et insoumis, et veulent la garder. Leur objectif, est d'engager une refondation du capitalisme leur permettant de soumettre le marché à une supervision, sans inhiber son dynamisme et sans porter atteinte à l'esprit d'initiative. Est-ce possible ?
La divergence des finalités Sans se jeter dans un débat polémique et des spéculations à n'en plus finir, l'opposition tacite mais non moins ferme du camp anglo-saxon à la réforme du système, n'autorise pas un grand optimisme. Le camp anglo-saxon vit déjà dans la société post-industrielle. A titre d'exemple la Grande-Bretagne réalise environ 15 % de son PIB à partir des services financiers. Les retombées de la crise sont moins lourdes à supporter que pour les pays où l'industrie demeure le secteur d'activité dominant. Et c'est le lot du reste des pays européens et des pays émergents. Fatalement, cela se ressentira dans la différence du traitement de la crise et du recours à apporter à l'économie. Pour les premiers, il coule de source qu'il s'agira d'indemniser les consommateurs, pour faire repartir la demande. Pour les seconds il est urgent d'aider le secteur productif et automobile en priorité, à se restructurer, seul moyen de préserver les emplois et de continuer à créer des richesses. Mais la question n'est pas sans conséquences. Une crise économique en Europe c'est l'assurance, demain d'une crise politique aux suites incalculables. C'est sous ce prisme des dérapages institutionnels qu'il faut regarder le sommet de Londres.
Les raisons de la colère La consigne à la City, en ces temps de « chahut » ambiant avant la tenue du sommet est d'adopter un profil bas. Il est vrai que les banquiers sont la cible de la grogne des 50 millions de chômeurs dans le monde. Ayant échappé à toute supervision, ils n'ont pas manqué de verser dans une martingale sans nom avec les subprimes et ont détruit des richesses lésant des millions de foyers dans le monde. La chute des capitalisations boursières a été sans précédent. On parle bien d'une perte de 25.000 milliards de dollars partis en fumée. Le recul de la croissance mondiale est aussi à prendre en considération. C'est un gâchis. Alors « moraliser » les pratiques de bonus et de parachutes dorés devient une revendication légitime d'autant que l'on ne trouve aucun référentiel scientifique justifiant ces pratiques. La théorie économique ne fait aucune place aux bonus . Ils n'ont aucune filiation génétique. Les seules variantes du système sont les salaires, les profits et les taux d'intérêt, alors exit les stock options et autres formes de « Bakchich ». Il n'y a rien de bien subversif à contrôler les paradis fiscaux qui ferment les yeux sur les engagements des hedge funds qui font de la spéculation sauvage sans avoir à rendre compte à personne.
Sorry, il faut faire repartir l'industrie Qui du traitement de l'économie ? Là encore l'opposition est bien manifeste. Les pays industriels considèrent que l'appareil de production n'a pas senti le vent tourner et ne s'est pas ajusté aux exigences de l'économie durable et des contraintes de l'environnement. Soit. Faut-il pour autant le laisser agoniser au motif que la destruction est créatrice et qu'à la place repousseront des opérateurs plus en phase avec le marché et qui feront repartir la machine. L'autre son de cloche est tout de même plus réaliste. Recapitaliser l'industrie, lui procurer les moyens qu'elle n'a pas su générer et la prédisposer à fabriquer les produits que le marché réclamera demain quand la reprise sera là. « It makes sens » !
Se méfier des effets d'annonces C'est le Directeur Génral du FMI en personne qui a prévenu du mirage des effets d'annonce. Le Sommet pourrait s'engager sur un agenda favorable. Mais il faudra qu'il le tienne. C'est à l'opinion d'être vigilante pour que les résolutions deviennent réalité. La marché global a déraillé parce qu'il n'était pas coiffé par une réglementation supranationale qui a doublement fait défaut. Elle n'existe pas et puis on ne sait trop à qui la confier quand on la mettra au point. En dehors de cette perspective de discipline financière qui pourra nous prémunir demain des nouveaux excés de la finance. La question prend un relief grave quand on l'observe du côté des pays émergents qui ont cru à la mondialisation, qui ont désarmé au plan douanier et qui ont engagé des réformes audacieuses et qui entonnent à leur tour la complainte des gens sans travail. Ces derniers disent que les financiers ont été à l'origine de la crise et les salariés en font les frais. Un capitalisme équitable sortira-t-il de cette mère des batailles pour l'équité. Un capitalisme à visage humain, est-ce trop demander ?. Son signalement est tout simple. C'est le portrait du capitalisme sans le libéralisme. Waite and See. Un capitalisme régulé par des Etats qui lui veulent du bien. Allez Président O'Bama, vous avez bien inauguré votre mandat avec le slogan « Yes, We can », que nous avons repris en choeur derrière vous. On vous demande juste de la cohérence c'est à dire de faire ce que vous avez dit.