Nul ne peut nier que les conditions d'hébergement dans certains ou la plupart des foyers universitaires (étatiques et privés) ne sont pas aussi confortables que l'on puisse imaginer. L'incident enregistré dans un foyer privé à Sousse où une étudiante est décédée asphyxiée par le gaz en prenant sa douche le prouve. Malgré les efforts déployés par le ministère de l'Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique et de la Technologie pour améliorer les conditions de vie dans ces cités beaucoup reste à faire. Il s'agit en fait d'une responsabilité partagée entre plusieurs intervenants. Cela s'applique essentiellement au niveau des foyers privés qui ne respectent pas le cahier des charges régissant le secteur. Malgré les décisions prises par les offices des œuvres universitaires afin de mettre terme à ces abus, nombreux sont ceux qui continuent d'accueillir les étudiants illégalement à l'instar du foyer EL Manal à la rue 6272 El Omrane Supérieur. C'est l'un des 29 foyers pour lequel l'Office des Œuvres Universitaires pour le Nord a retiré l'autorisation mais qui continue quand même d'héberger les jeunes étudiantes dans des conditions précaires.
*** « Sois étudiant et tais toi ! » Un problème épineux, l'hébergement universitaire enregistre plusieurs lacunes même dans le secteur privé. Dépassement, non-respect du cahier des charges, tarifs exorbitants en contre partie services médiocres, non respect des normes d'hygiène...Pire encore bien de foyers accueillent toujours des jeunes filles (étudiantes et fonctionnaires) alors qu'ils ne sont pas autorisés d'exercer. Il s'agit notamment du cas du foyer El Manal sis à la rue 6272 à El Omrane Supérieur, où on ne respecte pas les conditions et les dispositions du cahier des charges. Si l'Office des Œuvres Universitaires pour le Nord a dit son dernier mot en ce qui concerne ce foyer, les autorités ayant la prérogative de fermer cet établissement n'ont pas tranché dans les faits. Elles laissent le champ libre au propriétaire d'en faire à sa tête et surtout d'exploiter la précarité des jeunes résidentes.
Ayant pour objectif de ésoudre le problème de l'hébergement universitaire, le ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie a fait appel aux privés. Plusieurs avantages leur ont été accordés depuis 1996. Toutefois, nombreux sont ceux qui ne respectent pas le cahier des charges régissant le secteur. C'est ce qui explique le retrait de licence de 29 foyers sur un total de 61 depuis 2007, dont 12 lors de l'année en cours. Cette décision est prise par l'OOUN qui en train de multiplier les visites de contrôle pour mettre un terme aux dépassements des « professionnels » et d'assurer les conditions d'hébergement idoines pour les 5375 étudiants. En effet, les privés sont tenus de respecter le cahier des charges à la lettre qui a été d'ailleurs révisé deux fois toujours par souci de mieux organiser le secteur. Un arrêté ministériel a été promulgué en juillet 2008. Il détermine notamment les conditions de gestion des ces espaces. L'article 4 stipule que « l'exploitant d'un local destiné à l'hébergement des étudiants doit superviser directement le local ou désigner par écrit un responsable après approbation du ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie ». L'exploitant du local ou le responsable désigné doit assurer plusieurs tâches dont « la tenue des dossiers et des registres relatifs aux étudiants résidents, la garde permanente du local jour et nuit, la propreté nécessaire et la veille à l'application des règles d'hygiène et de sécurité au foyer, etc ».
Normes minimales Toujours dans le même cadre, le cahier des charges définit les normes d'hébergement. En effet, « les locaux destinés à l'hébergement des étudiants doivent comprendre des espaces sanitaires selon les normes minimales à savoir, une douche pour 10 résidents, une toilette pour 8 résidents, un lavabo pour 5 résidents et un ascenseur automatique aux foyers qui comprennent cinq étages au moins conformément aux règlementations en vigueur ». La prévoyance médicale est également nécessaire dans ces espaces et de façon périodique. Les propriétaires sont appelés à conclure des conventions avec des médecins pour des visites périodiques. Ils doivent aussi aménager une salle de soin équipée d'un lit et une armoire contenant les médicaments de base pour les soins d'urgence. Mieux encore, les moyens de prévention nécessaires approuvés par la protection civile sont obligatoires. Mais rares sont ceux qui respectent à la lettre ces consignes.
Et les activités culturelles Ce n'est pas tout. Le cahier des charges impose aux exploitants des foyers d'aménager des espaces de loisirs et d'activité culturelle ainsi qu'une buvette équipée d'un réfrigérateur et d'une unité pour la préparation des boissons chaudes sans oublier l'aménagement d'une unité de cuisine équipée d'une cuisinière, d'un réfrigérateur, d'une table à manger avec chaise et d'un évier à chaque étage à compter 0,5 mètre carré pour chaque étudiant.
Par ailleurs, le décret promulgué en 2003 définit les normes techniques des locaux destinés à héberger les étudiants. Ils doivent avoir l'aération, l'éclairage naturel et électrique, l'eau potable et le chauffage central. Des conditions qui ne sont pas forcément assurées dans quelques foyers, tels que celui d'El Manal à El Omrane Supérieur. Un froid glacial règne dans ce local où il n'existe pas d'éclairage à l'entrée principale et au hall. En fait, le propriétaire se permet d'abuser, car il n'est plus contrôlé par l'OOUN qui a décidé de lui retirer l'autorisation d'exercice et ce, suite à plusieurs dépassements.
Même si le secteur est de mieux en mieux organisé, certains propriétaires ne respectent toujours pas le cahier des charges à la lettre. Ils veulent réaliser des profits financiers sans offrir un service de qualité. C'est ce qui explique notamment les dépassements par rapport aux tarifs d'hébergement qui sont déterminés pour ceux qui ont bénéficié d'avantages fiscaux ou d'indemnités d'investissement (voir encadré).
L'OOUN ne laisse rien au hasard pour offrir les meilleures conditions de vie aux étudiants qui ont opté pour les foyers privés. En revanche, les investisseurs continuent d'imposer leurs règles. S.F
*** Les tarifs
Les tarifs du loyer pour l'hébergement des étudiants aux foyers universitaires qui ont obtenu des avantages (indemnité d'investissement, acquisition d'un terrain au dinar symbolique, acquisition d'un terrain au dinar symbolique et indemnité d'investissement) ou une partie de ces avantages sont soumis à l'approbation préalable des prix et ce comme suit :
A remarquer qu'un foyer universitaire non bénéficiaire des avantages susmentionnés a le droit d'exercer des tarifs libres. S.F
*** Et la sous-traitance Pour satisfaire la demande en matière d'hébergement universitaire, les Offices des Œuvres Universitaires pour le Nord, le Centre et le Sud ont recours à la sous- traitance. Par exemple, celui du Nord est conventionné avec l'Organisation Tunisienne pour l'Education et la Famille qui assure la gestion de cinq foyers à Nabeul et quatre à Béjà. L'office sous-traite également avec les privés au Kef (4 foyers privés), à Bizerte (un foyer), à Jendouba (4 foyers privés à Nabeul (un foyer) et à Béjà (3 foyers). Les étudiants payent les mêmes tarifs appliqués pour l'hébergement étatique, soit 10 dinars par mois, et le reliquat est pris en charge par l'office. Mais des propriétaires fraudeurs facturent des charges supplémentaires aux étudiants notamment ceux qui veulent s'offrir des commodités telles que la télévision ou le réfrigérateur...Il s'agit du cas des foyers sis à Rejiche (gouvernorat de Mahdia). Les sous-traitants n'hésitent pas à exiger des frais pour permettre cela alors qu'il est strictement interdit de facturer le genre de prestations.