Nous écrivions, il y a quelques semaines que le chameau contemplant une dune enveloppée dans le crépuscule du désert avait fait son temps. Maintenant que le secteur du tourisme se complaît dans ce sommeil du juste, telle l'autruche, le chameau enfonce la tête dans le sable. En tout cas, il a toujours bon dos. Jadis symbolique d'un tourisme attractif, le noble chameau du désert incarne tous les anachronismes et les avatars d'un tourisme déclinant, chaotique et comme perdu dans le désert des idées. A chaque fois, il y a un prétexte "providentiel". Une fois c'est la Ghriba, une fois c'est les Tours jumelles et maintenant la récession mondiale: tous les prétextes sont pris à la volée, exploités pour justifier ce recul alors même que les heureux comptables du secteur nous gargarisent de chiffres faussement grimpants des nuitées. Sans nos amis algériens et libyens, on en serait là à calculer les nuitées à l'aide de buchettes. Et, l'ennui c'est que nos spécialistes, nos concepteurs d'un office (l'ONTT) désormais obsolète, refusent d'admettre que le produit touristique manque d'imagination, qu'il est de mauvaise qualité parce que conçu, désormais pour la plupart , par les non-professionnels. Oui, le tourisme tunisien manque de professionnalisme. Il manque de sérieux. Le bradage en est ainsi la conséquence logique dès lors qu'on se résigne à l'impossibilité de réorganiser les hôtels en groupements d'intérêts, seul moyen de contrer la mainmise tentaculaire des Tours Opérateurs. Dans cette logique le "All inclusive" fait figure de cache-misère, de bunker où l'on prend les touristes en otages jusqu'à en faire des claustrophobes . Entre temps, l'Egypte, le Maroc, la Turquie, la Grèce, vont chasser dans la "faune" où notre chameau à nous était jadis conquérant. Le littoral? Le balnéaire? Ils ne manquent nulle part ailleurs. Et, pourtant, le site tunisien regorge d'atouts et de richesses insoupçonnées. Pourquoi nos professionnels ne les exploitent-ils pas? Justement parce qu'ils ne sont pas professionnels.