L'été, c'est la période des célébrations de tous genres, de toutes les manifestations. Des mariages, des fiançailles, des circoncisions et autres, tout y passe. On en arrive, même, à fêter des anniversaires, qu'on a souvent oubliés en d'autres temps. L'essentiel, pour nous, c'est de faire la fête, de s'extasier et, bien entendu, de se défouler. Cette année, plus particulièrement, on se bouscule pratiquement au portillon, Ramadan oblige. Le mois saint intervient effectivement au beau milieu de la saison estivale, ce qui explique qu'on s'empresse de liquider les mariages, notamment, qu'on a coutume de laisser de côté pendant les trente jours de jeûne. Aussi, les célébrations des mariages se sont multipliées à un rythme effréné ces derniers temps, la cadence allant crescendo depuis l'arrivée du mois de juillet, expressément au cours des derniers jours de juillet, mais surtout pendant les premiers jours de l'actuel mois d'août. C'est partout, en tout cas, l'effervescence des mariages. Tous les jours de la semaine sont bons, d'ailleurs, pour meubler les soirées, on ne se contente plus du week-end, c'est désormais kif-kif. A la cité Intilaka, comme dans moult petites bourgades du genre, on continue en outre à organiser des fêtes « at home », c'est-à-dire dans le voisinage, essentiellement sur les toits ou même dans des espaces limitrophes, autrement dit en pleine rue, donc en plein public. Souvent, l'ambiance est plus gaie ainsi, plus conviviale également. Mais les dérapages peuvent, sans doute, surgir à n'importe quel moment. Et au moment où on s'y attend le moins. Ce fut le cas récemment quelque part à la cité Intilaka, une agglomération où la population est de plus en plus dense. On y fêtait ce soir-là la pré-nuptiale d'une mariée, communément appelée dans nos contrées « Outia », une manifestation prisée surtout par les femmes. C'est dire que les dames et les jeunes filles des environs, sans compter les amies de la mariée ainsi que ses proches, ont afflué en grand nombre, d'autant qu'on annonçait la participation d'un chanteur populaire, qui a brillé soit dit en passant par son absence. Comme toujours, les convives femmes sont plutôt venues pour se défouler, pour se décarcasser, entendez pour se trémousser, aux sons de la darbouka, mais également pour pratiquer le sport le plus prisé chez nous, celui de la médisance. L'étincelle est venue de là, d'ailleurs, puisque deux jeunes voisines n'ont pas cessé de se regarder en chien de faïence depuis le début de la soirée, attendant apparemment l'une et l'autre le premier faux pas du vis-à-vis afin de répliquer, sinon passer carrément à l'attaque. Il n'a pas fallu longtemps, dans ces conditions, pour que l'occasion se présente, l'une des deux filles annonçant la couleur en tenant à danser en compagnie du frère de la mariée, cependant que la seconde aurait perçu ce geste comme une provocation pure et simple, sachant que celle-ci était pratiquement la fiancée du jeune homme. Aussi, n'est-elle pas allée de main morte puisque se jetant littéralement sur sa rivale l'empoignant d'abord solidement, avant de l'envoyer par terre, prenant ainsi de court tous les présents. La seconde avait cependant des ressources physiques apparemment non soupçonnées, parvenant rapidement à se dégager et réagir violemment en poussant la belligérante pour l'envoyer valdinguer très loin d'elle. Malheureusement, dans sa chute sa tête est allée cogner dans un mur se blessant sérieusement. Mais ce n'était pas fini, dans la mesure où la sœur de cette dernière allait réagir pour sa part en s'attaquant à la rivale de sa frangine à l'aide d'une barre de fer traînant sur les lieux. En tout cas, la fête s'est terminée en queue de poisson, avec l'arrivée des auxiliaires de la justice, alertés par un présent. Les trois filles ont été ainsi embarquées à destination du poste de police de la localité où elles ont subi l'interrogatoire d'usage, après que les deux blessées eurent été acheminées vers un établissement hospitalier…