Le Temps-Agences - Le Premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé hier l'envoi de 500 soldats supplémentaires en Afghanistan et appelé ses alliés de l'Otan à l'imiter, alors même que l'hostilité à ce conflit meurtrier ne cesse de croître au Royaume-Uni. "J'ai accepté sur le principe que le nombre de soldats britanniques soit porté à 9.500", contre environ 9.000 actuellement, a expliqué M. Brown lors d'une déclaration devant les députés de retour de vacances estivales. Mais M. Brown, qui depuis des mois réclame un meilleur "partage du fardeau" afghan avec ses alliés de l'Otan, a toutefois assorti cette promesse de trois conditions. Il a réclamé que le gouvernement afghan démontre sa détermination "à fournir les troupes afghanes qui doivent être entraînées et combattre aux côtés de nos forces" et que les unités britanniques dépêchées en Afghanistan soient "totalement équipées", un aspect crucial tant pour les responsables sur le terrain que pour l'opposition conservatrice. Troisième condition: "que notre engagement fasse partie d'une approche concertée au sein de la coalition internationale, avec un effort équitablement partagé par tous les pays". L'envoi de ces renforts porterait le contingent britannique en Afghanistan, le deuxième en nombre derrière les Etats-Unis, à un niveau sans précédent depuis le début de l'intervention alliée contre les talibans en 2001. Interrogé sur l'élection présidentielle contestée du 20 août, M. Brown a reconnu que "personne ne peut être satisfait de ce qui s'est passé" pendant ce scrutin, soulignant notamment "l'importance de la fraude électorale qui semble avoir eu cours". Il a indiqué que le futur vainqueur, que ce soit l'actuel président Hamid Karzaï ou son principal opposant Abdullah Abdullah, devrait s'engager auprès de son pays et de ses alliés, non seulement à renforcer l'armée afghane mais aussi à lutter contre la corruption et à discuter avec les éléments les plus modérés de la rébellion. La promesse d'un renfort de troupes britanniques intervient alors que le président américain Barack Obama a engagé d'intenses négociations sur la nouvelle stratégie américaine en Afghanistan où la situation se dégrade de façon alarmante. Le nouveau prix Nobel de la Paix, pressé par le général Stanley McChrystal d'envoyer des dizaines de milliers de troupes supplémentaires, a promis une réponse dans "les prochaines semaines". Comme son homologue américain, le chef du gouvernement britannique est confronté dans son pays à une hostilité croissante de son opinion publique face à une guerre au bilan humain de plus en plus lourd: 221 soldats britanniques ont trouvé la mort en Afghanistan depuis 2001. Dont 49 pour les seuls mois de juillet, août et septembre. Les pertes ont grimpé depuis le début de l'été et le déclenchement par les forces britanniques et afghanes d'une opération contre les talibans dans la province méridionale du Helmand, où sont déployés l'essentiel des soldats britanniques. Un nouveau sondage, publié hier par le quotidien The Times, révèle que plus d'un tiers des Britanniques (36%) estiment désormais que leurs troupes devraient quitter l'Afghanistan. Ils étaient 29% à le penser mi-septembre.