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"L'important c'est de tenir un congrès consensuel" Crise de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH) : Me Abderrahmane Kraïem ex vice président
Après le verdict prononcé le 11 juin par la cour de cassation dans l'affaire de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH) qui annule les décisions du 5ème congrès de la Ligue tenu en octobre 2000 mais charge en même temps le comité directeur de tenir un congrès dans un délai ne dépassant pas un an l'espoir de sortir la Ligue de la crise qui la traverse commence à renaître. Le comité directeur a déclaré qu'il est prêt au dialogue et au compromis pour trouver une solution et préparer un véritable congrès de la réconciliation. Dans ce sens des anciens dirigeants de la LTDH ont commencé à entamer des contacts avec toutes les parties concernées par la crise. L'objectif est de trouver une plate-forme adéquate au dialogue. Pour en savoir plus nous avons invité Me Abderrahmane Kraïem ancien vice-président de la Ligue. Il nous parle ici des solutions possibles pour trouver une issue à cette crise. Interview.
Le Temps : Le verdict de la cour de cassation va-t-il signifier la fin de la crise à la ligue? Me Abderrahmane Kraïem : Après le verdict de la cour de cassation, nous sommes disposés à croire que la fin de la crise qui a bloqué la LTDH depuis presque une décennie est très proche. Ce verdict revêt une importance capitale car il réaffirme la légalité de l'actuel comité directeur, seule structure capable d'assurer la tenue du prochain congrès. Ce verdict est riche en symboles. Il témoigne de l'attachement de toutes les composantes nationales à la ligue comme un acquis. Il consolide chez les militants et défenseurs des droits de l'homme l'idée que la Ligue mérite bien leur soutien. Les premières réactions de certains dirigeants de la LTDH témoignent d'une volonté sérieuse pour sortir de la crise. Ils ne cachent pas leurs dispositions de "tout négocier" même la question des fusions des structures. L'important pour nous c'est que ce verdict donne une nouvelle vie à la ligue et fait en sorte que la LTDH puisse retrouver son rayonnement et rester à jamais un acquis national et l'organisation de tous les défenseurs des droits de l'homme dévoués au-delà de leurs divergences politiques ou leur appartenance partisane à lutter contre les dépassements et à défendre les principes et les droits de tous et consolider ainsi l'état de droit.
Mais pour résoudre véritablement et concrètement la crise. Il faut selon les observateurs un compromis entre les différentes parties? L'assainissement de la situation nécessite plus qu'un compromis. L'important c'est de tenir un congrès consensuel et réussir le processus de déblocage. Pour cela le comité directeur doit au préalable annoncer sa décision de tenir un congrès avec tous les militants de la ligue et avec toutes les sections sans exclusion. Et pour clarifier cette position le comité directeur doit annoncer l'annulation des fusions des sections. Une réunion préparatoire regroupant tous les présidents des sections doit se tenir dans les plus brefs délais afin de dresser la stratégie structurelle et politique du 6ème congrès. Il faut aussi que les anciens dirigeants de la ligue, ses fondateurs et ses amis soutiennent toute démarche légaliste et consensuelle.
Et les pouvoirs publics ont-ils un rôle à jouer pour résoudre la crise? Les relations entre la LTDH et les pouvoirs publics ne peuvent pas et ne doivent pas être conflictuelles. La ligue n'a ni la vocation, ni la mission d'un parti d'opposition, ni celle d'un groupement hostile au régime. Tout en sauvegardant son indépendance, la ligue n'est pas la rivale du pouvoir. Etant à l'écoute des revendications humanitaires, son action se limite à intervenir auprès des pouvoirs publics pour accomplir sa mission de défense et de sauvegarde des libertés fondamentales. De ce fait la ligue a besoin de dialoguer et avoir des relations de confiance afin d'atteindre son objectif de résolution des problèmes humanitaires. La défense des droits de l'homme tend vers la démarche participative et collective plutôt que vers la tension ou la rupture. Dans l'espoir d'atteindre cet objectif de complémentarité entre les pouvoirs publics et les composantes de la société civile on peut envisager la constitution d'un comité de liaison capable de dissiper les points de divergence entre la Ligue et le pouvoir, étant donné que la préparation du congrès nécessite en plus de sa préparation structurelle une préparation politique aussi importante.
Parlons du consensus au sein de la ligue comment fonctionne-t-il? La ligue a toujours fonctionné par le consensus. D'ailleurs lorsque le consensus n'a pas été réalisé au 5ème congrès, la ligue a basculé. Seulement il est bien entendu que la LTDH ne peut pas suivre la même démarche consensuelle lors de sa fondation. Le consensus a été au départ politique. L'entrée à la ligue avait un caractère représentatif de la scène politique. Beaucoup plus que de la scène associative. La ligue regroupait une mosaïque d'appartenances politiques. Le temps de l'action politique au sein de la ligue est révolu. Tous ceux qui veulent faire de la politique partisane doivent assumer leur responsabilité et agir en conséquence. La ligue doit clarifier son présent et tracer son avenir. Le système consensuel doit être révisé. La LTDH doit confirmer son indépendance à l'égard de tous les partis et s'orienter vers des nouveaux horizons loin de toute ingérence ou tutelle. Interview réalisée par Néjib SASSI