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Une Euroméditerranée de paix, de dialogue interculturel et de progrès partagé, c'est possible Appel à l'occasion de la 3e session ordinaire de l'Assemblée parlementaire euroméditerranéenne
L'Euroméditerranée que nous ambitionnons de construire dispose, en ce début de 21ème siècle, des ressources humaines, financières et culturelles nécessaires pour démontrer que la violence dans les relations internationales n'est pas une fatalité, et que les crises actuelles, pour délicates qu'elles soient , peuvent être surmontées. En concluant, en novembre 1995 à Barcelone, le processus éponyme qui allait donner naissance au Partenariat euroméditerranéen, les Etats de la rive Nord et Sud de la mer Méditerranée, avaient introduit au sein des relations internationales de l'après confrontation Est-Ouest, une nouvelle donne jusque-là marginale : le dialogue des cultures , la tolérance et la solidarité. Douze années après cet accord historique, les objectifs proclamés, à savoir : créer une aire commune de paix et de stabilité, grâce au dialogue politique et de sécurité, une zone de co-développement et de prospérité partagés par le biais de la coopération économique et financière, ou encore développer le capital humain grâce à la coopération culturelle et scientifique restent, pour l'essentiel, à réaliser. Il convient alors, pour ce faire, de revenir aux principes originels, en refondant le partenariat Euromed sur les valeurs de l'humanisme que constituent , entre autres, la tolérance et le dialogue entre les cultures et les civilisations. Au Moyen Orient, il est urgent de parvenir à une solution définitive, juste et équitable du problème palestinien qui rend difficile la construction d'un espace commun de paix et de sécurité pour tous les peuples de la région. Dans l'espace Euromed, des solutions concertées et humaines à la question des migrations s'imposent comme une urgente nécessité, afin que Euromed ne se limite pas à promouvoir la libre circulation des marchandises et des capitaux, mais soit aussi un espace de libre circulation des personnes dont la mobilité est essentiel au développement des relations humaines et de la compréhension mutuelle entre peuples de la région. Le dialogue des cultures apparaît aujourd'hui plus que jamais, comme une nécessité absolue, un devoir humain et une condition sine qua none à la réalisation des objectifs de coopération pacifique et d'intégration humaine de l'Euromed et ce, pour au moins deux raisons : la première tient à la contribution éminente du dialogue, en aidant à surmonter les blocages et les équivoques nés des préjugés et des ressentiments qui ont pu s'accumuler dans la mémoire collective des peuples, au fil des âges. On ne peut , en effet, parler de dialogue avec l'Autre, qu'à partir du moment où on le respecte tel qu'il est, avec ses différences. La deuxième raison du caractère primordial du dialogue des cultures tient au contexte géopolitique particulier qui est celui de l'Euroméditerranée. Dans une aire secouée par les extrémismes politiques et religieux qui tendent à embrigader les populations, le Partenariat Euromed fournit un cadre idéal pour donner un visage concret au dialogue des civilisations et faire mentir les chantres du clash Orient-Occident. Un dialogue efficient des cultures suppose la tolérance, comprise comme la capacité de l'individu ou du groupe social à accepter l'Autre, sans chercher à l'acculturer. Les différences sont une chance pour l'Euroméditerranée, qui se doit de les préserver et non de les gommer, tant la diversité des opinions, des idées et des croyances est essentielle au dynamisme de la région et au pluralisme démocratique. Au moment où l'Assemblée parlementaire euroméditerranéenne se réunit en Tunisie, le moment est sans doute opportun pour rappeler l'actualité de la Charte de Carthage sur la tolérance en Méditerranée, l'un des textes fondamentaux avant-coureurs du processus de Barcelone. Prenant acte des mutations de la société internationale et de ses implications dans l'image que chacun se fait de l'Autre, la Charte appelait à ériger la tolérance en « principe universel, en idéal éthique et politique », et affirmait que « l'éducation à la tolérance doit être considérée comme un impératif urgent et c'est pourquoi il est nécessaire d'œuvrer à promouvoir une pédagogie de la tolérance qui, systématique et rationnelle, doit s'attaquer aux sources culturelles, sociales, économiques et politiques de l'intolérance, racine majeure de toutes les violences et forme majeure de l'exclusion ». La tenue de la troisième session ordinaire de l'APEM en Tunisie sonne ainsi comme un retour aux sources de l'humanisme euroméditerranéen. Sur cette terre de tolérance et de solidarité qui a enfanté et intégré diverses civilisations à travers son histoire trois fois millénaire, les parlementaires euroméditeranéens devront donner un nouvel élan au dialogue interculturel en promouvant les valeurs de tolérance et de respect de l'Autre, essentielles à la polyphonie du monde et au destin de la Méditerranée. Dans cette optique, c'est peu dire que le rôle des intellectuels, des penseurs, des médias et des sociétés civiles, sera capital. A une époque où les possibilités de communiquer sont aussi inouïes que les capacités à transformer des outils de communication en instruments de propagande meurtrière, de violence et de haine entre les peuples, imposer la diversité des opinions et la libre circulation des idées contre les mouvements totalitaires et terroristes qui ambitionnent d'instaurer la dictature théocratique devrait être l'affaire de tous et de chacun.