Lorsqu'un citoyen tunisien d'il y a 20 ans voulait installer un compteur d'eau courante, il n'avait qu'à présenter un dossier faisant état de toutes les pièces demandées et attendait que les employés de la SONEDE viennent chez lui effectuer tous les travaux indispensables pour satisfaire sa demande. Ah ! Nous pouvons dire aujourd'hui que c'était le bon vieux temps, parce que maintenant les choses ont beaucoup changé. La société des eaux délègue à ses abonnés une partie non négligeable des travaux d'installation et ses techniciens ne passent installer les branchements qu'une fois ces travaux effectués. Si vous avez de la chance, un fonctionnaire bienveillant de ladite société vous refilera un schéma d'installation qui montre comment on procède pour que l'opération soit menée « dans les règles de l'art ». L'auteur de cette formule élégante qui figure sur le dessin évoqué doit assurément bien connaître le niveau du français de nos ouvriers maçons et celui de la plupart de nos citoyens. C'est pourquoi à côté de cette tournure recherchée, il emploie deux drôles de conditionnels dans une phrase qui n'en exige aucun : « la SONEDE, écrit-il, ne pourra installer le branchement que si l'abonné : poserait le coffret et le fourreau courbé(...) et ne provoquerait aucun dommage... » !! Les « règles de l'art » ! Passe encore pour la langue dans laquelle est écrit le document dont nous vous livrons une copie ; parce que personne ne garantit que « les règles de l'art » du maçon convoqué par le citoyen correspondent à celles de notre société nationale. Encore faut-il trouver un ouvrier qui veuille vous accomplir cette tâche si délicate. Les agents de la SONEDE trouveront sans doute ce qualificatif (« délicate ») inapproprié pour une opération à leurs yeux extrêmement simple. Mais si elle est facile, comme nous l'a assuré un de ses fonctionnaires, pourquoi s'en être déchargés « au profit » du citoyen ? Une dame d'El Ouardia qui n'a pu dénicher l'ouvrier demandé a contacté cette même agence pour dire à ses fonctionnaires qu'elle était disposée à payer les services d'un ouvrier ou de plusieurs ouvriers de la société. La réponse était catégorique : il est hors de question qu'on réquisitionne le moindre employé pour ce type de travaux. Quelque temps plus tard, elle reçut la visite de techniciens de la SONEDE qui ne voulurent rien comprendre à son explication et lui recommandèrent d'agir le plus rapidement possible. Et dix jours après, un courrier lui parvint de la société des eaux l'informant que son dossier serait classé si elle n'exécutait pas les travaux exigés avant les échéances en vigueur. Paniquée, la malheureuse abonnée contacte de nouveau les services du district dont elle relève ; on l'y a rassurée certes sur son dossier et sur le montant de 200 dinars qu'elle avait déjà payé mais personne ne lui a trouvé de solution quant à la pose du coffret et du fourreau courbée dans le mur de sa clôture. Cette semaine, elle a fait appel à un touche-à-tout pour creuser la brèche demandée et se demande encore si son ouvrier le fera « dans les règles de l'art » ! Manque d'information Autre exemple de ce « largage » des abonnés : lorsque la dame était allé demander si la SONEDE accordait des facilités de paiement pour l'installation d'un nouveau compteur, on lui apprit que la formule existait en effet et on lui remit un tableau sur lequel étaient détaillées les retenues approximatives à payer sans préciser pour chaque paiement le montant de la TVA. C'est seulement un mois plus tard qu'elle en connut fortuitement la valeur : la différence était de plus de 10 dinars. Pourquoi ne l'a-t-on pas informée des taux d'intérêt dès la première fois où elle s'était rendue à la société. Pourquoi, d'autre part, et puisque elle demandait un deuxième compteur, ne lui a-t-on pas évoqué la possibilité d'installer ce qu'ils appellent là-bas, « un compteur divisionnaire » et qui lui revenait à 5 fois moins cher qu'un nouveau compteur indépendant ? En nous informant sur le « compteur divisionnaire », on nous apprit que son installation exigeait une étude préalable et de longs travaux ; puis le fonctionnaire termina par ce verdict solennel : « dans le cas de cette cliente, c'est impossible ! » Alors que ce monsieur ne savait même pas de qui il s'agissait ! Tout ce que nous relatons comme faits dans le présent article est appuyé par des documents qui sortent tout droit des ordinateurs de la SONEDE et les personnes que le papier cite ne sont pas fictives. Loin de nous l'intention de porter atteinte à l'image de notre grande société nationale, mais nous souhaiterions tout simplement qu'elle se rapproche davantage de ses clients et qu'elle les aide à éliminer les difficultés qu'elle est en mesure d'aplanir !