Le principe fédérateur de l'harmonie sociale, de la modération et de la tolérance dans notre pays repose sur l'intégration des jeunes dans la dynamique socio-économique. Il est un fait indéniable : parmi les premiers grands chantiers du changement figurait et figure toujours l'emploi. La lutte contre la précarité, contre l'analphabétisme et la pauvreté est la meilleure réponse aux tentations obscurantistes. On sait que tous les intégrismes recrutent les âmes égarées, et principalement auprès d'une jeunesse en proie à un doute identitaire. Or plutôt que de parler de dérives religieuses contre laquelle notre pays a su ériger des digues - et particulièrement lors des années 90 alors qu'à nos frontières la poussée obscurantiste prenait des proportions sanguinaires - il serait plus cohérent de parler de troubles du comportement dont les mécanismes déclencheurs sont actionnés de l'extérieur. Gibrane, Taha Hussein et Jean Daniel s'interrogent, chacun selon ses schémas de pensée, et ses déterminismes culturels sur le dogme. C'est "lorsque les églises ou les mosquées sont pleines qu'il convient, selon eux, de s'interroger sur le dogme. Ils s'accordent, vous l'aurez note, sur l'utilisation du mot "dogme" et qu'on peut aisément mettre au pluriel sans en altérer l'unicité. Les phénomènes déclencheurs viennent soit d'une fascination subie face au discours somme toute fallacieux des "Djihadistes" néanmoins passés de mode aujourd'hui parce que l'institutionnalisation des partis religieux très politisés et armés pour la lutte contre Israël (le Hezbollah et le Hamas), ranime un nouvel "idéal" chez les jeunes arabes et musulmans. Mais cela reste quand même limité dans le temps et dans l'espace. Pour leur malheur, le malheur des "théoriciens" des spécialistes de l'embrigadement ce n'est toujours qu'un effet de mode, un phénomène d'époque et les jeunes égarés s'en détachent très vite parce que la médiatisation sur les chaînes satellites arabes où les barbus prédicateurs réinventent une religion inquisitoire et rédemptrice, finit par révéler elle-même ses propres limites, limites qui sont justement dans ses outrances. Cela dit la recette tunisienne reste la plus sûre. Si le Chef de l'Etat fait de l'emploi la priorité absolue c'est parce que cela relève des droits de l'homme économiques garants de stabilité sociale. Il n'empêche : l'endoctrinement n'est pas forcément généré par le chômage et les problèmes socio-économiques. Mais 68 a eu lieu parce que la jeunesse s'ennuyait et que les Français ne savaient pas trop comment se partager les dividendes de la croissance. On se suicide en Suède à cause d'un confort social devenu asphyxiant. Dans les années 70, au campus, à Tunis, les marxistes, les perspectivistes et les PS Distes transformaient l'université en une immense arène idéologique. Comment préserver et protéger nos jeunes contre les dérives qu'elles soient religieuses ou libertines? En les responsabilisant et en leur expliquant que la recherche identitaire ne saurait puiser dans les modèles importés.