" Votre fille est ensorcelée par quelqu'un qui l'a spirituellement ligotée de manière à l'empêcher à jamais de se marier ". Ce fut par ces mots que s'adressa le charlatan quadragénaire, réputé pour avoir des dons surnaturels, à la mère de la jeune fille de 45 ans, qui fit appel à ses compétences. Vieille fille, elle s'inquiétait de ne pouvoir trouver chaussure à son pied, et souffrait également de troubles nerveux à causes de cette angoisse qui ne la quittait plus. Le guérisseur la rassura ainsi que sa maman de pouvoir trouver la solution adéquate, tant sur le plan psychique que physique. Pour les troubles nerveux, il lui indiqua une potion à base de plusieurs sortes d'herbes et surtout d'ingrédients magiques importés des pays d'Asie mineure ou d'Afrique subsaharienne. Il ne restait plus donc qu'à lui verser les fonds nécessaires afin de se procurer ces produits. Sans rechigner, la mère de la " patiente " lui remit la somme qu'il demanda à cet effet. Le guérisseur commença par servir à la dame quelques potions magiques dans le dessein de calmer ses nerfs, lui affirma-t-il. Mais au fil des jours, la bonne-dame ne vit rien venir et le charlatan soutint qu'il y a encore du travail à faire et que ces traitements apporteront bien leur fruit. Cependant, et afin de s'en sortir, et ne pas perdre la face il eut l'idée diabolique de trouver un homme de paille qui accepterait de se marier pour quelque temps avec la dame dont la patiente commençait à déborder. Il trouva un jeune homme qui accepta de le faire moyennant finances. Le guérisseur annonça la bonne nouvelle à l'intéressée ainsi qu'à sa mère qui en fut ravie. Tellement ravie, qu'elle n'hésita pas à lui donner près de 70 mille dinars en monnaie sonnante et trébuchante. Le jeune homme qui se maria officiellement avec la bonne-dame s'empressa de présenter une procédure de divorce deux semaine après. Le guérisseur roué vint trouver la dame en lui confirmant qu'elle était bel et bien ensorcelée, et que la meilleure preuve était ce divorce impromptu. La bonne dame continuant à le croire insista pour qu'il poursuive les séances de traitements anti-sorcellerie. Mais la mort de la mère de " la patiente ", vint tout chambouler. Les frères furent scandalisés par l'attitude de ce guérisseur, qui à leurs yeux, n'était qu'un escroc. Ils avaient estimé en effet, que leur mère a été manipulée de son vivant par ce guérisseur qui l'avait dupée. Aussi avaient-ils déposé plainte contre lui, en faisant intervenir dans la procédure leur sœur, qui a été manipulée et qui persista à croire aux impostures du guérisseur. Bien plus, ce dernier réclama aux héritiers par voie d'huissier de justice, la somme de 12 mille dinars, qu'il devait à la mère, selon une reconnaissance de dettes qu'il présenta à l'appui de sa demande.
Les héritiers avaient donc déposé une plainte auprès du procureur de la République contre le guérisseur. Inculpé d'escroquerie, ce dernier nia en bloc les faits incriminés, déclarant devant juge d'instruction qu'il n'avait jamais eu recours à ces pratiques et qu'il n'a jamais réclamé d'argent à qui que ce soit. La sœur qui soutenait le guérisseur fut inculpée de complicité.