Il y a près de dix jours nous mettions le combat féministe en perspective. En l'occurrence, (nous n'inventions rien) l'affrontement entre Nahdhaouies et femmes libérales devenait irréversible. Inévitable. Fatal même. Les Nahdhaouies se devaient historiquement de monter au créneau : il n'y a pas que les hommes qui aient souffert. Elles ont à la limite souffert plus, puisqu'en ces sinistres années de braise, elles étaient, elles aussi, incarcérées, traquées, marginalisées et honnies par une société sur laquelle s'exerçait l'emprise policière. Elles sont donc en droit de réclamer que justice leur soit rendue et que réparation soit faite. Or pourquoi demandent-elles à ce qu'elles ne soient pas oubliées dans l'Histoire qu'on est en train de réécrire ? Précisément parce qu'elles savent que ce sont toujours les triomphateurs ou tout simplement les gagnants qui réécrivent l'Histoire. Et dans cette nouvelle dialectique, ce sont les leurs qui la réécriront. Quand elles demandent à ne pas être oubliées c'est bien aux hommes nahdhaouis qu'elles s'adressent, pas tant dans un relent de victimisation, ni de complainte et encore moins dans une demande d'affliction, mais de peur que les démons misogynes, accompagnant les mouvances religieuses, ne les laissent au bord de la route ou ne les excluent de toute la dynamique islamiste. Dilemme cornélien au demeurant. Et si le péril pour les femmes nahdhaouies ne venait pas des rugissements vociférants des libérales ? Cheikh Rached ne le cache pas : quelque part, il se méfie du voile, du niqab et, donc, de l'hypocrisie. Et sans être tartuffien, il serait tenté de leur dire : « cachez moi ce voile que je ne saurais voir » !