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Pathos, torrents de larmes et mises en scènes " juteuses " !
Les pleureuses de la Téléréalité
Publié dans Le Temps le 06 - 05 - 2009

Nos jeunes, qui l'ignorent peut-être, doivent savoir qu'il existait en Tunisie (et dans certains pays de l'Europe du sud), un métier exercé exclusivement par des femmes appelées " pleureuses " :
on louait leurs services généralement contre une modeste somme d'argent et quelques offrandes pour qu'elles viennent " animer " les cérémonies de deuil et les veillées des morts. Il y en avait qui pouvaient, par leur voix tendre et souvent enrouée (à force de lamentations chantées), par le texte émouvant qu'elles récitaient, par la sincérité qu'elles mettaient dans leurs complaintes, arracher des larmes aux murs d'une maison et pas seulement à ses habitants. Certaines en arrivaient à vous faire croire que le défunt leur était plus cher qu'à ses proches véritables. Et là où elles se produisaient, elles versaient elles-mêmes des torrents de larmes ; parce qu'au fond elles pleuraient quelque part leur sort en même temps que celui des morts. A les voir parfois entrer en transe jusqu'à perdre totalement connaissance, on mesurait leur drame intérieur et l'on perçait une partie du secret entourant le choix qu'elles ont fait de s'adonner à un tel métier. Certes beaucoup d'autres l'exerçaient sans le moindre art, et avec beaucoup d'affectation. Leurs performances " dramatiques " pouvaient dépendre aussi du prix qu'on leur offrait.

L'animation des " deuils " télévisuels
Ces derniers mois, les pleureuses reviennent à la mode. Cette profession semble connaître un regain d'intérêt et faire des adeptes sur les plateaux de télévision. Les nouvelles émissions de téléréalité ont l'air d'engager un certain nombre de femmes et de jeunes filles et de les glisser au milieu du public présent lors du tournage afin qu'elles ajoutent la dose de pathétique sans laquelle, paraît-il, le programme ne saurait accrocher les spectateurs et les spectatrices, ni atteindre des records d'audimat. A dire vrai, leur rôle ne diffère pas beaucoup de celui des adolescentes qu'on invite par dizaines dans d'autres émissions pour les faire chanter, danser, crier et applaudir sur commande. Sauf que là, il ne leur est pas demandé d'égayer l'émission mais de l'endeuiller. Et le caméraman de se focaliser sur ces pleureuses dont les visages nous sont devenus si familiers que cela a fini par nous mettre la puce à l'oreille quant à la spontanéité de leurs réactions éplorées. Lorsqu'elles ne versent pas de larmes, ces " actrices ", que la caméra zoome à l'envi, traduisent leurs " peines " par des gestes d'abattement et de désespoir qui sentent le simulacre à dix mille kilomètres du studio ! Pour forcer encore plus sur les sentiments de douleur et de compassion, les techniciens de l'émission accompagnent les scènes filmées d'une musique ou d'un chant tristounets qu'on croirait destinés spécialement à l'émission, tant ils reviennent à chaque nouveau numéro ! Saber Rébai, Hani Chaker et Chirine semblent à ce sujet fournir aux différents animateurs les airs les plus adaptés à leurs séquences larmoyantes. Mais tout ce qui peut déclencher des pleurs abondants et des émotions
violentes est bon à prendre !

Racine et Shakespeare " ont quelque chose à dire "
Il n'y a pas longtemps, un animateur nous gratifia avec le concours (spontané ?) de l'une de ses invitées, d'une scène digne de Racine et de Shakespeare : éconduite par sa fille qui ne voulait plus la reconnaître, cette mère tomba " in live " dans les pommes, ou plutôt faillit perdre connaissance avant que notre cher présentateur ne parvienne en quelques secondes à lui faire retrouver ses esprits. Ces " quelques secondes " valaient justement leur pesant d'or pour l'émission : la preuve c'est qu'immédiatement après cette " scène ", la caméra s'est détournée de la dame évanouie et de son " secouriste " débonnaire, pour faire le tour des pleureuses qui étaient sur le plateau ! Remarquons au passage qu'au moment où l'invitée tourna de l'œil, personne dans la régie n'accourut pour aider le présentateur à la réveiller ; nous avons même eu ce sentiment étrange que l'entourage en était peut-être empêché, ou que les techniciens savaient d'avance que la situation n'était pas " dramatique " au point de nécessiter l'intervention du SAMU !

Un métier d'avenir !
Pour revenir à nos pleureuses sur antenne, elles ont désormais des émules dans toutes les maisons tunisiennes : les spectatrices émues par leur " pièce " ne peuvent pas non plus retenir leurs larmes et leurs soupirs compatissants. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, elles doivent verser leurs doses lacrymales quotidiennes. Dimanche est, pour beaucoup de nos pleureuses, jour de congé ! Remarquez que pour d'autres, il y a du boulot toute la semaine tant et si bien d'ailleurs que leurs maris, pères et frères s'y mettent à leur tour pour ne pas être en reste. A ce sujet, nous avons remarqué parmi le public de l'une de ces émissions tristement " arrosées ", un monsieur qui ne manque visiblement aucun numéro et sur lequel on braque souvent la caméra, pour nous donner à voir la tête d'enterrement qu'il fait après les séquences touchantes. C'est que la profession se " masculinise " chaque jour un peu plus et il y a des chances qu'un jour, les hommes-sexe fort jusque-là- en fassent une nouvelle source de revenu. En tout cas, c'est un métier d'avenir si notre télévision multiplie ses programmes lacrymogènes et si l'on songe à créer une filière pour la formation de pleureurs et de pleureuses professionnels ! !


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