Le couple classique va mal et même très mal selon la plupart des spécialistes et il n'y a qu'à regarder les nombreuses émissions de télévision ou à lire les pages des faits divers des journaux pour s'en convaincre. Nous avons tenté de comprendre comment on vit en famille aujourd'hui et de connaître le point des couples, jeunes et vieux, mais aussi celui de ceux qui ne se sont pas mariés, en plus de l'opinion des spécialistes... Il est vrai que le taux de divorce chez les couples d'aujourd'hui est nettement plus élevé que chez leurs parents. On estime que seuls quatre couples sur dix se maintiennent actuellement, sans compter les ruptures des fiançailles qui sont devenues monnaie courante et qui ne sont pas prises en considération dans les statistiques, malgré le choc psychologique qu'elles provoquent.
Augmentation du divorce Un psychologue explique que " les facteurs à l'origine de l'augmentation du taux de divorce sont multiples : l'espérance de vie, qui a beaucoup augmenté en un siècle, la méconnaissance des règles de la vie à deux puisque le couple ne commence à se connaître vraiment qu'après le mariage. Il y a aussi les changements profonds qu'a connus la situation du couple en Tunisie et l'émergence d'une majorité de femmes financièrement indépendantes... " Une émancipation économique féminine est décriée par cet homme de 54 ans, car elle serait, selon lui, l'élément majeur de l'augmentation du taux de divorces. " Nos ancêtres ignoraient l'amour... Mais les femmes d'aujourd'hui n'acceptent plus de vivre des situations que leurs grands-mères supportaient sans problèmes. " Une époque que notre homme regrette avec beaucoup de nostalgie. Marié, mais vivant toujours en conflit avec sa femme, il s'énerve lorsque celle-ci lui sort son argument massue : " si elles vous supportaient, c'est parce qu'elles n'avaient pas d'autres choix, à cause de leur dépendance financière. " Pour les couples plus jeunes, le divorce arrive souvent lorsqu'on est déçu par l'autre et c'est souvent le cas. Une vision assez récente des choses qui résulte de la philosophie du 'moi', de la culture du 'ici et maintenant', de la recherche des loisirs à tout prix, de la société de consommation et du 'jeter après usage' qui ont profondément modifié la vie du couple. Cette jeune et charmante épouse nous le confie sur le ton du secret : " je ne me sens pas heureuse en mariage parce que je ne réussis pas à m'épanouir au plan personnel. J'ai l'impression qu'il ne me voit même pas, de faire partie des meubles. Il ne fait aucun effort pour me faire plaisir, il n'a que des désirs que je dois satisfaire du matin au soir. " Alors que son mari, plus âgé qu'elle, avoue : " je me suis marié pour me stabiliser et avoir une vie tranquille après avoir mené une vie dissolue durant de longues années. Mais aujourd'hui, j'ai l'impression d'étouffer, car ma femme se plaint d'étouffer et de ne pas être satisfaite par cette stabilité. " A la base, le mariage sert à réaliser des projets tels que la procréation, par la mise en commun d'un patrimoine, la réalisation professionnelle, la vie sociale et plus tard une retraite heureuse. Encore faudrait-il apprendre à aimer la personne avec laquelle on s'investit et résoudre les problèmes qui se poseront au couple tout au long de la vie.
Le silence c'est l'ennemi Pour notre psychologue, " former un couple solide ou même viable, exige une attirance physique, le respect du partenaire, mais aussi de l'amour mais sans trop de passion, car celle-ci finit toujours par s'émousser avec les années. Il faut donc concevoir un plan de vie qui permet de satisfaire les nombreux besoins sans oublier un élément essentiel : le dialogue régulier pour éviter les accumulations. Le silence c'est l'ennemi... " Car la notion de couple a changé : non seulement son cadre institutionnel a connu des mutations profondes dans notre pays. Et c'est bien d'une crise de l'institution familiale qu'il s'agit aujourd'hui et non pas d'une crise des mœurs familiales. Les mœurs familiales ne vont pas si mal que cela. Les rapports entre les parents et les enfants, les rapports entre les générations ne vont pas si mal que cela. Mais en revanche, globalement on vit cette relation plus mal que jadis. L'aspect financier et la cupidité de certains partenaires, hommes et femmes contribuent à compliquer le problème. Un jeune du quartier du Bardo, chômeur de son état, nous a clairement avoué qu'il " cherchait une Azouza (une vieille) pour vivre à ses crochets " ! Côté jeunes filles, plusieurs nous ont raconté comment les jeunes qu'ils rencontraient s'intéressaient toujours à leurs salaires et à la fortune de leurs parents. L'une d'elles est révoltée par ce genre de propos : " il m'a demandé de l'argent pour ses improbables projets dès le second rendez-vous. Et il voulait connaître dans le détail mon salaire... Alors je lui ai dit : c'est moi qui t'intéresse, ou bien mon salaire ? " Finalement elle a rompu et elle ne le regrette pas... Ce qu'il faut également noter, c'est qu'aujourd'hui, le mariage ce n'est plus un objectif en soit, il ne sert qu'à la procréation et ce qui lie le couple c'est la filiation. Mais avec le nombre de divorces, bientôt on ne dira plus : " ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ", mais " ils se marièrent, divorcèrent, se remarièrent... ". Allons-nous, comme l'écrivait récemment un journal féminin, vers " des couples à durée déterminée " ? Vieillir ensemble ne semble même plus être un objectif viable. On s'embarque dans l'aventure du mariage avec un certain détachement en se disant que de toutes les façons, si ça ne marche pas, il y a toujours la solution du divorce, même si c'est enfin de compte un aveu d'échec. Il faut donc revenir aux sources, car malgré les difficultés de la vie à deux, le couple constitue toujours le meilleur style de vie et la meilleure garantie de bonheur à long terme. Les gens mariés et heureux ont une espérance de vie augmentée de quatre ans et sont moins souvent malades que les célibataires. Les enfants de mariage stable sont mieux adaptés et réussissent mieux à l'école... A vous de choisir...