Cette année, l'été des vacanciers sera plus court que d'habitude. Ramadan qui se profile et les orages de cette fin de semaine ont précipité le retour chez elles de nombreuses familles tunisiennes habituées à louer pour plus longtemps leur séjour en bord de mer. Une amie sahélienne qui, chaque été, met en location quelques-unes de ses propriétés immobilières nous a confié que la plupart des estivants n'ont loué cette saison que pour le mois de juillet. D'autres se sont contenté d'une quinzaine de jours à partir du 1er août. Un enseignant du Nord-ouest, familier des plages de Bizerte, nous a appris qu'il n'était pas le seul vacancier à y préparer aussi prématurément le retour à la ville natale.
Les Maghrébins Nos amis libyens et algériens prendront sans doute bientôt la route vers leurs pays respectifs, à moins qu'ils ne veuillent voir comment se passe le mois saint sous nos cieux, ce qui est peu probable dans la mesure où Ramadan est à quelques détails près vécu de la même manière par tous les Musulmans où qu'ils se trouvent. C'est donc une moitié d'été qui a été accordée cette année aux Tunisiens lesquels supportent mal de passer le mois du jeûne en dehors de chez eux. Pourvu que les salaires soient versés quelques jours plus tôt que d'habitude, autrement les grands achats relatifs à cette occasion sacrée seront différés de quelques jours. L'été aura eu raison, bien sûr, de la mensualité de juin et certainement des dettes contractées en juillet et début août. Au final, l'avènement de Ramadan coïncidera fatalement avec l'épuisement de tous les revenus et de tous les budgets-vacances. Les derniers soldes ont sans doute achevé de vider toutes les poches. C'est devenu, depuis des années maintenant, le casse-tête le plus prévisible et paradoxalement le moins stressant pour nos concitoyens. En attendant de percevoir leurs paies, ces derniers s'en remettent au destin et à leur imagination débordante pour s'acquitter des premières dépenses occasionnées par Ramadan.
Le jeûne total ? Pour ce qui est du temps qui s'est quelque peu gâté ces derniers jours, on souhaite qu'il le fasse plus souvent pendant le jeûne. Mais la crainte persiste que la canicule reprenne de plus belle après ce soudain rafraîchissement de l'atmosphère. Il n'est pas exclu en effet, puisque c'est arrivé par le passé, que la température atteigne des pics inhabituels à la mi-août. Toujours est-il que les précipitations de cette semaine font des heureux parmi les agriculteurs et surtout parmi les habitants des régions de l'intérieur très éloignées des côtes, zones où beaucoup de jeunes et de moins jeunes passent les trois mois d'été à suffoquer et à prier Dieu qu'il leur accorde un répit de quelques jours frais ou du moins supportables. Leurs vacances à ces Tunisiens-là sont plutôt trop longues et d'autant plus étirées que leurs villes sont presque mortes pendant les journées ramadanesques. Le semblant d'animation qui les caractérise le soir plonge en fait les habitants dans une autre forme de routine tuante. Mais ces chers compatriotes se sont heureusement habitués à toutes sortes de jeûnes et leur abstinence ne les frustre pas que des nourritures " terrestres " !