Aujourd'hui, les parents offrent volontiers une bagnole à leur enfant ou leur fille qui vient de décrocher son bac pour qu'il (elle) se rende à la fac en voiture. Prestige oblige ! Mais avant la fac, il y a d'abord la saison estivale, ses balades en auto et ses sorties nocturnes et bien sûr ses accidents de circulation. La rage de conduire En effet, le fin du fin pour ces jeunes conducteurs qui viennent d'avoir leur permis de conduire, donc sont encore en période de stage, la conduite automobile consiste à rouler vite et souvent en état d'ébriété, faisant fi des signalisations routières et des risques encourus. De plus, l'immaturité, la propension à prendre des risques, le sentiment d'invincibilité et les distractions lors de la conduite sont autant de facteurs qui entraînent des accidents souvent mortels chez ces jeunes conducteurs. On enregistre chaque été une augmentation dans le nombre des accidents mortels parmi les jeunes conducteurs surtout sur les routes des villes côtières qui accaparent plus de 70% de l'ensemble des victimes durant la saison estivale, c'est que ces villes sont les lieux de prédilection pour ces jeunes qui s'y rendent pour l'ambiance et le défoulement. D'autres facteurs entrent dans les causes des accidents de la route qui surviennent pendant la saison estivale, à savoir, l'intensité de l'activité touristique, le retour massif des tunisiens émigrés, les festivités culturelles et le pullulement des fêtes familiales (mariages, fiançailles, anniversaires...), tout cela peut servir de prétexte à un jeune, encore stagiaire en matière de conduite, de se mettre au volant ! Pas mal de jeunes, profitant de l'ambiance survoltée qui règne dans ces occasions, boivent de l'alcool et choisissent de conduire en état d'ivresse, ce qui augmente le risque d'accidents.
Le permis à 18 ans, pourquoi ? La loi autorisant l'octroi du permis de conduire aux jeunes de 18 ans existe bel et bien en Tunisie et elle est en vigueur depuis 2001. Avant cette date, l'âge autorisé à la candidature au permis de conduire était pourtant fixé à 20 ans. La décision de porter cet âge à 18 ans, croit-on savoir, était prise suite à la croissance du nombre des accidents de circulation dus, entre autres, à la conduite sans permis de conduire surtout chez les jeunes de 18 à 20 ans qui ignorent le code de la route. La candidature à partir de 18 ans à l'examen du permis de conduire visait donc, selon la logique des responsables du transport, à réduire le nombre des victimes de circulation sur nos routes, vu la régression du nombre des jeunes conducteurs sans permis. Il valait donc mieux doter ces jeunes d'un permis de conduire que de les laisser user de la voiture sans permis. Comme autre raison pour ce rabattement de deux ans de l'âge autorisant l'octroi d'un permis de conduire, on avançait à l'époque l'argument économique, sachant que la possession d'un permis par un jeune de 18 ans pourrait lui ouvrir les portes du marché de l'emploi. Cette mesure était également justifiée par le fait que la population des conducteurs en Tunisie était devenue vieille et qu'il fallait la rajeunir !
Le rôle des parents Offrir une voiture à son enfant qui vient d'avoir son bac ou un diplôme supérieur est devenu chose courante chez nous. Cela arrive souvent non seulement dans les familles aisées, mais aussi dans pas mal de familles aux ressources modestes. Faute de moyens, certains parents autorisent leurs enfants à user de leurs propres voitures, en récompense à une réussite ou lors d'un mariage ou encore pour sortir avec leurs copains. Si le père refuse, c'est la mère qui consent et inversement. On ne peut rien refuser à un enfant qui vient de réaliser un exploit (une réussite au bac est toujours considérée dans les familles tunisiennes comme une grande prouesse réalisée par l'enfant !), même lui céder sa voiture chaque fois qu'il (elle) en a besoin. Mais avant de le laisser prendre la route, ces parents pensent-ils à le sensibiliser à sa propre sécurité, pensent-ils à le mettre en garde contre les dangers de la route ? Un jeune de 18 ans qui vient d'obtenir son permis de conduire a toujours besoin de conseils et pourquoi pas être accompagné par un adulte, une fois au volant ? L'intervention des parents est indispensable surtout en cette saison estivale où les jeunes, sans être bien expérimentés en conduite automobile, accumulent les sorties et les veillées jusqu'à une heure tardive surtout dans les week-ends. Une collision, un dérapage, une crevaison pourrait survenir à tout moment, surtout en cas d'excès de vitesse, notamment lorsqu'ils écoutent de la musique à tue-tête, bavardent et crient, bougent, chahutent et lancent des cannettes de bière vides et autres objets, ce qui est très fréquent chez nos jeunes. Seuls les parents peuvent avoir une influence sur leur jeune conducteur en lui apprenant à devenir un conducteur prudent et adroit afin de lui éviter les risques de la route et de la mauvaise conduite. Hechmi KHALLADI --------------------------------- Des accidents toujours en hausse La question qui se pose aujourd'hui : a-t-on vraiment limité le nombre d'accidents et de victimes sur nos routes depuis qu'on avait autorisé aux jeunes de 18 ans de prendre le volant ? La réponse est sans doute négative et les statistiques très éloquentes sur ce sujet ! La Tunisie est classée mondialement parmi les pays à grand taux de mortalité due aux accidents de la route. En 2003, les accidents enregistrés révèlent que les jeunes entre 15 et 29 ans représentent 33% des victimes. En 2006, les statistiques de la sécurité routière faisaient état de 10980 accidents de circulation ayant entraîné 1516 décès et 15147 blessés. Ces accidents de circulation ont tendance d'augmenter pendant la saison estivale. Ils sont causés en grande partie par des jeunes. En dépit des programmes de protection routière et des campagnes de sensibilisation aux accidents de circulation organisés par les différents organismes compétents et malgré les effort déployés par l'Etat dans le domaine de l'infrastructure routière et de la sécurité, beaucoup reste à faire surtout au niveau des comportements de certains jeunes au volant. Les slogans lancés partout tout au long des routes, dans les agglomérations comme en dehors des villes ne semblent pas attirer l'attention de certains jeunes qui continuent à se comporter contrairement aux lois et aux principes de la civilité. En moyenne, selon l'Association Tunisienne de la Prévention Routière (ATPR), rien qu'en juillet et août on enregistre chaque année plus de 2000 accidents qui font près de 400 morts et plus de 3000 blessés.. Les principales causes de ces accidents sont l'excès de vitesse et la conduite en état d'ébriété.