Un nouveau directoire mondial est en train de se mettre en place. Le risque est qu'il vire au club des nantis. Les pays en développement seront-ils les laissés pour compte ? Le retour sur scène du FMI peut-il nous en préserver ? Le sentiment après le G 20 de Londres est au soulagement. Le monde, représenté par le dessus du panier, c'est à dire les pays qui composent le G20 est apaisé. La relance semble faire consensus. La « moralisation » des mœurs du système bancaire est ébauchée. Le retour en force du FMI semble acquis. On lui a promis les moyens de renflouer le commerce international autant que pour soutenir les Etats défaillants. Quelle sera la part des pays émergents et en développement ? Verdict les 25 et 26 avril journées cruciales pendant lesquelles seront débattues les questions relatives au renflouement du Fonds et aux perspectives de sa réforme qui ne fait que s'imposer.
Un Sommet. Quel Bilan ? L'Amérique n'a pas joué les trouble-fêtes au G20 ce jeudi 2 avril à Londres. D'une certaine façon, elle est à l'origine du cataclysme et puis comme le rappelait le président Nicolas Sarkozy « nous sommes tous dans le même bateau » alors autant que ce soit le radeau de bonne fortune. D'une certaine façon, le sommet de Londres l'a été à en juger par ses propositions. Le tout est de savoir s'il ne manquerait pas de résolution pour la suite des événements. Il est vrai que dés le lendemain vendredi 5 avril les ministres des finances de l'Eurogroupe se sont mis à « plancher » pour mettre en application les pistes de redressement et d'assainissement du système financier. La partition a été écrite et il convient rapidement de la mettre en musique. Dans les jours qui viennent nous serons fixés sur les modalités pratiques qui seront choisies. L'on va probablement garrotter les salles de marché et leurs occupants, ces magiciens de la prospérité virtuelle. L'on va, en toute vraisemblance réactiver le comité de Bâle et les organisations qui en dépendent dont le Conseil de stabilité financière. Saura-t-on créer un référentiel contraignant pour des règles prudentielles qui nous préserveront à l'avenir d'éventuelles pratiques de « manipulation » des comptes financiers des banques et autres établissements de crédit nous mettant à l'abri d'éventuels scénarios -catastrophes. En un mot jusqu'à quel niveau ce que les Etats de l'UE ont appelé « l'Etatlon légal » a-t-il été réalisé ? A côté de cela on nous apprend que l'on a fait la part belle au FMI. Ce sont 750 milliards de dollars qui lui seront confiés. Sous peu ? On nous le promet. Ce téléthon international, devrait se concrétiser et déjà deux premiers donateurs ont mis la main au portefeuille. La reconfiguration du FMI, quel espoir pour les pays émergents ? 1100/19. En théorie le FMI doit pouvoir tripler ses ressources si les promesses du G 20 se vérifient. Le Fonds va toucher directement 500 milliards de dollars dont on nous dit que séance tenante le Japon a annoncé en honorer 100, l'Union Européenne pour sa part apporterait 100 également. Le Canada, la chine et la Norvège ensemble compléteraient cinquante autres. Il reste les principaux contributeurs du fonds dont la Suisse à réunir les 250 qui restent. Une arithmétique saine nous promet-on car les contributions seront prélevées de manière directe via les banques centrales et donc ce ne serait pas de la dette et que par conséquent ça ne va pas faire repartir l'inflation. Ces fonds seront donc destinés à épauler les pays en risque de défaut. En plus de ces 500 on prévoit 250 autres milliards de dollars cette fois qui iront renforcer les droits de tirage spéciaux. Les DTS, sont une facilité que les pays dans le besoin peuvent utiliser pour se donner des réserves de change et soutenir leur monnaie. L'ennui est que l'émargement sur les DTS se fait au prorata de la contribution des pays au capital du Fonds. Il faut savoir, comme l'a si bien annoncé le DG du Fonds que l'Afrique contribue pour 7 à 8 % au capital. Sa quote-part dans les DTS sera donc de 19 milliards de dollars. Oh, le pactole ! Il faut également rappeler qu'une autre rallonge de 250 milliards de dollars sera injectée afin de booster le commerce international grand soutien de la croissance. Enfin 100 milliards iront à la Banque mondiale et à la BERD, cette banque destinée à financer les pays de l'Europe Centrale et de l'Est, ainsi qu'à d'autres organismes de développement pour soutenir les efforts de développement. Quelle part sera réservée à la BAD, on ne sait trop.
Le G 20, une –Cène- pour -happy Few- De tout ce qui a été destiné au G 20 ne porte une trace spécifique pour les pays émergents. Sur les 1100 milliards leur reviendront peut être des miettes alors qu'ils sont des victimes collatérales durement sinistrées. De loin on voit le système financier mondial faire acte de moralisation. C'est bien. Les voies du commerce international peuvent repartir, c'est tant mieux. Et quid des IDE ? on ne sait trop. Et tous ces relents de protectionnisme, qui pourra nous en protéger. Maigre récompense pour des pays qui ont eu un comportement pour le moins respectable. Ils se sont tenus à l'écart de cette martingale mondiale des « subprimes ». Ils l'ont regardée avec abstinence peut être flairant le retour de bâton. Ne pas oublier que ces pays ont accepté de réformer leur système économique au prix de grands sacrifices sociaux. Ils ont choisi la voie de l'épreuve misant sur la croissance et l'emploi. En retour qu'auront-ils demain. Ils regardent le G 7 celui-là même qui lors de sa réunion à Palerme avait tout simplement omis d'évoquer l'Afrique dans sa déclaration finale s'agrandir à 20. Comment après cet outrage à continent, regarder le G 20 autrement que comme un cercle de nantis qui se penchent sur les problèmes des nantis. On est dans le même bateau mais il ne faudrait pas que les pays émergents en soient les soutiers. On espérait un nouvel ordre mondial équitable mais pas arrangé. Le G 20 regarde avec beaucoup d'auto-satisfaction la chine revendiquer une place et plus d'audience au FMI. Mais la chine n'est qu'un énorme meccano commercial et manufacturier qui n'est pas représentatif des pays émergents. Ce pays a pactisé avec les USA, en « pegant » sa monnaie au dollar. Elle a donc d'une certaine façon choisi son camp. Les jeux ne sont pas encore faits et les paris restent ouverts. Les prolongations du G 20 jusqu'au 25 et 26 avril laissent une brèche pour défendre la cause du continent. Ce sera encore une fois une épreuve de vitesse. Il faut faire vite, faute de quoi on serait pris de court.