- 500.000 asthmatiques en Tunisie mais près de 29 % ne suivent pas leur traitement Tout d'abord, l'asthme est un mot d'origine arabe « Azma » signifiant crise, le nom choisi par Ibnou Sina (Avicenne) pour qualifier cette maladie, comme l'annonce de prime abord, le Pr. Ali Ben Kheder. D'ailleurs, une des préoccupations des médecins arabes est de lui trouver une dénomination utilisable et sans dérivation. C'est une maladie chronique des voies respiratoires qui se traduit par une gêne respiratoire. Le Professeur la qualifie de maladie capricieuse, car elle est différente d'un malade à un autre. Elle est imprévisible. La crise peut venir à tout moment. Elle est évolutive. Elle ne s'arrête pas au moment de la crise. Elle provoque des transformations au niveau du système de conduite respiratoire, avec une diminution du calibre des bronches. Au départ, les médecins se limitaient à la partie contraction musculaire « branchospasme ». L'inflation était oubliée. Par la suite, ils ont inclus l'aspect inflammatoire. Il faut traiter les deux pour combattre l'asthme. Un autre problème se pose avec l'asthme, c'est la rhinite. « Jusqu'à 80% des asthmatiques souffrent de rhinite allergique » affirme le Professeur.
250 mille décès par an « Selon l'Organisation Mondiale de la Santé ( OMS ), l'asthme est maintenant devenu un grave problème de santé publique qui touche plus de 300 millions de personnes. Malgré des avancées très importantes dans les connaissances de la physiopathologie de l'asthme et la disponibilité de traitements efficaces, la morbidité de cette maladie reste très importante même dans les pays les plus développés. » On s'attend à ce que ce chiffre augmente de 100 millions nouveaux cas d'ici 2015. La majorité d'entre eux vivent dans les pays les moins industrialisés. La mortalité causée par l'asthme est de 250 mille patients par an. En Afrique, la moyenne des « siffleurs » est de 10%. En Tunisie la moyenne est de 5%. Ce qui donne 500 mille asthmatiques entre adultes et enfants. On estime à 20% les asthmatiques non contrôlés. Ils consomment 80% des dépenses. Le médicament ne représente que 20% des coûts. Un malade bien traité coûte 476 dinars par an. S'il n'a pas accès au traitement, il va coûter 2120 dinars par an. Le diagnostic se fait au moment de l'entretien avec le malade. Les facteurs déclenchants sont, entre autres, l'infection virale, un effort important, le stress, les allergènes, le tabac...
Malades et médecins ne raisonnent pas de la même manière Le traitement de la maladie n'a pas les mêmes objectifs selon qu'on est médecin ou patient. Le patient veut être guéri avec un traitement simple, sans être gêné et avoir une pratique sportive. Quant au médecin, il vise une qualité de vie normale sans exacerbation. Le malade ne doit pas oublier qu'il s'agit d'une maladie chronique. Il ne doit pas se limiter à la « vente line » qui soulage au moment de la crise, durant quelques minutes, sans la soigner. Il doit continuer à prendre son traitement. Si dans les pays émergents la priorité accordée aux maladies non transmissibles est faible, en Tunisie un grand investissement dans ces maladies a été engagé. La prise en charge était très peu structurée en 1991. Depuis 1995, nous nous sommes conformés aux recommandations internationales. Certes, des acquis existent. Des insuffisances, aussi.
La nécessaire sensibilisation En Tunisie, 29,4% des malades ne suivent pas leur traitement. Une insuffisance des connaissances des médecins est constatée. Aux Etats - Unis où la disponibilité des médicaments est totale, l'absentéisme scolaire et professionnel provoqué par l'asthme est très important. 60% des médecins généralistes ne connaissent pas la maladie et 45% ne peuvent pas apprécier sa gravité. En France les médecins affirment que 21% des malades sont contrôlés. Est - ce une fatalité ? Le Pr. Ali Ben Kheder affirme : « Nous avons les médicaments et la connaissance. On a toujours été laxiste avec le malade. Depuis 2003, on tend vers l'exigence. » Une étude à l'échelle mondiale, l'étude GOAL, a montré « qu'en plus du bon contrôle, le contrôle total de l'asthme constitue un objectif atteignable ». En Tunisie, on table sur la mise en place d'un programme national de prise en charge de la maladie. La disponibilité des médicaments est totale. L'accessibilité au traitement s'améliorera avec la CNAM. Mme le Pr. Hend Bouacha considère que parmi les cas observés en Tunisie, « la majorité ne sont pas sévères ». Toutefois de grandes campagnes de sensibilisation sont nécessaires.