Le Temps-Agences - La possibilité de trouver un accord ambitieux contre le réchauffement de la planète semblait s'éloigner hier à la conférence sur le climat de Copenhague, avec des négociations toujours dans l'impasse à la veille de son adoption prévue par près de 120 chefs d'Etat. Les pourparlers achoppent depuis 10 jours sur la répartition des efforts - en termes financiers et d'engagements sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre - destinés à assurer l'objectif affiché: limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2 degrés. Les deux plus grands pollueurs de la planète, Etats-Unis et Chine, s'affrontent notamment sur ce point. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, arrivée sous la neige hier matin dans la capitale danoise, a bien promis une participation financière de son pays à une enveloppe globale de 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour la lutte contre le réchauffement. Mais elle l'a subordonnée à "un accord dans lequel toutes les principales économies engagent des actions significatives de réductions des émissions de gaz à effet de serre", avec des engagements de transparence sur leur mise en oeuvre. Avant précisément d'accuser les grands pays émergents, qui insistent sur des engagements permettant de préserver leur croissance économique, de faire "marche-arrière" sur cette transparence, sans laquelle "nous considérons qu'il ne peut y avoir d'accord". Faisant écho au pessimisme ambiant, le Premier ministre australien, Kevin Rudd, a mis en garde les délégués contre "un triomphe de la forme sur le fond (...) de l'inaction sur l'action". Le pays hôte s'inquiétait lui aussi, tout en assurant "se battre de toutes ses forces pour sortir de l'impasse". "Nous sommes entre les mains des parties. Si celles-ci ne veulent pas d'accord, que faire ?", s'interrogeait un membre de la délégation danoise. Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, elle a souligné avant de partir pour le Danemark que "les nouvelles qui nous parviennent (...) de Copenhague ne sont pas bonnes". Tout en espérant que l'arrivée des dirigeants débloquerait les discussions. Le président américain Barack Obama est attendu aujourd'hui, alors que le président français Nicolas Sarkozy a refusé à "envisager un échec (...) catastrophique. L'inde et la Chine A moins de 48 heures de l'échéance, le Premier ministre indien Manmohan Singh a rappelé que l'Inde n'acceptera pas un traité qui l'empêcherait de sortir des millions de personnes de la pauvreté. Delhi s'est dit prête à réduire l'intensité carbonique de son économie (émission par point de PIB) de 20 à 35% en 2020 par rapport à 2005. "Nous sommes prêts à faire davantage en cas de dispositions crédibles sur le plan financier et technologique", a-t-il assuré. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao, arrivé mercredi dans la capitale danoise, a insisté sur "la détermination" et "la sincérité" de son pays. Premier pollueur de la planète, la Chine n'est pas tenue à des objectifs contraignants de réduction d'émissions par le Protocole de Kyoto, mais s'est engagée à réduire son intensité carbonique de 40 à 45% d'ici à 2020, par rapport à 2005. "Ce n'est pas la négociation dont on rêve du point de vue scientifique", résume le climatologue français Jean Jouzel, vice-président du Groupe international d'experts sur le climat (GIEC). "On est loin du compte", ajoute-t-il à propos des engagements de réduction des émissions des pays riches à l'horizon 2020, sensiblement inférieurs à la fourchette de -25% à -40% recommandée par les scientifiques. "Les deux derniers jours vont être importants, mais on voit bien qu'il y a un certain pessimisme", ajoute-t-il, rappelant l'enjeu: éviter un emballement de la machine climatique, qui marquerait une rupture brutale après quelque 10.000 années d'une grande stabilité du climat sur la Terre. Pour l'ultime journée, un "nombre limité de chefs d'Etat représentant tous les groupes et toutes les régions du monde" se réunira dans la matinée autour du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, selon le programme officiel.