Tous les ingrédients d'une finale du rang de la Champion's League Arabe étaient présents, hier, à Radès : un stade plein à craquer, une ambiance électrique, pelouse en très bon état, une météo favorable. Un décor sublime pour une soirée footballistique sur fond d'un derby maghrébin entre l'Espérance et le WACasablanca. Malheureusement, la correction des joueurs sur le terrain a fait défaut surtout qu'on s'acheminait vers la fin de la rencontre. Pourtant, rien ne justifiait ces scènes de débordements, mais l'importance de l'enjeu a pesé lourdement sur les nerfs des joueurs qui ont carrément craqué. Dommage... N'eussent été ces « anomalies » la fête aurait été totale, surtout que les prémices ont profité à l'horizon à partir du coup d'envoi de l'arbitre émirati, Ali Hamed. En effet, le débat démarra cent à l'heure de la part d'une équipe marocaine bien organisée et décidée d'emblée à porter le danger dans la zone espérantiste, en exerçant un pressing haut grâce à la vivacité d'une ligne d'attaque composée de la paire « Bidhoudhane-Pascal » et dynamisme d'un milieu de terrain où les Jouaya, Sekkat et notamment Rafik Abdessamad se sont distingués par des combinaisons hautement techniques qui firent merveille. Cependant, il a fallu attendre la 8ème minute pour voir la première action espérantiste ponctuée par un centrage de Chemmam sur Bienvenu. L'attaquant camerounais placé au premier poteau, cadre mal son heading. Cette action provoqua davantage de chaleur dans des gradins richement colorés par des banderoles et des drapeaux « rouge et jaune ». A la 15ème minute, le stratège milieu « sang et or » Oussama Darragi fut crocheté par Menkari en pleine surface de réparation. Michael avance, tire le penalty, le gardien sauve la balle avant d'être suppléé par la transversale. Le ratage de l'attaquant nigérian donna des ailes aux Marocains qui revinrent à la charge. La supériorité tactique des Casablancais, était évidente au début de la rencontre. On sentait chez eux, une rage de vaincre alors que les Espérantistes semblaient en quête de leurs repères. A la 28', l'équipe visiteuse réussit une magnifique triangulation Abdessamad-Jaouaya-Pascal, conclue par un tir dans le décor de ce dernier. Dès l'entame de la seconde période du jeu, Talhaoui releva Zidoune, une carte offensive supplémentaire placée par l'entraîneur du WAC, Badou Zaki. Un changement qui permit aux Marocains d'être plus menaçants, mais l'Espérance a la chance d'avoir deux excellents récupérateurs en l'occurrence Souissi et Korbi. Une remarque concerne ce dernier, il a tout intérêt à se comporter désormais comme professionnel. Il ne doit pas oublier qu'il joue à l'Espérance et qu'il n'est qu'au début de sa carrière. A la 48', premier avertissement des Marocains, un contre rapide de Bidhoudhane. Celui-ci mit Derbali dans le vent et tira légèrement à côté. Réplique instantanée des locaux mais l'excellent gardien marocain Lemighri, se mit en évidence en effectuant une excellente parade. Mettant la pression sur l'arrière-garde espérantiste, les Marocains bénéficièrent d'un penalty sur un tacle de Janvier sur Jouaya, Abdessamad, du pied gauche réussit le coup de réparation (64'). Egalité entre les deux équipes en tenant compte du match aller. Depuis, les nerfs commencèrent à craquer avec des agressions de part et d'autre, ce qui a valu à Bidhoudhane un 2ème carton jaune et évidemment l'expulsion (74'à. A cet instant, Bouazzi prit la place de Msakni. Grâce à sa supériorité numérique, l'Espérance touchée dans son amour propre, réagit de la meilleure des façons, en harcelant la défense marocaine et obtient un penalty par Michael bousculé par El Brazi. Penalty, magistralement réussi par Darragi (85'). Un but qui fit vibrer les gradins alors que sur le terrain c'était le chaos, avec l'expulsion de Korbi pour provocation. C'est, donc, le 2ème titre arabe à l'actif de l'Espérance. Raouf CHAOUACHI
Synopsis • Stade de Radès • Public très nombreux (55 mille spectateurs) • Beau temps • Match en nocturne • Arbitrage de Ali Hamed (EAU) • Avertissements : Janvier, Chemmam, Z.Derbali (EST) El Brazi, Zidoune, Adoua, Pascal (WAC) • Expulsions : Bidhoudhane (WAC), Korbi (EST) • Buts : Abdessamad (64', s.p) pour le WAC, Darragi (85' s.p) pour l'EST • Formation des équipes : EST : Kasraoui, Janvier, Chemmam, Z.Derbali, Abdi, Korbi, Souissi, Msakni (Bouazzi), Darragi, Michael, Bienvenu. WAC : Lamiaghi, El Brazi, Adoua, Louissi, Menkari, Zidoune (Talhaoui), Sekkat, Abdessamad, Jouaya (Talbi), Bidhoudhane, Pascal. ----------------------------------------- Le jeu et les joueurs
Hamdi Kasraoui: un match parfait. Il fut l'auteur d'un arrêt décisif bien avant l'ouverture du score. Il a su calmer ses coéquipiers quand il le fallait. Il s'est comporté en capitaine.
Janvier Besala: il a eu la malchance de provoquer le penalty de l'égalisation du WAC. Et pourtant, il n'y avait pas péril en la demeure. Jusque là, il parvenait à tirer son épingle du jeu…
Khalil Chammam: il n'a rien à se reprocher. Il fut l'auteur d'un excellent match. Wissem El Abdi: beaucoup de métier pour le brave Wissem qui fut intraitable dans les duels et balles aériennes. Précis dans la relance, il a rarement pris des risques inutiles.
Zied Derbali: l'ex Béjaois n'a pas lui aussi cherché le beau geste en défense remballant les balles à destination des attaquants du WAC des fois n'importe comment mais d'une manière efficace.
Khaled Korbi: à cœur vaillant, rien n'est impossible. C'est la devise de ce joueur qui paraissait en vouloir plus que les autres. Il est le premier à presser les joueurs marocains dans leur zone. Il fut également précieux en attaque. Récupérer une balle comme il l'a fait et effectuer un centre parfait pour Michael à quatre minutes de la fin qui provoqua un deuxième penalty…ils ne sont pas nombreux à pouvoir le faire après avoir couru comme il l'a fait. Il doit toutefois penser au jeu et rien qu'au jeu.
Zine El Abidine Souissi: un cœur grand comme ça et un abattage monstre de ce joueur devenu une pièce maîtresse dans le dispositif "Sang et Or". En plus, son jeu est dépouillé de gestes superflus. Un des meilleurs de son équipe.
Youssef Msakni: trop irrégulier dans l'effort. Il demeure toutefois capable du meilleur. Il avait besoin d'espace et les joueurs du WAC n'ont rien concédé. Il céda sa place à Wajdi Bouazzi (78') qui amena plus de fraîcheur dans le jeu de son équipe.
Oussama Darragi: il a fait ce qu'il pouvait au cours d'un match physique et à chacune de ses accélérations, il y avait danger devant la cage adverse. Il fut d'ailleurs à l'origine du penalty raté par Michael. Il se chargea de l'exécution du deuxième penalty comme un grand et il fut plus que grand.
Henri Bienvenu: voila un joueur qui fait admirablement son travail sur le plan défensif mais qui oublie qu'il est avant tout un attaquant. Il lui manque l'essentiel, à savoir la percussion. Il est capable de mieux faire.
Michael Eneramo: il a eu le K.O au bout du pied droit mais son exécution du tir au but trouva un grand Nadir Lamyaghri. Il a rendu la vie difficile à tous les présents au stade de Radès. Un match discret mais il s'est rattrapé sur l'action qui amena le deuxième penalty.
Le public: le meilleur qu'il soit. Dès l'exécution avec succès du penalty du WAC, le public a repris de plus belles ses encouragements. Ce fut la victoire de Korby, de Darragi mais également et surtout du public qui fut en or. Mourad AYARI ------------------------------------------------- Déclarations Faouzi Benzarti : « Mission accomplie » « Je tiens, d'abord, à féliciter tous les joueurs, même s'il y a parmi eux des jeunes qui sont tombés dans le piège de la provocation. Il faut, donc, les comprendre. Nous avons compliqué notre tâche avec le ratage du penalty par Michael qui reste notre premier tireur dans la hiérarchie. Ce genre de rencontres et d'ambiance sont très bénéfiques pour les joueurs qui ne doivent pas s'arrêter en si bon chemin. Ils ont bien accompli leur mission. Nous avons une équipe compétitive et l'avenir lui appartient ». ------------------------------------------------- Maher Kanzari : «Ce n'était pas facile» « Ce n'était pas facile. On s'attendait à cela, après une semaine d'euphorie consécutive à l'octroi du championnat. L'adversaire a été à la base de beaucoup de provocations sur le terrain. Il faut comprendre les joueurs après le penalty raté. Heureusement qu'ils ont retrouvé la force de réagir par la suite. Cette consécration arabe, nous la méritons amplement. C'est le fruit d'un travail planifié et d'une stratégie méticuleuse depuis la seconde phase du championnat. »