Ne vous y trompez surtout pas, car il ne s'agit nullement de l'histoire de ces films égyptiens à l'eau de rose, encore moins un de ces romans-fleuves venus du Mexique, de Turquie et d'on ne sait où, mais c'est une histoire, réelle, qui a eu bel et bien pour cadre une de nos cités populaires. Une histoire par ailleurs rocambolesque, mais à retenir tout de même ; peut-être qu'elle servirait de leçon pour certaines gens. Une histoire qui a d'ailleurs commencé par une banale tractation, comme il en arrive très souvent, entre un père de famille nombreuse, originaire d'un patelin du Nord-Ouest, et un couple venu de la capitale chercher une jeune fille destinée aux multiples travaux que l'épouse ne pouvait, ou plutôt ne voulait accomplir. Tout est bien qui finit bien, d'ailleurs, puisque la jeune fille, onze ans à l'époque, allait accompagner le couple, pour faire désormais partie de la famille, d'autant que son géniteur n'a posé aucune condition pour la "céder", son seul souci étant de savoir comment il allait se faire payer à la fin de chaque mois ! Enfin rassuré sur ce point, il a laissé partir la petite, laquelle s'est retrouvée trois heures plus tard dans un nouveau monde. La gamine s'est montrée apparemment très douée. Elle est parvenue en outre à s'adapter rapidement à son nouvel environnement, à son nouveau mode de vie, pour s'intégrer en un temps record et devenir membre à part entière de la famille. Son adoption a été renforcée par la venue, quelque deux mois après son arrivée, par un joli poupon, suivi deux années plus tard par une charmante poupée, auxquels la petite allait servir de nurse. Elle les couva comme leur propre mère, d'autant que leur génitrice, atteinte un peu plus tard d'un mal incurable, était pratiquement forcée de s'en désintéresser. Un mal qui a fini naturellement par la terrasser au bout de quelques années, "léguant" mari et enfants à sa dame de confiance ; un mari par ailleurs quinquagénaire, alors que les enfants avaient respectivement quatorze et douze ans. Demeuré seul, avec deux adolescents sur les bras, le pauvre bonhomme n'a pu tenir longtemps, se décidant au bout d'un peu plus d'un an à repartir du bon pied et se refaire une vie conjugale normale en compagnie d'une femme pouvant, pour le moins, s'occuper des enfants. Finalement, il n'a pas trouvé mieux que leur dame de compagnie afin de camper le rôle de mère. Aussitôt décidé, il n'a pas hésité à matérialiser cette idée, en convolant en justes noces une seconde fois. Il ne savait pas que ce faisant, il était désormais voué à vivre un véritable enfer, coincé il faut le dire entre sa nouvelle épouse et ses enfants, lesquels voyaient d'un mauvais œil ce changement qui a carrément chambardé leur rythme de vie. Il est vrai que les deux petits n'arrivaient pas à se faire à l'idée de voir la "bonne" prendre la place de leur mère, une situation anormale et aberrante qu'ils n'acceptaient nullement, au point de penser combattre de toutes leurs forces l'intrusion de cette usurpatrice ! Se sentant désormais reniée, sinon carrément dénigrée, la jeune femme n'avait plus dès lors d'autre objectif que d'assurer ses arrières, sachant que tôt ou tard la balance pencherait plutôt du côté des deux jeunes gens. Aussi, allait-elle s'emparer, pour commencer, des bijoux de la défunte première épouse, destinés initialement à la fille selon les souhaits de la mère, avant de se tourner vers le coffret où le mari gardait quelques liquidités pour les besoins d'une quelconque urgence. C'est la jeune fille qui a fini par découvrir la disparition des bijoux, ayant en effet pris l'habitude d'y jeter un coup d'œil, imitée tout de suite après par son père découvrant dans la foulée la disparition également de l'argent, une belle somme, s'agissant de pas moins de huit mille dinars, qui se sont littéralement envolés. Leurs soupçons se sont, bien entendu, portés sur la "mère", laquelle n'a pu se dérober, avouant rapidement son forfait. Passée d'ailleurs récemment en jugement, elle a écopé de deux ans de prison ferme. Elle doit par ailleurs une fière chandelle au mari qui a fini par retirer sa plainte...