La jeune fille savait a priori que ses parents ne la laisseraient pas sortir le soir pour assister à l'anniversaire d'un ami, mais comme elle y tenait tellement, rien ne pouvait l'arrêter, tant et si bien qu'elle allait ruser afin d'arriver à ses fins. Son subterfuge était pourtant des plus simples, puisqu'elle a annoncé son intention d'aller passer quelques jours auprès de sa tante maternelle. Elle "frappait, de la sorte, deux oiseaux d'une seule pierre", comme on dit souvent chez nous ! Quatre jours durant, elle n'a d'ailleurs pas cessé ses tentatives de convaincre sa cousine à l'accompagner à la fameuse soirée à laquelle elle tenait tant, parvenant en fin de compte à la persuader. Il faut dire que sans ce précieux concours de la nièce, elle n'aurait jamais réussi à avoir l'aval de sa tante, aussi à cheval sur certains principes. En tout cas, le jour "J", au mois de septembre de l'année dernière, les deux jeunes filles furent au rendez-vous, accueillies par ailleurs chaleureusement par le maître de céans, c'est-à-dire le "fêtard", lequel a réservé un accueil "mielleux" à la jeune fille et sa parente. Il est vrai également que l'invitée, de marque manifestement, s'est mise sur ses trente et un, puisque portant à l'occasion ses plus beaux habits. A l'arrivée des deux filles la fête battait déjà son plein, et il y avait plein de monde, de jeunes gens, s'extasier, à se trémousser, ou encore, pour quelques couples à se susurrer certaines choses qui font éclater de rire les filles. Aussi, les deux nouvelles venues, toujours couvées par leur hôte, se sont-elles jetées dans la mêlée. Or quelque temps après, la fille s'est sentie indisposée, donc incapable de poursuivre, priant sa cousine de héler un taxi pour rentrer. Ce qui fut fait, la cousine la ramenant chez elle, avant de rejoindre elle-même le domicile parental. C'est à son arrivée auprès de chez elle, notera-t-elle plus tard dans sa déposition, que la jeune fille fut surprise par deux individus, dont l'un était armé d'un rasoir, et qui l'ont contrainte à les accompagner dans un immeuble proche où ils ont abusé d'elle. L'un des deux agresseurs se retira, tandis que le second l'a obligée à l'accompagner dans une bâtisse en ruine afin de récidiver en la soumettant une nouvelle fois à ses lubies ! Une fois repu, il l'a laissé partir, se montrant paradoxalement assez galant pour la raccompagner jusque devant ses pénates ! Ce n'est que le lendemain que la victime est allée porter plainte, lorsqu'elle a rencontré tout à fait par hasard son tortionnaire, lequel fut interpellé, de même que son complice, avouant tout d'abord leur forfait, avant de se rétracter le jour où ils ont été présentés au juge d'instruction. A l'audience, les deux gaillards ont été ainsi acquittés par la Cour de première instance, mais le parquet allait interjeter appel, étant convaincu de leur culpabilité. Ils ont ainsi comparu de nouveau devant la Cour d'appel, laquelle les a condamnés à cinq ans de prison ferme chacun...