Ils n'étaient que deux au départ deux jeunes gens issus d'une cité de la banlieue nord de la capitale. Mais ce sont six personnes qui ont passé récemment devant un juge d'instruction pour répondre aux chefs d'accusation de cambriolage, de recel et de complicité. Voyons l'enchaînement chronologique de l'affaire pour prendre connaissance des péripéties en détail. Deux jeunes gens parmi ceux qui n'ont jamais pu faire carrière à n'importe quelle place ; pourtant Dieu sait le nombre d'opportunités qu'ils ont eues. Or ils ne sont jamais parvenus à s'adapter, ou plutôt à se résigner à saisir leur chance et se frayer un chemin dans la vie pour s'assurer une existence décente. Tous deux ont d'ailleurs quitté l'école pratiquement à la même époque, et bien qu'ils soient presque voisins, ils ne se sont connus qu'au moment où ils ont été recrutés par une agence privée spécialisée dans l'électroménager. C'est à partir de ce moment qu'ils ont fait plus amples connaissances, devenant pour ainsi dire inséparables. En tout cas, leurs liens se sont raffermis au point qu'ils n'arrivaient plus à se priver l'un de l'autre. Ce qui explique qu'ils ont fait le même chemin, y compris pour séjourner derrière les barreaux d'une cellule à la suite d'une altercation qui a mal tourné, tous deux se retrouvant finalement accusés d'agression sur un client d'un restaurant où ils ont pu décrocher un poste. Depuis, ce fut la dégringolade et une descente vertigineuse vers les bas-fonds de la délinquance, puis de la criminalité, tout court. D'autant que nos deux jeunes larrons sont devenus des disciples des plus fidèles de Bacchus, ne ratant aucune occasion pour se "désaltérer" le gosier. Mais un train de vie pareil exigeait d'importants pécules. D'où cette descente vers l'enfer et la recherche systématique du "franc" à n'importe quel prix, quitte à courir des risques ! C'est ce qu'ils ont fait en tout cas pour se dépanner à chaque fois que les affaires ne marchent vraiment pas. Résultante logique, d'ailleurs, ils sont allés à trois ou quatre reprises en prison, écopant à chaque fois de trois à six mois de prison. En novembre dernier, ils ont cependant projeté de s'attaquer à un gros morceau, prenant pour cible une des nombreuses villas de la localité de Gammarth. Les deux "associés", tenant toutefois à réussir leur entreprise, ont passé un certain temps à guetter les faits et gestes des habitants, se décidant finalement pour une demeure occupée par un homme d'affaires, dont l'emploi du temps, et surtout ses absences fréquentes, leur permettaient d'agir en toute quiétude. Aussitôt décidés, ils sont passés à l'action. Munis de deux solides barres de fer, de deux couteaux et de deux, indispensables, tournevis, les deux types se sont attaqués à l'habitation, franchissant aisément le mur d'enceinte, avant de manœuvrer du côté de la fenêtre de la cuisine, pour en venir à bout en un tour de main, s'introduisant ainsi sans encombres dans la demeure où ils ont effectué un tour d'horizon. Il s'emparèrent finalement de deux ordinateurs PC, deux téléphones portables, quelques bijoux et d'autres objets de valeurs, avant de mettre les bouts, tout heureux du butin récolté. Etant cependant connus des brigades, ils ont fait appel à un ami pour écouler ce butin, l'ami en question parvenant effectivement à s'en débarrasser en un temps record, d'autant que les prix proposés défiaient toute concurrence. En guise de récompense, il a eu droit à une prime de cent dinars. Or, ce complice fut le premier à être épinglé par les auxiliaires de la justice, au moment où il mettait en vente le dernier lot à écouler. Coincé, il a cependant nié toute implication dans le vol commis, indiquant tout simplement qu'il n'a fait que venir en aide à un ami, autrement dit un des deux cambrioleurs, lesquels ont été appréhendés , de même que les trois personnes qui ont acheté les PC et les portables. Présentés d'ailleurs récemment à un juge d'instruction, il a ordonné la mise en détention des deux principaux protagonistes, tout en laissant les quatre autres complices en liberté pour insuffisance de preuves à leur charge. En attendant bien entendu un complément d'enquête...