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«Pour chaque innocent tué, vous vous faites dix ennemis»
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 06 - 2010


Par Hmida BEN ROMDHANE
Il est difficile pour le président d'un pays de la taille et de l'importance des Etats-Unis de laisser un général manquer de respect et tourner en dérision l'équipe présidentielle. En général, l'une des règles de base des systèmes politiques est la soumission de la hiérarchie militaire au pouvoir civil. Quand cette règle est écornée, surtout en temps de guerre, le président est tenu d'agir, et c'est ce que Barack Obama a fait en limogeant le général McChrystal, le commandant des forces alliées en Afghanistan.
Cependant, on peut se demander si le limogeage de ce général est vraiment lié aux quelques commentaires sarcastiques qui lui étaient attribués par le magazine Rolling Stone ? Après tout, le général McChrystal a été convoqué à la Maison-Blanche pour s'expliquer, et non seulement il s'est expliqué, mais il a présenté des excuses publiques. Rien n'interdisait à Obama d'accepter ces excuses, mais il ne l'a pas fait, et il a choisi le limogeage.
Une chose est certaine : si l'establishment américain était content du travail du commandant des forces alliées en Afghanistan, McChrystal n'aurait jamais été viré. Sa gestion de la guerre d'Afghanistan est de plus en plus contestée à Washington et la Maison-Blanche est de plus en plus mal à l'aise avec l'aggravation de la situation sur le terrain afghan. Si Obama l'avait limogé avant, cela aurait été perçu comme une reconnaissance que la guerre était sur le mauvais chemin, ce qui ne manquerait de se répercuter négativement sur le moral des troupes alliées et positivement sur celui des talibans. Il y a lieu de rappeler ici que, il y a juste un an, le général David McKiernan était évincé et remplacé par le général Stanley McChrystal…
Dans ce sens, on peut dire qu'au fond, les commentaires sarcastiques du général McChrystal sont un bienfait pour la Maison-Blanche plutôt qu'une gifle, dans la mesure où ils ont donné le prétexte à Obama de se débarrasser d'un général encombrant, tout en évitant la situation embarrassante qu'aurait causée sa reconnaissance que le choses en Afghanistan vont de mal en pis à un an du début du retrait programmé des troupes américaines.
En effet, la situation en Afghanistan va de mal en pis et s'est dramatiquement aggravée depuis l'arrivée du général McChrystal. Si le nombre des morts parmi les civils afghans a baissé, grâce notamment à la directive de la «retenue courageuse», imposée aux éléments des armées alliées qui ont la gâchette facile, le nombre des morts parmi les soldats de la coalition n'a jamais été aussi élevé. Ce mois de juin est le plus sanglant pour les troupes de l'Otan depuis le déclenchement de la guerre en octobre 2001. Et ces derniers mois, l'intensification des attaques des talibans contre les troupes étrangères est sans précédent, ce qui montre une meilleure organisation de l'insurrection, un armement plus sophistiqué et un moral plus élevé qu'avant l'arrivée de McChrystal.
Des militaires familiers avec le «cercle restreint» du général McChrystal ont commencé à parler anonymement pour dénoncer les «dérives» du commandement des troupes alliées en Afghanistan. Un militaire cité par la presse américaine décrit McChrystal et ses collaborateurs comme étant «un cercle très étroit de gens qui font tout ensemble, y compris se soûler». Une autre source affirme que «McChrystal s'est entouré de béni-oui-oui» et n'hésite pas à expulser de son entourage «quiconque émet des critiques» sur la stratégie suivie.
Il est difficile de juger si ce qui se dit sur McChrystal est vrai ou relève de la médisance, car le chef des forces alliées en Afghanistan s'est fait beaucoup d'ennemis au sein de l'armée et au sein de l'administration Obama pour plusieurs raisons. Ses ordres aux soldats d'appliquer strictement la politique de la «retenue courageuse» ne sont pas du goût de tout le monde. Plusieurs critiques ont été émises, y compris par les soldats pour qui cette «retenue forcée» met leur vie «en danger».
Mais le général McChrystal a fortement réduit aussi les raids aériens dans les zones peuplées de civils et les raids nocturnes contre les maisons afghanes, estimant à juste titre que «tuer les insurgés ne justifie pas l'aliénation des populations locales». De là à faire assumer la responsabilité des revers de l'Otan en Afghanistan à la politique de la «retenue courageuse» de McChrystal, il n'y a qu'un pas que beaucoup ont franchi au Pentagone. On comprend donc que McChrystal compte plus d'amis au sein du gouvernement afghan qu'au sein du gouvernement américain. On comprend aussi la grande consternation qu'a provoquée ce limogeage parmi les responsables afghans, et le grand soulagement parmi les responsables américains.
Mais ce n'est pas tout. McChrystal est pointé du doigt également pour l'échec de l'offensive de Marja, dans la province de Helmand, engagée au printemps dernier, et ayant pour but de «nettoyer» cette ville des insurgés. L'offensive n'a rien nettoyé du tout puisque les talibans sont plus présents que jamais à Marja. Enfin, il est reproché à McChrystal d'avoir ajourné l'offensive prévue cet été contre les talibans dans leur fief, Kandahar.
On voit bien que les choses sont beaucoup plus compliquées que les simples commentaires sarcastiques proférés par le chef des forces alliées en Afghanistan et son «cercle restreint». Quand on sait que les vues du général David Petraeus sur la guerre d'Afghanistan sont plus proches de celles de l'administration Obama que de celles du général Stanley McChrystal, on ne s'étonnera pas des derniers changements opérés par le Président américain et qui, on le voit, ne peuvent pas être motivés simplement par des commentaires un peu sarcastiques publiés par un magazine obscur, inconnu de la plupart des Américains.
Beaucoup d'observateurs prévoient l'annulation par Petraeus de la politique de «la retenue courageuse» imposée par son prédécesseur. Si tel est le cas, il est fort probable que le nombre des morts parmi les civils innocents augmentera dramatiquement. Le nombre des insurgés beaucoup plus encore. Car, même les ennemis de McChrystal ne peuvent honnêtement contester la sagesse de la mise en garde qu'il adressait à ses soldats : «Pour chaque innocent tué, vous vous faites dix ennemis».


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