Le nul concédé samedi dernier au Nigeria n'a laissé personne indifférent. La déception est visible sur tous les visages à la sortie du stade de Radès et même deux jours après dans la mesure où notre équipe nationale a perdu une belle opportunité de mettre un pied en Afrique du Sud. Notre consultant Abdelmajid Gobantini en est également conscient de cette éventualité. Il nous livre ci-après ses impressions sur le rendement du onze tunisien en général, les satisfactions et déceptions sur le plan des individualités et sur nos chances de terminer ou non en tête de son groupe.
Le Temps : Le football pratiqué était-il à la mesure d'un match aussi important que celui de samedi dernier ? Gobantini : J'aimerais plutôt parler de l'équipe tunisienne dont le volume de jeu fut au-dessous de la moyenne. Les raisons sont nombreuses. Il y a eu certes l'importance du match considéré comme un match à six points mais c'était surtout sans compter avec cette absence d'équilibre entre les trois compartiments de l'équipe. Attendu quand on sait qu'il y a des changements à chaque rencontre qu'elle soit amicale ou officielle. Donc plus de cachet propre et le résultat est là frustrant, décevant.
• Les changements ne peuvent pas expliquer à eux seuls le rendement que vous estimez au-dessous de la moyenne. Dans la mesure où le staff technique est acculé à le faire pour différentes raisons? Je prends le cas de Ben Khalfallah, pourquoi n'a-t-il pas été aligné? Dans lequel cas, il aurait été d'un apport précieux au niveau de l'animation offensive. Si je comprends bien, la Tunisie a joué pour gagner, alors pourquoi aligner trois pivots et laissé Darragi presque totalement isolé. Un dispositif en totale contradiction avec les prétendues convictions de M. Coelho qui, à son arrivée, s'est dit un adepte du 4-3-3. Je suis plus que persuadé que l'équipe a joué avec beaucoup de calcul et de prudence.
• Dans tout cela, il y a sûrement des satisfactions? Heureusement, dans la mesure où le compartiment de la défense a gagné en rigueur et en assise même s'il reste à voir le comportement de cette défense en déplacement face au Nigeria entre autres. Devant, Darragi est en train de gagner en personnalité et c'est formidable pour un jeune de son âge, c'est la dimension internationale dans le sens propre du mot. Ali Zitouni enfin, a été très bon physiquement, il a mis de la pression sur la défense nigériane. Reste à savoir ce qu'il aurait été capable de faire s'il avait été mieux servi.
• Côté déceptions, y en a-t-il eu? Il y a déjà ce niveau bien approximatif que j'ai évoqué. J'ajouterais Chermiti qui manquait terriblement de compétition, c'était visible à l'œil, il ne pouvait donc pas être aligné. Allagui fait partie des déceptions que j'ai relevées. C'est un joueur qui ne "fait pas mal" comme on le dit dans notre jargon footballistique. A moins que les consignes données n'aient réduit son rôle à se limiter à défendre qu'à attaquer. Et là c'est le volet manageriat qui reste à discuter et je préfère ne pas l'aborder.
• Et si l'on portait un jugement sur le Nigéria? Quand je vois qu'un Kanu a encore sa place en équipe nationale du Nigeria. Je me pose bien des questions sur la valeur réelle de cette équipe. Une chose est certaine, ce n'est plus le Nigeria que nous avions connu par le passé. Avec une défense aussi fragile qui a paniqué sur les rares accélérations des nôtres, il y a de quoi regretter amèrement les deux points perdus samedi dernier.
• Comment voyez-vous le reste de notre parcours dans ces éliminatoires? Je reste néanmoins optimiste. Ce sera à quitte ou double, je dirais du 50-50. Je reste persuadé que le Nigeria est prenable même chez lui. Le Kenya a failli surprendre à deux reprises une défense nigériane prenable car passive. D'ici le 5 septembre prochain, le staff technique aura le temps nécessaire pour revoir sa copie. Sans oublier que Jemâa tout comme Chermiti seront opérationnels avec l'espoir de voir Mouihbi retrouver son meilleur niveau. Avec des atouts offensifs Darragi et Ben Khalfallah dans l'animation, nos chances sont réelles pour passer le cap du Nigeria. J'irai plus loin en vous disant qu'un partage des points est largement à notre portée.