Ni fort en thème, ni crack. Mais un caractère affirmé. Et toujours près à en mettre un coup. Entrepreneur, homme de « Valeur ». Une souche, qu'il faut apprendre à cultiver. Inclassable. Il est né pour ferrailler, on pourrait dire. Mais sans s'essouffler. Pour faire court, C'est quelqu'un qui refuse de pantoufler. Ni en idées, ni dans les faits. La mythologie antique lui a réservé une large place et son icône désignée serait, de notre point de vue, Ulysse. Et la philosophie contemporaine n'est pas en reste. Quand Sartre parle d' « un homme de tous les hommes qui les vaut tous et que vaut tout un chacun. », on croit en effet retrouver le portrait robot de l'entrepreneur. L'effervescence, le milieu ambiant de la création. Enfin c'est avec cette idée de l'entrepreneur que l'on repart de ce « nice gathering » réuni par le CJD mardi dernier, en collaboration avec l'AIESEC et les étudiants de l'IHEC de Carthage. Il y régnait une sympathique pagaille - présage d'un bouillonnement créatif à l'avenir ?. En tous cas, on peut présumer des vertus de l'effervescence, elle est le milieu ambiant propice à la maturation des idées. Et, des volontés. Enfin c'était un campus d'un genre particulier, une foire aux « graines »d'entrepreneurs.
Apprendre à se mettre en réseau Les étudiants, ces promesses du futur, y viennent pour apprendre à se mouvoir en société, s'exprimer, échanger et par dessus-tout se révéler. Et l'AIESEC le leur permet car elle organise pour eux ces jeux de situation où ils s'interpellent se mesurent les uns aux autres, engagent le fer, se surpassent, configurent des stratégies de débat et font éclore leur individualité. L'association leur procure cet avantage suprême de trouver des stages à l'international au sein de son réseau qui est proprement planétaire. Donc l'ouverture sur l'autre et à l'international. Ce n'est pas une couveuse, c'est une pépinière. Ils ne sont pas drivés ils sont coachés. Et Karim Ben Kahla, professeur, lui-même ex-AIESEC, agrée cette vocation. Il approuve cet accompagnement de cohortes conjointement assuré par le CJD dans le cadre de son programme de Développement de l'entreprenariat et l'association. « JE », un entrepreneur c'est un ego Il y va sec, Karim Belkahla. Un entrepreneur c'est d'abord et avant tout une personnalité. Il est donc nécessaire que le candidat procède à sa propre introspection. Il doit s'auto-identifier et ensuite, s'affirmer parmi les autres. C'est en cela qu'à ses yeux l'engagement associatif, « makes sens ». On découvre, dans la mêlée, qui on est. C'est un exercice incontournable, selon lui de faire remonter sa différence à la surface : « JE », un égo entier, c'est la pièce maîtresse du meccano individuel qui compose un entrepreneur. Dans le même temps tout en se sachant « autre » on apprend à se mettre en réseau, à nouer des alliances et à mobiliser les énergies autour de soi. C'est structurant pour la pensée autant que pour l'action. Un caractère trempé, est un pré requis selon notre professeur.
Us et coutumes : l'impact sur le mental La société joue un rôle important dans la détermination du tempérament et conditionne dans une large mesure les individus. Des enquêtes à l'échelle mondiale ont montré des corrélations assez significatives entre les valeurs enseignées dans l'environnement social et les comportements des individus. Le mental est profondément impacté par l'enseignement environnant. Il est vrai que dans nos contrées on privilégie l'obéissance et la discipline et qu'ailleurs et notamment dans les sociétés anglo saxonnes on favorise davantage l'esprit d'initiative et l'autonomie chez les individus. Un exercice d'auto critique devient donc affaire de stratégie. Entrepreneur n'est pas forcément promoteur de projet Autre surprise, Karim Belkahla nous prévient de ne pas confondre entrepreneur avec créateur d'entreprise. On peut tout aussi bien s'illustrer par sa capacité à innover en idées, en process, en produits, en méthodes. L'intérêt est qu'on le fait toujours avec le même punch, le même mordant, enfin tous les attributs de l'entrepreneur.. L'entrepreneur est d'abord et avant tout créateur Quand entrepreneur coïncide avec promoteur c'est un pur bonheur pour tous et un atout favorable pour la société. Sauf que et là-dessus professeur Ben Kahla prend position, « Dresser » des candidats au « Doing Business » uniquement n'en fera pas à coup sûr des entrepreneurs. Le potentiel d'un candidat n'est pas dans sa maîtrise des circuits, des procédures ou des ficelles du financement mais bien dans son aptitude à générer de la valeur ajoutée. Entrepreneur n'est pas une souche qui se reproduit de manière banale c'est encore plus fertile que ça. C'est synonyme de créateur de valeur nouvelle.
La typologie des promoteurs visitée à l'acide Dans un élan critique et avec un humour consommé, le professeur « dévalorise » les profils usurpés d'entrepreneurs. A ses yeux les amateurs de crédits bancaires ne sont que des crédipreneurs. Ceux qui héritent d'un patrimoine familier n'ont pas plus grâce à ses yeux et ne seraient après tout que des repreneurs ! ceux qui utilisent les relations personnelles ne seront au bout du compte que des affairistes et un entrepreneur ne se juge pas à sa réussite matérielle ostentatoire mais à la puissance de la « vista ». Il faut savoir voir loin et en profondeur. Générateur de valeur que faiseur de « fric ».
L'impératif de changer de cap Dupliquer des chefs d'entreprises presque à l'identique est donc une finalité qui mérite d'être reconsidérée. Sinon il y a le risque de continuer à avoir des projets qui ne « décrochent » pas. Si la valeur ajoutée ne représente qu'une mince couche, il sera difficile à l'échelle de la société d'accumuler de manière consistante. Il faut garder à l'esprit que le pays évolue et que le monde impose un environnement régenté par l'innovation. Pire que tout l'innovation elle-même dans cette spirale dynamique, se voit flanquée d'une durée de vie et elle aussi, sera relevée par une innovation encore plus audacieuse et plus pertinente. C'est donc un rouleau compresseur, une vis sans fin. On peut le définir comme l'inflation, c'est un processus cumulatif d'innovation généralisée, au lieu de hausse de prix généralisée. Alors comment procéder ? L'heure n'est pas à un plan de campagne dans l'urgence on sait toutefois qu'il faut prendre un cap conséquent. A méditer !