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La séparation syndicat / parti politique ; la connexion puis l'inter-connexion
Colloque - Le mouvement syndical dans les mines de Gafsa (1936-1956).
Publié dans Le Temps le 16 - 03 - 2007


* Conjoncture difficile
* Confrontation du capitalisme à la mentalité tribale
Un colloque s'est tenu, mercredi 14 février 2007, au siège de l'institut du mouvement national à la Kasbah et auquel avaient assisté nombreux, des professeurs, chercheurs et autres personnalités qui y ont pris part, pour faire part de leurs points de vue et leurs critiques.
Le réalisateur de ce travail sur le mouvement syndical à Gafsa depuis 1936, le professeur Hfaïedh Tabbabi a surtout insisté sur cette difficile confrontation entre le capitalisme étranger et l'esprit tribal qui faisait loi dans cette région.
Le professeur Ali Mahjoubi qui a dirigé le travail n'a pas manqué en le présentant de faire part de ses remarques personnelles notamment en ce qui concerne cette nuance entre l'action sociale et l'action politique, qu'une analyse scientifique des faits historiques ne doit pas négliger.

L'année 1936 était cruciale en Tunisie étant donné la conjoncture économique sociale et politique de l'époque.
La crise économique mondiale de 1929 avait commencé à se ressentir en Tunisie dès 1932 pour que la situation empirât de plus en plus.
Les conditions climatiques qui présentaient un état de sécheresse ajoutant à la catastrophe, avaient engendré une pénurie de céréales en 1936 qui étaient remplacées par le riz importé au prix exorbitant.
Cette année fut donc appelée pour cette raison l'année du riz restant dans la mémoire collective et exprimant une crise qui avait atteint son paroxysme.
La classe ouvrière était défavorisée et le secteur minier était celui où les travailleurs furent les plus exploités.

Les forçats de la mine
Dans un article paru dans l'action, le militant et homme politique, Hédi Nouira parlait des forçats de la mine en parlant des mineurs.
La région minière de Gafsa, notamment à M'dhilla et Redeyef était une région assez particulière car c'était la mentalité tribale qui l'emportait, les tribus étaient confrontées à cet amalgame de personnes d'origines différentes (européens, libyens, maltais, turcs) venues travailler dans les mines.
Des entreprises économiques modernes étaient installées dans un milieu rural dont l'économie était fondée sur la culture et l'élevage d'ovins et de bovins.
Cette économie capitaliste s'était imposée par l'effet du colonialisme. Comment les travailleurs allaient-ils prendre conscience de leur situation d'hommes exploités par les patrons, c'est à dire les capitalistes ?
En d'autres termes, comment l'action syndicale dans cette région s'était-elle développée ?
D'où le travail réalisé par M. Hfaïedh Tabbebi, maître assistant et chercheur à l'institut de l'histoire du mouvement national, une thèse de doctorat intitulée.
Le mouvement syndical dans les mines de Gafsa.

Montesquieu : "On peut mourir pour sa patrie, mais on ne doit pas mentir pour elle"
Le Professeur, Ali Mahjoubi, qui avait dirigé cette thèse, a fait remarquer lors de son intervention que ce travail était assez délicat surtout quant au choix de la documentation s'y rapportant, afin d'être le plus objectif possible. Cela donc a nécessité un travail rigoureux, pour écarter tous les documents entachés de subjectivité ou de parti pris.
Il s'agissait donc de recueillir ce qui était fiable et proche de la vérité.
Dans les journaux il fallait choisir les moins conditionnés et les plus dignes de confiance.
Emile Zola qui était lui-même journaliste écrivait à ce propos :
"Il y a ceux qui s'achètent et ceux qui sont incorruptibles c'est-à-dire ceux qui s'achètent rarement et à des prix élevés".
De toutes façons on ne doit pas mentir à sa patrie comme disait Montesquieu.
"On peut mourir pour sa patrie mais on ne doit mentir pour elle".
Par ailleurs, il y a également les documents administratifs dont notamment les rapports du contrôleur civil au Résident général ou ceux de celui-ci adressés à son ministre des Affaires étrangères. Ces documents sont évidemment entachés de subjectivité, décrivant les événements d'un point de vue colonialiste.
Enfin il y a les témoignages de certaines personnes qui étaient marquées par ces événements et qui les ont transmis à d'autres personnes ; c'est par cette transmission qu'il peut y avoir déformation ou exagération des faits.
Le travail a consisté donc à être le plus méticuleux possible afin de ne garder que tout ce qui peut être digne de foi.

Le syndicalisme : Action sociale ou politique ?
Le professeur Ali Mahjoubi, en fait une analyse scientifique de l'histoire du mouvement syndical en Tunisie :
Les syndicalistes dont notamment Mohamed Ali El Hammi et Farhat Hached, menaient une action sociale pour la défense des travailleurs et l'amélioration de leur condition.
Mohamed Ali El Hammi, avait commencé par vouloir instituer en 1924 des coopératives de consommation permettant aux travailleurs de moins dépenser et payer moins cher.
Il avait également appelé à la constitution d'une confédération des travailleurs qui défendrait leurs intérêts. Il n'avait pas appelé à l'indépendance du pays.
Farhat Hached avait été tout d'abord avec Bouzanquet le chef de la CGT pour appeler à ses côtés à l'amélioration des conditions de travail.
Ce n'était que par la suite, quand il était devenu une figure de proue du syndicalisme tunisienne depuis les années 1951, qu'il commença également à mener une acte politique aux côtés des autres militants.

Syndicat courroie de transmission du parti ?
En réalité ni Mohamed Ali, ni Gnaoui, ni Farhat Hached n'étaient pour la dépendance ou l'inféodation du syndicat à un parti politique.
Mohamed Ali ne put s'entendre avec l'ancien parti du Destour, Gnaoui qui appartenait au Néo Destour avait fini par s'en séparer lorsqu'il entra en différend avec certains de ses membres, en voulant instituer à nouveau un syndicat libre, la CGTT préconisé au départ par Mohamed Ali El Hammi.
Toutefois, l'action sociale et l'action politique interfèrent dans le sens de l'intérêt national.
La preuve est que le mouvement syndical en Tunisie était devenu de plus en plus un mouvement politique pour la libération du pays du joug du colonialisme.

La prise de conscience des mineurs de Gafsa
Le professeur Hfaïedh Tababi, insistait sur les liens solides qui existaient entre les tribus de cette région et qui n'avaient pas été rompus malgré l'installation d'un nouveau système économique. L'amalgame existant parmi les travailleurs qui étaient de plusieurs origines avait créé un prolétariat divisé et affaibli par les tensions et les différences de mentalités existant entre eux.
Les mineurs tunisiens essayaient d'être de plus en plus unis et prenaient conscience de leur situation.
Après des tentatives de soulèvements ouvriers avortées en 1920 et de syndicalisation en 1924 avec M'hamed Ali échouées, en 1936 furent créés des syndicats miniers sous l'égide de Jacques Grimaldi après des manifestations et des réunions ouvrières, notamment à Metlaoui, Rdayef, Mdhilla, Om Laarayess.
3000 mineurs y avaient adhéré, d'où l'institution du premier bureau syndical dans la région (CGT).
De ce fait, le décret du 16 novembre 1932 permettait aux seuls Français ou sujets français d'avoir des responsabilités syndicales.
Par ailleurs les conditions de travail dans les mines ont favorisé cette prise de conscience des mineurs qui adhéraient en masse au syndicat.

Nouvelle idéologie favorisant l'intérêt de classe sur l'intérêt national ?
C'était le discours syndical qui incitait la classe ouvrière à défendre cette idéologie sans toutefois que celle-ci ne put prospérer, car au fil des années, comme on l'avait constaté, les militants nationaux se sont joints aux militants syndicaux, pour un intérêt commun, l'intérêt national qui était à l'époque celui de la libération du pays.
C'est dans cette conjoncture qu'avaient eu lieu les événements ouvriers à la région de Gafsa.


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