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Harcèlement sexuel dans le monde du travail : Le silence assourdissant
NOTRE EPOQUE
Publié dans Le Temps le 25 - 05 - 2009

Combien ils sont nombreux les tabous dans notre société ? Et combien ils ont l'écorce dure ? A chaque fois que vous les écorcez, ils s'endurcissent encore plus. Quoi que vous fassiez, ils vous tiennent tête, et quelles que soient votre hargne et votre détermination pour en venir à bout, vous ne réussissez pas à les secouer, à vous en débarrasser,
ils s'éclipsent pour un moment, plient devant les attaques pour se redresser par la suite et revenir encore plus forts. Parmi ces interdits, il y a le harcèlement sexuel dénoncé par plusieurs parties. Mais il s'agit de tentatives limitées et sporadiques essayant d'en finir avec une hypocrisie sociale qui n'a fait que trop durer, de mettre au grand jour un fléau qui mine notre société. Ces gens audacieux ont eu, au moins, le mérite d'avoir essayé par divers moyens de faire tomber un masque parmi tant d'autres qui nous défigurent et nous rendent méconnaissables même à nous-mêmes et de permettre aux langues de se délier pour exprimer cette colère étouffée depuis des années. Malgré toute leur bonne foi et leur dévouement pour une si belle cause, leur entreprise n'aboutit pas, leur réussite est éphémère, elle dure très peu dans le temps. Le visage hideux de ces vicieux est à peine dévoilé, le scandale est à peine amorcé que les voix sont réprimées,. Ces "hyènes" s'ingénient à réajuster leurs masques, ils en adoptent d'autres plus opaques pour brouiller les pistes et étouffer dans l'œuf l'indignation générale : les bourreaux se mettent dans la peau des victimes, le tabou revient au galop et retrouve son empire, et la schizophrénie sociale continue son bonhomme de chemin.

Les "charognards"
Les victimes de ce crime abominable on les recense dans tous les domaines de la vie professionnelle, à l'usine comme à l'administration, les charognards ne manquent pas, ils les persécutent, les traquent tout le temps. Et les pauvres se retrouvent face à une cruelle alternative : céder à leurs désirs bestiaux ou céder la place à une autre proie qui subira le même sort. Généralement, ils tirent profit de la précarité de l'emploi qui leur livre des filles que le spectre du chômage et de la misère rend dociles. Quelques unes finissent par répondre favorablement aux caprices de leurs supérieurs qui font miroiter la belle carrière et les tentent avec les cadeaux et les autres plaisirs de la vie. On trouve des secrétaires investies de pouvoirs illimités, qui, en leur qualité de maîtresses du patron, intiment des ordres à des cadres ! La plupart du temps, ce traitement favorable dure le temps que dure le désir du maître. Il se débarrasse d'elles quand il est assouvi. Après les avoir élevées au-dessus de leur condition, il les abandonne et les laisse à jamais aigries et déçues.
Néanmoins les victimes du harcèlement ne sont pas seulement les contractuelles, les titulaires le sont au même titre. Si leur travail n'est pas précaire, leur tranquillité l'est, leur titularisation ne leur épargne pas les ennuis de ce genre, elle ne leur procure aucune immunité contre ces abus. Pour ces hommes sans scrupules, le principe est le même. Celles qui sont consentantes accèdent à un rang privilégié, les récalcitrantes sont châtiées, ce qui change c'est la méthode, ils ont la force de s'adapter à toutes les situations, en changeant de terrain, ils changent de procédés. Les blâmes dont ils usent fréquemment sont la baisse de la note administrative, la mutation à un autre poste ou à l'établissement le plus éloigné possible du domicile de l'insoumise. Ces pauvres dames et demoiselles sont impuissantes face à ces charognards qui, au nom du pouvoir dont ils bénéficient, exercent une sorte d'un droit de cuissage que détenaient les seigneurs dans le régime féodal et qui leur permettait de passer la première nuit de noces avec la mariée.
On ne comprend pas les raisons du mouvement de protestation démentant ce fait social très notoire dont personne ne peut contester la présence. A chaque fois qu'on en parle, des organisations et des personnalités crient à la calomnie et à la diffamation, des accusations injustifiées, ne reposant sur aucune preuve plausible. Au contraire, tout dans la réalité milite en faveur de ce fait qu'ils contestent, même les faits divers rapportés par les journaux l'attestent. Les victimes du harcèlement sexuel sont en chair et en os. Elles ne sont pas des êtres fictifs inventés par l'imagination populaire, et les organisations auxquelles elles s'adressent en cas d'abus en savent quelque chose. Ces demandes d'aide, ces cris de détresse restent sans écho, car la partie qu'on dénonce est souveraine, c'est-à-dire intouchable. Ces protestations contre une vérité si évidente sont vraiment incompréhensibles à moins qu'elles ne soient simulées pour mieux faire disparaître dans la tempête du scandale soulevé ces pratiques malsaines et pérenniser ainsi le tabou.

Des marques indélébiles
Ces agressions sont traumatisantes et laissent des marques indélébiles, les victimes en souffrent tout leur vie. Leurs souffrances sont aiguisées par le silence dans lequel elles ensevelissent leur malheur pour éviter les problèmes avec le mari ou la famille. Les choses touchant à l'honneur ne doivent pas être sues par eux, car même si elles sont innocentes leur pudeur en es affectée : l'incident risque de nourrir des soupçons qui peuvent s'ériger en "vérité" Donc dans le gouffre béant et profond de leurs malheurs, fermente un supplice qui, avec le temps, devient de plus en plus lancinant et très difficile à subir. Leur vie se transforme en enfer. Elles arrivent à un point où la mort serait souhaitée, où celle-ci serait vue comme un salut, l'unique moyen de se libérer de ces tourments qui les poursuivent même dans les rêves devenus de vrais cauchemars, elles deviennent obsédées par l'image de leur disgrâce.
Toutefois cette option tardive peut se manifester plus tôt chez des filles ayant perdu leur virginité. Le monde s'assombrit devant ces victimes, elles plongent dans une obscurité profonde où les vampires les entourant de toute part leur déchiquètent la chair meurtrie avec leurs dents aiguisées et leur sucent la vie. La mort se campe sous leurs yeux et leur tend la main, elle vient à la rescousse de ces filles désespérées qui y voient la seule lueur d'espoir, l'espoir d'être sauvées du calvaire qui les consume. Elles ont déshonoré leurs familles en se déshonorant elles-mêmes, alors elles doivent quitter ce monde qu'elles ont " souillé ". La honte d'une fille rejaillit sur toute une famille. C'est le verdict de la loi sociale qui est implacable à l'égard de ces " pécheresses ".


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