Au moment où tous les Français de confession chrétienne s'apprêtent à célébrer Noël et les festivités de fin d'année, les familles musulmanes vivant en France n'ont qu'une préoccupation : la fête du sacrifice, une fête que l'on aura difficilement à commémorer cette année en raison de la fermeture des abattoirs. L'Aïd al-Idha coïncide cette année avec les fêtes du Nouvel an, le samedi 30 ou le dimanche 31 décembre, ce qui menace d'accroître les difficultés habituelles d'organisation pour l'abattage rituel. Et dans le but de tirer au clair la situation, le Conseil français du culte musulman (CFCM) s'est tenu avant hier à la mosquée de Paris lors d'une réunion extraordinaire présidée par le recteur Dalil Boubakeur. En effet, le constat montre que les conditions ne sont pas réunies pour un déroulement normal du sacrifice rituel 2006" prévu cette année autour du Nouvel An. Pour l'Aïd al-Idha, le CFCM "redoute que le déroulement ne soit gravement perturbé" et "appelle chaque partie concernée à prendre la mesure de la situation et les conséquences qui peuvent en découler". Le CFCM s'inquiète d'"une insuffisance des abattoirs ouverts en raison de la coïncidence entre la fête de l'Aïd al-Idha et celle du Jour de l'An, un risque d'indisponibilité des médecins vétérinaires, des surcoûts de frais imposés à la communauté musulmane de France, des difficultés de mobilisation des services d'ordre, tout ceci étant inégal par ailleurs selon les régions D'ailleurs, les difficultés sont liées à la fermeture de tous les abattoirs en raison des fêtes de fin d'année malgré les réquisitions déposées, au surcoût qui risque de s'ajouter au prix d'achat du mouton en tant que frais exceptionnel d'abattage, et aux normes de sécurité et d'hygiène. En conséquence, le CFCM tient à rappeler les dispositions de la règle musulmane en la matière. Face à ces circonstances difficiles, les musulmans peuvent reporter la date de cet abattage, déléguer à des personnes ou des sacrificateurs digne de foi à l'instar de ce que font les pèlerins à la Mecque, ou encore contribuer à la lutte contre la précarité sociale en offrant la possibilité aux plus démunis d'opérer ce sacrifice en ses lieux et place. Mais l'opinion publique de la communauté musulmane dénonce une volonté implicite de pousser les gens à ne pas pratiquer le sacrifice alors que depuis des années des efforts titanesques ont œuvré pour mettre en place une dynamique pour inciter à aller dans les abattoirs. Selon le bureau central des cultes, 127.000 moutons ont été abattus légalement lors du dernier Aïd dans 178 abattoirs pérennes et 33 temporaires. Un millier de moutons illégalement abattus avaient été découverts. De nombreux abattages clandestins doivent s'ajouter à ces chiffres. Pourtant, depuis quelques mois, des rumeurs spéculent quant à une association musulmane (Hauts-de-Seine) avait conclu un accord avec le Carrefour local pour organiser l'abattage des moutons conformément au rite musulman, une première selon elle dans les préparatifs de l'Aïd, les musulmans résidant restent craintifs : en janvier 2006, les moutons, sacrifiés selon le rite adéquat, n'avaient pu être livrés en début d'Aïd, ils venaient d'Irlande ! Toutes les mesures sanitaires seront contrôlées et respectées conformément à la législation en vigueur", ajoute cet accord. Les réservations ont débuté et l'agneau est proposé à 12,5 euros le kg, soit 200 euros pièce. L'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) avait dénoncé un non-respect du rite et le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait émis une mise en garde. L'Aïd al-Adha commémore l'acceptation par Abraham du sacrifice de son fils Ismaïl. L'animal doit être égorgé et saigné rituellement après la prière de l'Aïd qui se déroule environ 20 minutes après le lever du soleil, suivie d'un prêche de l'Imam.
Merzak El Bekkay, membre du bureau exécutif du CFCM « Un discours paradoxal de l'administration de Sarkozy » « Dans plusieurs régions, très peu d'abattoirs seront ouverts et un surcoût est souvent imposé, allant jusqu'à 80 euros par mouton, ce qui peut faire grimper le prix jusqu'à 280 euros. En effet, cette année le cour du prix de l'agneau pourra s'alourdir. Nous avons même pensé à faire appel à des musulmans pour remplacer les ouvriers autochtones dans les abattoirs, mais faire du bénévolat un jour de fête, ce n'est pas évident de trouver l'effectif nécessaire. De plus, chacun préfère rester chez soi, le cas contraire et être récompensé à la fin de sa mission. Et même si cette hypothèse est mise à exécution, il reste à faire venir les vétérinaires. Ces derniers peuvent exiger le double voire le triple de leurs appointements s'agissant d'un jour férié, un frais alourdissant encore plus le prix de l'agneau. Cette année, toutes les conditions sont réunies pour un abattage clandestin. Bien que le bureau des cultes au ministère de l'Intérieur en France, ne cesse de prôner que l'administration met en place un dialogue permanent pour arriver à aboutir au maximum de solutions pratiques et que les choses doivent se concrétiser par la conciliation plutôt que par la réquisition, la réalité est que, face à ces conditions complexes, la porte est grande ouverte pour commémorer cette fête dans la clandestinité. »