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Miel - amer -
Enquête - La facture du mariage de nos jours
Publié dans Le Temps le 14 - 04 - 2009

Malgré le mauvais temps qui sévit ces derniers jours, on pense déjà à l'été prochain, saison des vacances, mais aussi principale période où la plupart des mariages tunisiens sont célébrés. C'est en effet dès les premiers jours du printemps qu'il faut se préparer à cette échéance déterminante.
Nous avons, au cours de cette enquête sur le coût du mariage en Tunisie, rencontré quelques couples qui envisagent de convoler au mois de juillet, août ou septembre prochains et qui ont déjà fait les achats essentiels. D'autres faisaient le tour des boutiques et des magasins juste pour avoir une idée sur les prix en cours. Nous avons également interrogé des bijoutiers, des marchands de meubles, une esthéticienne, une loueuse de robes de mariée, le propriétaire d'une salle de fêtes, le responsable d'une troupe musicale, un décorateur de scène et un cuisinier pour savoir à combien revient chez nous le mariage d'un couple moyen. Au bout du... compte, tous nos interlocuteurs étaient unanimes pour dire que le moins cher coûte entre 20 et 25 mille dinars aujourd'hui. Un tel prix a, reconnaissons-le tout de suite, de quoi décourager les plus pressés de s'unir officiellement à l'homme ou à la femme de leur vie.
Le jeune Mounir qui travaille dans une société privée et touche un peu moins de 500 dinars par mois. Quand nous l'avons rencontré, il était accompagné de sa fiancée et s'apprêtaient tous les deux à entrer dans un magasin de meubles de la rue de Malta Essaghira connue pour ces nombreux commerces du mobilier. « Ça coûte trop cher pour moi. Ma société est actuellement en difficulté et je ne garantis pas d'y percevoir le même salaire dans quelques mois. Nous passons par ici pour nous renseigner sur le prix d'une chambre à coucher. Mais nous ne nous marierons pas cet été. En ce moment, nous faisons les comptes, nous verrons par la suite ce qu'il faudra décider comme achats. Ce dont je suis sûr, c'est que je n'achèterai que ce qui est vraiment urgent et indispensable. » La fiancée de Mounir qui semblait l'approuver par des signes de tête, admirait pourtant une chambre à coucher proposée à 5.800 dinars! Et d'autres encore apparemment solides et bien finies qui valaient moins cher mais dont le prix ne descendait jamais en dessous de 1.600 dinars. Dans un magasin voisin, nous nous sommes adressé à un jeune chef de service qui épousera cet été la belle esthéticienne qui lui tenait le bras. « Nous avons déjà acheté à crédit l'appartement où nous vivrons et il est en ce moment presque entièrement meublé. Notre chambre à coucher achetée du côté de La Soukra nous a coûté 5.700 dinars. Ça peut paraître excessif, mais nous voulions quelque chose de beau et de solide qui tienne plus de dix ans. Nous cherchons maintenant un salon traditionnel pour meubler une petite pièce restée vide. Pour la salle de fêtes où nous célébrerons la noce, nous en avons déjà loué une à Mornag pour 3000 dinars. Quant au coût global de notre mariage, nous l'estimons à plus de 25.000 dinars.

Des bijoux à tout prix, même faux !
Chez les bijoutiers, la parure la moins chère est proposée à un peu moins de mille dinars, mais il en existe qui valent plus de 30.000 dinars. Les clients modestes ne vont jamais au-delà de 1.300 dinars. L'un d'eux était justement dans l'une des boutiques visitées en train d'offrir à sa future deux articles qui lui reviendraient à 600 ou 700 dinars. « En effet, c'est cher, mais je préfère ne pas compter parce que si je le fais, j'en perdrais mon sommeil. C'est pour cela que tous deux nous ne pensons pas à toutes les dépenses en même temps. Il faut désormais supporter à deux les frais du mariage et ma fiancée est d'accord pour m'aider financièrement parce que je ne vois personne d'autre qui puisse le faire dans mon entourage immédiat. » Il y avait une autre cliente qui marchandait avec le commerçant pour l'achat d'une parure : « Nous nous marions en septembre et je suis venue acheter cette belle parure dont nous avons réuni mon fiancé et moi le prix en épargnant sur bien d'autres dépenses. Elle coûte 4.550 dinars et je l'aurais à un peu moins. C'est moi qui ai eu l'idée de renoncer au voyage de noces, nous nous contenterons de deux ou trois nuits à l'hôtel. Savez-vous que d'autres à notre place auraient loué des faux-bijoux juste pour la soirée du mariage ? Ça revient à 150 dinars tout au plus. Et la pratique est fréquente ces derniers temps : qui s'en rendra compte en dehors du couple et de quelques rares intimes ? N'est-ce pas mieux que de différer l'union à cause d'un collier ou d'un bracelet manquants ? Ce qui du reste ne résout pas le problème puisque les prix ne baisseront pas pour autant. »

La bringue sur fond de crise
Louer une robe de mariée à Tunis revient à 700 dinars en moyenne. Quant au costume du marié le moins cher, il est à 170 dinars. Dans les villes de l'intérieur, la différence de prix est insignifiante lorsque la qualité y est. Mais il faut savoir que beaucoup de familles et de couples se rendent dans la capitale pour s'approvisionner dans ses différents magasins de vêtements et dans ses bijouteries innombrables. En ce qui concerne les salons de coiffure, on y pratique des prix de plus en plus exorbitants, à Tunis comme ailleurs notamment l'été. Une esthéticienne contactée par téléphone nous a appris que le montant à verser pour un maquillage « toutes options » peut dépasser facilement les 5000 dinars. « Mais les prix usuels varient entre 1500 et 2000 dinars pendant la saison chaude. Nous consentons, en effet, une baisse relative au cours de l'année. » Pour les dîners de mariage, le cuisinier Zouhair évalue le moins coûteux à 900 dinars. Sur les tarifs exigés par les troupes musicales, c'est le jeune Mohamed Ben Zid, encore étudiant mais musicien à ses heures, qui nous a appris que 450 dinars c'est le minimum à payer pour une troupe composée de trois musiciens et d'un chanteur. Mais pour chaque chanteur supplémentaire, il faut compter 100 dinars de plus. Lorsqu'il s'agit d'une vedette, c'est un supplément de 300 dinars qu'il faut débourser. Remarquez qu'on propose plus cher lorsque la troupe est constituée de 7 ou de 8 membres, c'est souvent entre 600 et 700 dinars. Cela dit, on a de plus en plus recours ces derniers temps aux solistes. L'animation de la fête est ainsi confiée à un organiste qui souvent n'exige pas plus de 300 dinars. « Personnellement, nous dit Mohamed, je ne suis pas pressé de me marier, j'y penserai après la trentaine comme tous les jeunes de ma génération. Ils travaillent tous dans le secteur privé et n'ont pas d'emploi stable. Seront-ils capables de payer un loyer de 200 dinars et de subvenir aux autres frais de la vie conjugale quand ils ne touchent que 400 dinars par mois ! C'est la crise partout et ses effets sont ressentis tout naturellement par ceux dont l'emploi est précaire. D'où, d'ailleurs, le nombre croissant de noces célébrées à la mairie. Les filles les plus chanceuses tomberont sur un bon parti fortuné ou bien sur un émigré tunisien. Mais nos travailleurs à l'étranger ne sont pas mieux lotis que ceux du pays, cette année ! Ils sont peut-être plus menacés que nous. Franchement, la privatisation est un vrai désastre ! »

La course au gaspillage
Avec le décorateur Radhouane Itab, nous nous sommes entretenus plus longuement sur les frais de mariage. Après nous avoir parlé de ses tarifs pour la location des fauteuils et canapés et pour la décoration de la scène dans une salle de fêtes (entre 150 et 300 dinars d'après ses dires), il remarqua que si le mariage coûte de plus en plus cher en Tunisie, la faute en incombe aux Tunisiens eux-mêmes : « D'abord pourquoi attend-on l'été pour se marier alors que c'est la saison où les profiteurs de tous poils augmentent leurs prix ? D'autre part, les gens cherchent à frimer et veulent toujours faire mieux que le voisin, le collègue ou le parent : alors ils sont prêts à verser n'importe quelle somme pour peu que leur vanité soit satisfaite. C'est une vraie course au gaspillage où le vainqueur est celui qui dilapide le plus d'argent et le plus rapidement. N'est-ce pas bête de verser des millions à l'esthéticienne alors que ce sont ses apprenties sorcières qui vous fardent et vous barbouillent ! N'est-ce pas débile de payer 1000 dinars pour un tour d'une demi-heure à bord d'une limousine dont le chauffeur vous abandonnera après sur le trottoir comme le dernier des passagers du transport rural. Dans mon cas personnel, le mariage fut célébré plutôt sobrement à la mairie et dans une salle des fêtes de Soliman. Je n'avais pas les moyens à l'époque pour m'offrir une noce dorée ; par contre, après le mariage et la construction de notre maison, nous nous sommes permis quelques achats de luxe. Si tout le monde en faisait autant, les prix baisseront d'eux-mêmes et le mariage ne serait plus un projet ruineux. »
Le miel d'abord et le fiel ensuite !
Mais la question reste à poser : comment s'en sortent ceux qui, à l'opposé de Radhouane, ne sont pas rebutés par les frais élevés du mariage ? Tout simplement, ils s'endettent et contractent des prêts à droite et à gauche ! Certains comptent aussi sur la contribution de leurs parents ou sur les sommes offertes pendant la noce par les familles invitées. Il est vrai que ces « cadeaux » de mariage substantiels peuvent atteindre ou dépasser les 10 mille dinars parfois. Quant à ceux qui n'en réunissent même pas le dixième ni le centième, il leur faut d'abord savourer la lune de miel avant de faire passer l'amertume du fiel !!


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