Qui a dit que les consultations médicales à la télé sont gratuites ? Quelle erreur et quelle naïveté que d'y croire ! Le médecin qu'on invite est-il si magnanime pour prodiguer gratis ses conseils hygiéniques, diététiques et cliniques ? Les coups de fil reçus pendant les “rendez-vous “avec le toubib sont ils donnés sur un numéro vert ? Et la part qui revient aux chaînes sur les gains de l'audimat, et l'électricité qu'on consomme une heure durant, et la publicité qu'on fait pour tel ou tel spécialiste ? Mais tout cela n'est rien comparé à l'autre énorme “cadeau” que les télévisions offrent aux médecins et aux cliniques : pendant ce mois de bouffe effrénée, les programmes de toutes les chaînes publiques et privées rivalisent d'ingéniosité. Comment cela, diriez-vous, vous qui êtes chez vous et “consommez” à volonté les programmes culinaires et les spots interminables et innombrables de la réclame ? Que nous mijotent les cuisiniers et cuisinières de la télé ? Apparemment des plats savoureux et excellents pour notre santé ! Or, à lire la liste des ingrédients les plus récurrents et les doses les plus utilisées, c'est tout ensemble le diabète, le mauvais cholestérol et l'hypertension assurés ! Du fromage râpé et en portions à mettre dans toutes les préparations, des œufs sans compter, de la tomate en conserve à gogo, des fritures de toutes sortes, beaucoup de pâtes et de sucreries, du salé sans modération ! Oui, nous n'exagérons rien, l'autre jour, un cordon bleu préparait une lasagne avec trois ou quatre couches de fromage et autant de couches de concentré de tomates ; juste après, elle proposa un deuxième plat pour lequel elle utilisa une vingtaine de petits câpres, quelques olives, de la moutarde, de la mayonnaise et des œufs durs en miettes en plus bien évidemment de la pincée de sel indispensable à toutes nos préparations. Certes, la cuisinière n'imagine pas que les téléspectateurs qui la suivent sont capables d'augmenter les doses recommandées par inadvertance ou délibérément si le nombre des personnes à servir est plus élevé que prévu. Mais, la chef ne précise pas par ailleurs les quantités raisonnables à consommer ni ne recommande la mesure aux consommateurs qui la suivent. Elle ne leur rappelle dans aucune émission qu'il ne faut manger ni trop sucré, ni trop salé, ni trop gras. Pour abonder dans le sens de leurs maîtres queues respectifs, les chaînes programment tous les quarts d'heures des pauses publicitaires pendant lesquelles on abandonne le téléspectateur à ses envies multiples et à ses tentations irrésistibles. Aucune mise en garde contre les abus, aucune prévention des excès. Bien au contraire, implicitement ou explicitement, les spots invitent à consommer sans retenue les produits à promouvoir. N'est-ce pas monsieur le pompier qui, dépêché sur les lieux d'un incendie causé par la gourmandise d'un quadragénaire (ce n'est même pas un teenager ni un enfant de la crèche), se fait inviter à une séance de dégustation improvisée et éminemment risquée ! Dans les autres flashs, on fait de la réclame pour les confiseries les plus désastreuses sur la santé des jeunes et des moins jeunes, pour les coupe-faims qui justement font perdre l'appétit à nos enfants et les empêchent de vivre une croissance saine, pour les fritures, les boissons gazeuses, les faux-jus, les arômes industriels, les pâtes gorgées de sauces tomates. Un de ces spots parle de records sportifs mondiaux désormais à la portée des enfants qui dévorent toutes les portions de fromage que contient une boîte-double ! L'autre vante les mérites d'une boisson gazeuse qui répandrait magiquement la joie de vivre entre les membres de la famille. Le troisième fait détruire tout un immeuble pour convaincre des bienfaits des fibres contenues dans une marque de jus de fruits. Mangez tout à volonté, n'importe quand, n'importe comment, où vous voulez, avec n'importe qui et n'importe quoi ! Conseils télévisuels et le tout “gratuitement”, juste pour “ la bonne cause!