Un nouvel insecte est apparu en Tunisie. Il s'agit de " Tuta Absoluta". Présent en Amérique du Sud, ce ravageur a été signalé pour la première fois en Europe en 2006. En 2007 plusieurs foyers le long de la côte méditerranéenne ont été identifiés. En 2008, " Tuta Absoluta " qui a été signalé pour la première fois au Maroc et en Algérie est apparu dans les gouvernorats du Sud Est du pays pour toucher ensuite le Sahel et le Cap Bon. Les dégâts qu'occasionne cette mineuse sont visibles aussi bien sur les feuilles que sur le fruit. Les cultures de tomate, de piment et d'aubergine risquent d'être sérieusement compromises. Les cultures sous serre et de plein champ subissent des attaques de cette mineuse de la tomate appelée scientifiquement " Tuta Absoluta ". C'est la première fois que cet insecte fait son apparition en Tunisie. Les agriculteurs tirent la sonnette d'alarme. Ils craignent une contagion des tomates, des poivrons, des aubergines et de la pomme de terre. Un plan d'action conçu par le ministère de l'Agriculture et des ressources hydrauliques a été mis en place pour lutter contre ce parasite. En effet, " Tuta Absoluta " se développe principalement sur la tomate mais aussi sur diverses autres espèces de Solanacées cultivées telles que la pomme de terre l'aubergine, la poire-melon et les piments. Un agriculteur de Chatt Mériem nous a expliqué que cet insecte possède un grand potentiel biotique. " Le cycle biologique dure de 76.3 jours à 23.8 jours. Il peut y avoir jusqu'à 10 ou 12 générations par an. Chaque femelle peut pondre isolément, de 40 à plus de 200 œufs de préférence à la face inférieure des feuilles ou au niveau des jeunes tiges tendres et des sépales des fruits. Les papillons mesurent 6-7mm de long et environ 10mm d'envergure. Ils peuvent générer sur les tomates des pertes pouvant aller jusqu'à 80-100%. Les attaques se manifestent par l'apparition sur les feuilles de galeries blanchâtres renfermant chacune une chenille et ses déjections. Avec le temps, les chenilles s'attaquent aux fruits verts comme aux fruits mûrs. Ces fruits deviennent ainsi impropres à la consommation ".
Une stratégie adoptée à l'échelle de chaque région L'effet de ce " ravageur " est remonté jusqu'à la source. D'où provient cet insecte ?Selon un chercheur agronome de Chott Mériem. " Ce sont les échanges entre continents qui lui ont permis de migrer. Si, pour le moment, nous ne connaissons pas exactement comment il s'est introduit chez nous, il existe plusieurs hypothèses. C'est probablement les échanges entre les pays méditerranéens et l'Amérique latine. On pense également que cela pourrait être le papillon qui s'est, au gré des vents, introduit à partir de l'ouest du pays ou alors à l'occasion d'échanges avec l'Algérie". Le ministère de l'agriculture et des ressources hydrauliques a peaufiné une stratégie qui ne fait pas appel à des pesticides. Les agriculteurs sont appelés à mettre en place des pièges à phéromones permettant d'attirer les mâles et de réduire la reproduction. L'enlèvement complet d'une culture infestée par la mineuse de la tomate est la condition essentielle pour éviter ou du moins réduire au minimum les risques de contamination d'une récolte à l'autre. Il faut veiller à ce que tous les débris des cultures soient parfaitement détruits par incinération ou enfouissement profond. Les caisses qui ont servi à une opération doivent être soigneusement désinfectées avant d'être réutilisées pour l'opération suivante. Pour la lutte biologique, les résultats d'études menées au Centre de recherches sur les cultures abritées et industrielles, à Harrow en Ontario, donnent à espérer que certaines espèces peuvent être de bons auxiliaires de lutte biologique contre la mineuse de la tomate, à condition d'appuyer leur action par d'autres mesures de lutte. Les services de l'Union régionale des agriculteurs, les groupements de développement agricole et les CRDA ont été sensibilisés pour lutter contre ces mineuses avec le suivi des parcelles cultivées en cultures maraîchères et notamment les tomates, la mise en place d'un réseau de piégeage dans chaque région, l'enlèvement complet d'une culture infestée par la mineuse de la tomate. Ainsi tous les intervenants du secteur agricole doivent être vigilants sinon on risque de se retrouver sans salade cet été !