L'examen de français au baccalauréat a suscité des observations chez le corps enseignant et, notamment, les professeurs de langue française des classes terminales qui ont trouvé que : " les épreuves de cette année ont illustré encore une fois les balbutiements de l'enseignement en matière d'évaluation de la langue de Voltaire chez nous ". Selon des spécialistes, le choix des textes, la formulation des questions de compréhension et de style, la pertinence des questions de langue et surtout les essais ont heurté aussi bien le bon sens que le bon usage. Le Temps a essayé de récapituler les observations des spécialistes des deux bords. Du côté de quelques inspecteurs, on affirme que ce ne sont pas des erreurs mais, plutôt des différences d'évaluation. " Il ne s'agit pas d'une science fondamentale ", affirment-ils. Du côté des enseignants, et même de quelques autres inspecteurs et conseillers pédagogiques, Les remarques ont porté aussi bien sur les épreuves que sur les corrigés. Ci-contre leurs évaluations :
L'épreuve des scientifiques : L'épreuve : l'examen proposé aux sections scientifiques renferme plein de problèmes aussi bien au niveau du choix du texte qu'à celui des questions. 1) Le choix du texte : le texte de Joël de Rosnay sur les maisons cybernétiques ne peut être intégré que très difficilement dans module " l'homme et la science ". 2) Les questions de compréhension et de style sont mal formulées (" quelles sont-elles ? " " Donnez-en deux. "). Elles imposent également une lecture très particulière. L'emploi du futur n'annonce-t-il pas une autre étape, celle de la maison cybernétique (différente de la maison disposant d'un rudiment de cerveau) et pousse à la paraphrase ? 3) La question de grammaire est difficile et ne présente aucun intérêt réel (subjonctif à la voix passive). 4) Le sujet de l'essai se passe de commentaire "Pensez -vous que travailler chez soi(le télétravail) n'offre que des avantages ? ". Il ne renvoie à aucun contexte possible pour les candidats.
Le corrigé : Les spécialistes trouvent que le corrigé suscite, lui aussi, des remarques : 1) Pour les questions de compréhension, le corrigé propose des indices sur les trois étapes par lesquelles la maison est passée. 2) Les réponses proposées pour la question de style sont loin d'être précises (a-métaphore convient parfaitement aux expressions relevées. b) l'apposition, sans récurrence, est difficile à retenir comme procédé. c) pour le vocabulaire mélioratif, il faut obligatoirement proposer des mots. Ces réponses ne sont pas exhaustives. Il y manque surtout : a)-le champ lexical du progrès (réseau, informations, sécurité, télécommunication, optimiser, planétaire, etc.) b)-l'hyperbole " aux dimensions planétaires ". 3) Pour les questions de langue, le corrigé accorde la moitié de la note au subjonctif à la forme active .Il accorde ainsi la moitié de la note à une réponse totalement fausse. 4) Pour l'essai, le corrigé évite les évidences (travailler chez soi=télétravail) et propose en(N.B) " travailler chez soi peut être interprété comme : à domicile, dans sa région, dans son pays, etc. Sans commentaires !
L'épreuve de la section Lettres L'épreuve : le texte proposé aux candidats de la section lettres est certainement beau et berce les sentiments et la mémoire de beaucoup d'entre nous mais suscite toutefois plusieurs observations : 1) le choix du texte : le texte de Daniel Pennac sur les souvenirs d'une étudiante de son ancien professeur ne se rattache pas facilement au thème " Partage ", du domaine " Vivre ensemble ". 2) les deux questions de compréhension sont banales et la question de style aurait dû porter sur la lecture et non sur la voix (Il n'est pas nécessaire d'avoir une belle voix pour faire une lecture expressive). 3) la première question de langue est ambigüe en présence de l'adverbe " même " alors que le " pourquoi " de la troisième question peut porter sur la forme du plus que parfait " avait été écrit "(avec 3éléments). 4) Le sujet de l'essai " Pensez-vous que, pour les jeunes d'aujourd'hui, la lecture constitue un objet de partage ? " ne renvoie à aucun contexte possible pour les jeunes d'aujourd'hui ni dans un sens ni dans l'autre.
Le corrigé : Le corrigé suscite, lui aussi, des observations : 1) Pour la question de style, il ya beaucoup d'éléments de réponse proposés qui se rapportent au poète (Il était " la caisse de résonance..., l'incarnation du texte, le livre fait homme ") alors que la question porte sur la voix. 2) Pour la première question de langue, le corrigé ne prend nullement en considération l'adverbe " même " qui exprime l'enchérissement (renchérissement). 3) Pour l'essai, le corrigé ne propose que les critères de l'évaluation. Propos recueillis par Mourad SELLAMI