A l'instar des autres ressources naturelles, le potentiel de la riche hydrique en Tunisie est limité. En effet, les ressources en eau dans notre pays sont évaluées à 4800 millions de m 3 seulement, dont 2700 millions eaux de surface et 2100 millions de m3 eaux souterraines dont 60 % sont renouvelables alors que les 40 % restants constituent des nappes fossiles du sud. Le taux d'exploitation de cette matière vitale est à 87 %. Les chiffres révèlent que la Tunisie assure la sécurité alimentaire à ses citoyens toutefois, le risque de déséquilibre entre l'offre et la demande à l'horizon de 2030 est de mise. L'exploitation des ressources en eau conventionnelle est bien avancée et il est même prévu que la demande de tous les usagers s'approchera de l'offre dans les deux prochaines décennies. Les secteurs de l'industrie et du tourisme seront les principaux consommateurs d'eau en Tunisie d'ici 2030 et ce, au détriment de l'agriculture qui est l'un des piliers de l'économie nationale. La demande des deux premiers secteurs évoluera de 15 % chaque décennie par contre celle d'irrigation régressera pour atteindre les 2035 millions m 3 en 2030 contre 2140 en 2010.
Agriculture d'irrigation Les données du ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques démontrent que l'irrigation consomme 80 % du potentiel de l'eau soit le volume de 2100 millions m3. En fait, la superficie irriguée ne représente que 7 % du total des terres agricoles alors que l'irrigation contribue à 35 % du total de la production en la matière. Le un quart des produits exportés sont également le fruit de l'irrigation. Le ministère de tutelle prévoit ainsi « une confrontation entre les différents secteurs même avec plus d'acuité ». Une pression sera effectuée sur l'agriculture d'irrigation. Une partie de son allocation sera transférée au profit des zones urbaines, de l'industrie et du tourisme. « Le secteur agricole compensera cette pression en ayant recours à des stratégies d'économie et à l'amélioration des performances ». Mais la future démarche se réalisera au détriment des petites agricultures traditionnelles. Elles ne pourront pas en fait résister à cette pression en dépit des subventions allouées par le gouvernement ». A rappeler dans ce cadre que la tarification de l'eau de l'irrigation est subventionnée pour environ 30 %. Elle permet le recouvrement des frais d'exploitation et de maintenance. « Les réformes tarifaires engagées dans le secteur seront poursuivies dans les prochaines années dans l'objectif d'améliorer le taux de recouvrement des coûts de fonctionnement et d'entretien des périmètres irrigués et d'inciter à la préservation et à la valorisation de cette matière », toujours d'après la même source.
Objectifs du millénaire pour le développement Les changements climatiques, la sécheresse et le comportement irresponsable des individus font de sorte que l'eau se fait de plus en plus rare. Les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d'alarme à propos de la question car les gros consommateurs de cette matière précieuse posent un vrai problème à ceux qui en sont démunis. Des milliers de personnes à travers le monde n'ont pas accès à l'eau potable, alors qu'il s'agit du minimum à garantir à cette frange démunie. Dans son 7ème objectif du développement pour le millénaire, les Nations Unies ont considéré que l'environnement durable est un concept très large qui englobe entre autres le droit d'accès à l'eau potable. « Dans les villes et en dehors, des milliards de gens n'ont ni source sûre d'eau potable ni sanitaire. L'élimination de ces obstacles et la solution des autres problèmes écologiques supposent que l'on s'intéresse davantage au sort des populations pauvres et que l'on renforce la coopération mondiale à un niveau sans précédent ». La cible 10 des objectifs du millénaire pour le développement prévoit la réduction de moitié, d'ici 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable. Sept ans nous éloignent de cette échéance mais les pays concernés seront-ils dans la mesure de concrétiser cet objectif ? Les gros consommateurs seront-ils dans la mesure de céder à leurs caprices et penser au sort des gens les plus démunis. Consciente de ce défi, « la Tunisie s'est engagé à opérer un changement stratégique pour développer ses ressources en eau en plus d'une meilleure maîtrise de la demande. La stratégie fondée sera modérée en privilégiant une approche axée sur la gestion de la demande et l'adoption d'un système de planification intégré ». Par ailleurs, plusieurs mesures ont été prises pour sensibiliser les consommateurs quant à l'importance de préserver cette ressource en ayant recours à un comportement responsable. La tarification progressive est notamment parmi les mécanismes utilisés comme mode de gestion de la demande. « Elle prolonge les échéances des investissements, encourage et motive l'économie de l'eau et évite le gaspillage ». Des études ont démontré l'efficacité de cette démarche, dont le fléchissement de la demande. Pour satisfaire la demande en la matière et préserver les ressources, la Tunisie a eu recours à d'autres mesures, notamment, le traitement des eaux usées, l'édification des stations de dessalement d'eau de la mer et des nappes saumâtres, la limitation de l'envasement des barrages, la recharge des nappes souterraines. A cet effet, le volume d'eau de recharge artificielle passera de 70 millions m3 (1996) à 200 millions m3 en 2030 et ce par l'intermédiaire des eaux mobilisées par les barrages et les retenues collinaires. Les efforts déployés à cet égard sont manifestes. Toutefois, serons-nous capables de relever les défis qui se posent dans le domaine avec le changement du comportement du citoyen de plus en plus consommateur même inconscient de l'ampleur du problème qui risque de se poser dans les prochaines décennies ? Les futures générations auront-elles accès à l'eau potables ?